Photo Le Quotidien, Tom Core

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JONATHAN CUSTEAU
Le Bourlingueur

Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne

Parce qu’on souhaite parfois semer les foules, parce que les plus beaux cadeaux viennent parfois dans les plus petits écrins, j’ai plongé dans mes carnets de voyage pour vous suggérer dix petites villes ou villages qui m’ont laissé un souvenir impérissable.

Certains diront qu’ils cherchent à sortir des sentiers battus. Mais à trop piétiner le gazon moins battu, l’expression ne veut plus dire grand-chose. Il importe peu qu’on soit le premier ou le dernier à les découvrir, mais ces petites agglomérations ont le charme aveuglant malgré leur taille.

Incapable de hiérarchiser les destinations, je vous entraîne aux quatre coins du monde sans ordre de préférence aucun. J’ai omis volontairement les jolis villages de Toscane ayant fait l’objet d’une chronique plus tôt cet automne.

1

L'Anse-Saint-Jean

Le Québec est ponctué de beaux villages. J’aurais pu être chauvin et vous suggérer Compton ou Knowlton, près de chez moi, mais j’avoue avoir eu un faible pour l’Anse-Saint-Jean, au Saguenay. On sait qu’on est tombé sur un coup de cœur quand on quitte un endroit à regret, qu’on aurait préféré y passer une, dix, quinze journées de plus. C’est qu’on y trouve un calme relatif auquel fait écho la rivière Saguenay.

Son pont couvert, son Belvédère de 1000$ et sa proximité avec le fjord promettent d’en mettre plein la vue. On y est aussi proche de Petit-Saguenay, qui vante ses couchers de soleil, et à distance raisonnable de Sainte-Rose-du-Nord, où il n’est pas vilain de s’égarer non plus. Si seulement la population locale y était un peu plus désagréable, on pourrait lui trouver un défaut, mais elle ne peut s’empêcher d’être gentille comme tout.

Photo Le Quotidien, Jeannot Lévesque

Photo Le Quotidien, Jeannot Lévesque

2

Zarnesti

Énorme coup de cœur en Roumanie, la ronflante petite ville de Zarnesti agit comme point de départ pour une randonnée en montagne ou pour visiter le plus grand sanctuaire d’ours au monde. Excursion facile d’une journée à partir de la charmante Brasov, Zarnesti est plus modeste que ses voisines, Rasnov, connue pour sa forteresse, et Bran, visitée pour «le château de Dracula».

On s’aventure généralement à Zarnesti pour le plein air dans le parc national Piatra Craiului. En montagne, on croisera d’ailleurs des campeurs ayant passé la nuit là ou s’éternisant pour fuir le bruit des villes. On passera aussi une clairière où broutent des moutons, cloche au cou. Le village lui-même, où on circulait parfois encore en charrette quand j’y suis passé, ne vibre pas d’activité. Ses rues plutôt désertes donnent donc tout l’espace pour une promenade sans être importuné.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

3

Seydisfjördur

On a beau n’y compter que 700 habitants, Seydisfjördur se fraie souvent un chemin sur les pellicules photographiques des touristes en Islande. Sa petite église bleue et sa route arc-en-ciel font le bonheur des instagrammeurs. Situé dans les fjords de l’est, il est le port d’attache d’un traversier reliant l’Islande au Danemark, en passant par les îles Féroé. Les bateaux de croisière ont aussi commencé à s’y arrêter.

On y découvrira quelques galeries d’artistes, une architecture norvégienne où le bois domine et quelques chutes d’eau. Les curieux voudront aussi admirer la bétonnée sculpture Tvisöngur. Les cinq dômes minimalistes proposent une expérience acoustique particulière. Au surplus, la vue sur le fjord y est imprenable.

Le reste de l’Islande est évidemment ponctué de nombreux autres villages, tous plus charmants les uns que les autres. Considérez passer la nuit dans une communauté éloignée des centres touristiques. Vous ne serez pas déçus de l’immensité des paysages qui vous envelopperont. Neskaupstadur aura été une autre belle surprise en ce sens.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

4

Pucon

Pucon, au Chili, fait penser à Banff, mais en plus petit. Rapidement, on constate que le volcan Villarica domine la ville, dans le lointain. Il est généralement la raison principale pour s’installer dans cette petite communauté, dont l’économie tourne principalement autour du tourisme. On s’y trouve également sur les rives magnifiques d’un lac qui porte lui aussi le nom de Villarica.

On s’y adonnera donc à des activités nautiques ou à de la randonnée. Des sources thermales ponctuent également la région. On y est loin des spas de luxe, mais on trouve un charme certain à se baigner dans des bassins d’eau complètement naturelle.

Pour les aventuriers et les amateurs de nature, Pucon donnera envie de revoir l’itinéraire et de s’incruster.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

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5

Al Hamra et Misfat

Pour découvrir les petites communautés d’Oman, les touristiques villages d’Al-Hamra et de Misfat sont deux choix populaires. Le premier, au pied des monts Hajar, prend des airs de Vietnam par moments. Son centre moderne compte quelques grandes rues et plusieurs commerces, mais c’est le vieux village, avec ses maisons en briques de terre, qui attire davantage les visiteurs. Ses vieilles maisons de style yéménite sont de plus en plus abandonnées, mais elles font le bonheur des photographes amateurs.

Misfat, tout à côté, offre des hébergements plus modernes, plus chers aussi, au cœur de plantations de dattiers ou dans un oasis. S’il est impossible d’y entrer en voiture, on peut se garer à l’entrée de village pour parcourir le dernier petit bout à pied. Avec une valise, l’ascension vers les hôtels peut provoquer des sueurs.

Qu’on choisisse Al-Hamra ou Misfat, côte à côte de toute façon, on sera avantageusement positionné pour ensuite amorcer une randonnée dans le djebel Shams, le plus haut sommet d’Oman, à 3000 mètres d’altitude.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

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L'Anse-Saint-Jean

L'Anse-Saint-Jean

Zarnesti

Zarnesti

Misfat

Misfat

Pucon

Pucon

Seydisfjördur

Seydisfjördur

6

Zabljak

Déjà, on ne connaît que très peu de choses du Monténégro. Et c’est bien dommage, parce que comme ses voisins des Balkans, il compte des merveilles culturelles et naturelles qui nous éloignent des lieux communs. On aura peut-être déjà entendu parler de sa capitale, Podgorica, ou des jolies et touristiques villes côtières de Kotor et de Budva. Mais ses montagnes, au nord-est, méritent amplement le détour.

Zabljak n’est pas très grand. On s’y croirait dans un village nordique, avec ses maisons coquettes. On s’en sert comme point de départ pour explorer le parc national de Durmitor, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est là qu’on trouve l’équivalent du lac Louise au Monténégro. Pendant qu’on y est, on peut aussi visiter le canyon de Tara, le plus profond d’Europe, pour y faire du rafting, ou encore le survoler en tyrolienne, pour une traversée suspendue de 854 mètres de long.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

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7

Izamal

Au Yucatan et dans Quintana Roo, dans la péninsule de l’est du Mexique, tous les visiteurs finiront par s’arrêter à Cancun, Playa del Carmen, Chichén Itza et probablement Merida. C’est pourtant en sortant des grandes villes qu’on découvrira la vraie culture mexicaine.

À une heure à l’est de Merida, Izamal, toute peinte de jaune, est affublée du titre de Pueblo Magico qu’on donne aux villages pour souligner leur beauté ou leur caractère particulier. À Izamal, on découvrira les restes de plusieurs pyramides précolombiennes, dont on soupçonne aussi la présence sous les nombreuses collines de l’agglomération. La pyramide de Kinin Kak mo a été restaurée et serait la troisième plus large du Yucatan.

Incontournable aussi, le monastère Saint-Antoine de Padoue, qui possèderait la deuxième plus grande cour monastique du monde après Saint-Pierre, à Rome.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

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8

Ella

Ella, au sud du Sri Lanka, est de celles qui étirent un peu le concept des petites villes, avec un peu moins de 50 000 habitants. Touristique pour son pont à neuf arches, elle m’a surtout séduit pour le calme qui nous happe à l’écart des grandes artères. Montagneuse, entourée de plantations de thé, elle s’explore à pied... sur le chemin de fer. Tellement que les vendeurs itinérants s’y plantent désormais pour offrir des glaces ou des rafraîchissements entre les passages des trains.

À Ella, les paysages ondoyants volent la vedette. On y déniche facilement un hébergement en pleine nature où on sirotera son thé au son des oiseaux. Pour décrocher, s’écouter penser, Ella constitue un petit paradis moins populaire que Nuwera Eliya, aussi connue pour ses panoramas montagneux. Les amateurs de randonnée y trouveront Ella Rock et le petit pic d’Adam. On n’y est pas tellement loin non plus du parc national de Horton Plains.

Pour une ville de moins de 100 000 habitants plus urbaine et historique, on optera pour Galle, au sud.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

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9

Kibuye

Au Rwanda, on ne trouvera à faire que de marcher quand on se rend dans un village comme Kibuye. Mais c’est ce qui m’avait séduit dans cette petite communauté de l’ouest du pays, en bordure du lac Kivu. Les routes pour s’y aventurer sont tortueuses et mettent à l’épreuve l’estomac des passagers ayant le transport en horreur. On y débarque aussi par bateau, du lac Kivu justement, en provenance de Gisenyi, plus au nord.

La traversée en bateau, une coque de bois plutôt rudimentaire, laisse suffisamment de temps pour s’imaginer des scénarios catastrophes. Mais on arrive là, à Kibuye, où les enfants nous accueillent avec bonheur. On fait la tournée du village pour visiter l’église Saint-Pierre, un autre témoin du génocide rwandais, ou on se pose sur l'accotement d'une route pour écouter les chants gospels émanant d’un autre lieu de culte.

Pour en apprendre plus sur le génocide, la capitale, Kigali, dispose d’un troublant musée. Moins bien entretenu, mais tout aussi troublant, celui de Murambi, plus au sud, nous place exactement là où plusieurs dizaines d’individus ont été massacrés.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

10

Saint-Bertrand-de-Comminges

Même en sachant bien compter, on risque de s’égarer à énumérer les jolis villages de France. C’est qu’en dehors des Paris, Nantes et autres Lyon, il n’y a à peu près que ça, de jolis villages. Comment choisir? Impossible! Si Cordes-sur-ciel m’a charmé pour son nom poétique et sa topographie qui le fait flotter au-dessus des nuages, j’ai aussi un faible pour Saint-Bertrand-de-Comminges, commune d’à peine 250 âmes.

Situé au sud-ouest de Toulouse, le village est bien campé sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle et compte une énorme cathédrale inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Certains iront jusqu’à dire qu’il s’agit du Mont-Saint-Michel des terres. C’est un peu fort de café, mais on comprend le parallèle.

Le charmant village fortifié peut constituer une base intéressante pour des randonnées ou pour la chasse dans les montagnes environnantes. Pendant qu’on y est, on s’assure de passer par la basilique Saint-Just-de-Valcabrère, construite avec des sarcophages qu’on a vidés et retaillés.

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

Photo La Tribune, Jonathan Custeau

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Izamal

Izamal

Ella

Ella

Le parc de Dormitor, près de Zabljak

Le parc de Dormitor, près de Zabljak

Saint-Bertrand-de-Comminges

Saint-Bertrand-de-Comminges

Kibuye

Kibuye