IAN BUSSIÈRES
ibussieres@lesoleil.com
Je me souviens des fameuses années de COVID-19 où j’avais hâte de dresser une liste des 10 objets de l’année sans qu’aucun ne rappelle la maudite pandémie. J’avoue que je suis un peu dans la même situation maintenant avec un triste sire qu’on voit un peu trop souvent dans les nouvelles (et trop souvent à mon goût dans cette liste, mais que voulez-vous).
Bref, j’ai donc hâte de n’avoir aucun objet qui rappelle Donald Trump. Pour ça par contre, j’imagine que je devrai malheureusement attendre 2028 ou 2029… En attendant, allons-y pour les 10 objets qui ont marqué 2025!
Pour être honnête, j’ignorais tout de cette bébelle avant que mes collègues milléniales Valérie Marcoux et Léa Harvey me disent que je ne pouvais pas faire une liste des objets de l’année sans inclure le Labubu. L’objet en question, un genre de nain en peluche dont le look est un croisement entre Kenny de South Park et une poupée Bout d’Chou, existe depuis… 2015.
Mais la folie a véritablement atteint l’Amérique en 2025. Il faut savoir que l’objet a été porté sous forme de porte-clé sur le sac à main de la chanteuse Lisa, du groupe K-Pop Blackpink, en avril 2024 ce qui a déclenché le raz de marée du côté asiatique. Commercialisés par la compagnie chinoise Pop Mart, les Labubus viennent en 300 formes, ceux de 8 cm se vendant 8$ alors que ceux de 79 cm se vendent 960$. Dans la première moitié de 2025, ces adorables petits monstres ont rapporté près de 5 milliards $ à Pop Mart, soit plus du tiers des revenus de l’entreprise qui appartient au multimilliardaire chinois Ning Wang.
Au lieu du Match des étoiles, la LNH nous a présenté cette année la Confrontation des 4 Nations où les meilleurs joueurs du Canada, des États-Unis, de la Suède et de la Finlande se disputaient les honneurs. Ça ne pouvait mieux tomber avec le Canada et les États-Unis en finale au même moment où le président américain Donald Trump lançait une guerre commerciale avec le Canada et, surtout, sa lubie débile du 51e état. Des Canadiens ont hué, et avec raison, l’hymne national américain et ça s’est tapé sur la gueule «comme dans l’temps d’Eddy Shore». Mais après avoir perdu 3-1 en ronde préliminaire, le magicien McDavid est allé donner la victoire 3-2 à Équipe Canada en grande finale dans un moment dramatique en prolongation. En plein dans les dents de Wayne Gretzky, un bon ami de Trump qui a perdu le respect de plusieurs Canadiens, dont l’auteur de ces lignes, après avoir eu le front d’aller se ranger du côté des Amerloques.
Les habitués des arénas connaissent bien la kiss cam: une caméra qui cherche des couples dans la foule et les invite à s’embrasser pour l’amusement ou l’attendrissement des spectateurs, qui regardent le tout sur le tableau indicateur. Au spectacle de Coldplay au Gillette Stadium de Foxborough le 16 juillet, le truc a cependant mal tourné quand un «couple» a tenté de fuir la caméra plutôt que de se donner un bisou. Le hic, c’est que le monsieur a vite été reconnu comme étant Andy Byron, le PDG d’une compagnie techno, accompagné d’une de ses subalternes, Kristin Cabot. Les deux étaient mariés… à d’autres personnes. Les deux ont quitté leurs emplois quelques jours plus tard, Cabot a divorcé moins d’un mois plus tard et l’épouse de Byron a changé son nom sur les médias sociaux. Plus de 90 millions de personnes auraient visionné la vidéo de l’incident sur TikTok. Morale de cette histoire: soyez fidèles ou, à tout le moins, évitez les amphithéâtres et les stades lors de vos escapades extraconjugales...
En septembre, le Prince William déclarait son amour pour les brownies et son épouse Kate Middleton précisait qu’il était très difficile en ce qui a trait à ce dessert chocolaté. Ce n’est toutefois pas ce type de brownie qui a fait les manchettes au Québec, mais plutôt le billet brun avec la face de Robert Borden qui a été mêlé à la crise qui secoue depuis quelques semaines le Parti libéral du Québec. Des textos rendus publics indiquent que des membres du PLQ auraient reçu un «brownie» (100$) en échange d’un vote pour Pablo Rodriguez lors de la course à la chefferie du parti. Des enquêtes ont été lancées au sein du parti, des poursuites ont été intentées contre des médias, tout ça même si le Directeur général des élections a statué que la pratique d’échanger un don contre un vote, qui est illégale lors d’une élection partielle ou générale, ne l’était pas dans le contexte d’une course à la chefferie.
Là encore, ce n’est pas exactement l’objet auquel on s’attend. Personne n’a pris un repas sur les napperons qui ont fait jaser durant la commission Gallant sur le fiasco SAAQClic de la Société d’assurance automobile du Québec. Dans le jargon gouvernemental, les napperons sont des feuillets d’information contenant des graphiques qui servent à présenter le résumé d’un dossier, son avancement et ses coûts. La commission Gallant aura été catastrophique pour le terme, maintenant officiellement banni par le gouvernement du Québec. Les fonctionnaires québécois doivent maintenant parler de «feuillet d’information» plutôt que de «napperon», un terme qui a été ridiculisé à l’émission Infoman et ailleurs et qui a désormais, dit-on, une connotation négative. Heureusement, vos napperons de cuisine n’ont rien à se reprocher, eux.
Voulez-vous une meilleure preuve que chaque vote compte? On se souvient d’élections dans de petites municipalités, Thetford-Sud en 1994 ou Saint-Fortunat en 1999 par exemple, où la mairie s’était décidée par un seul vote ou encore où il y avait eu égalité. Mais le 23 mars, c’est dans une circonscription fédérale où plus de 60 000 personnes ont voté, Terrebonne, que la libérale Tatiana Auguste l’a emporté avec 23 352 votes contre les 23 351 votes de son adversaire bloquiste Nathalie Sinclair-Desgagné. Un tout petit vote! Je vous épargne tout le brouhaha autour de quatre ou cinq bulletins de vote postaux dont l’adresse de retour était erronée, mais Mme Auguste a finalement été déclarée gagnante. Je ne peux pas croire qu’il n’y avait pas un ou deux bloquistes parmi les quelque 28 000 résidents du comté qui n’ont pas exercé leur droit de vote...
Je ne sais pas vous, mais moi, cette année, je suis passé de «je voudrais bien m’acheter une Tesla» à «faire jouer Disco Inferno des Trammps chaque fois que je vois passer une vidéo d’une Tesla à laquelle quelqu’un a mis le feu». Et je ne suis pas le seul, car les ventes des véhicules électriques de la compagnie d’Elon Musk ont chuté de plus de 40% dans plusieurs pays cette année, dont la France, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas et le Portugal. Au Canada, on parle d’une baisse de 67% et même de 90% au Québec pour le premier trimestre de 2025. La proximité de Musk avec Donald Trump, qui l’avait nommé pour diriger le département d’efficacité gouvernementale, les tarifs douaniers imposés à plusieurs pays par les États-Unis et les lubies d’annexion du Canada, du Groenland et de Panama que Musk appuyait ont amené des protestations et une vague de vandalisme sur les véhicules et les concessionnaires de la compagnie à travers le monde. Pour éviter que soit incendié ou vandalisé leur investissement, des propriétaires de Tesla ont même choisi de retirer le logo de la compagnie maudite de leur véhicule ou d’y installer une affichette indiquant qu’ils l’avaient acheté «avant que Musk perde la tête».
Avec le décès du Pape François, l’impressionnant couvre-chef à trois étages (je sais, je sais, les papes ne portent plus cette tiare depuis Paul VI mais elle existe toujours et elle orne les armoiries et le drapeau du Vatican) n’a pas eu de propriétaire durant 17 jours, le temps que le conclave élise son successeur Léon XIV. Imaginez, il est le premier pape originaire des États-Unis, il a des ancêtres Français et un nom, Robert Francis Prévost, qui pourrait laisser croire qu’il arrive directement des Laurentides! Mais non, il vient de Chicago et, devinez quoi, le lendemain de son élection, l’équipe de baseball des White Sox de Chicago, qui connaissait une saison difficile, a battu les Marlins de Miami 6-2 alors que les Cardinals de St-Louis écrasaient les Nationals de Washington 10-0. Coïncidence? Les White Sox sont l’équipe favorite du nouveau pape qui, comme tous les souverains pontifes, est aussi un Cardinal!
Il y avait plusieurs drôles de personnages lors des manifestations No Kings contre les politiques autoritaires du gouvernement Trump aux États-Unis. Cependant, celle qui semblait présente partout est la fameuse grenouille. La vidéo TikTok d’un type vêtu d’un costume gonflable de grenouille se faisant poivrer par les policiers dans une manif à Portland a lancé le bal. L’homme sous la grenouille, un manifestant du nom de Seth Todd, voulait ainsi montrer les abus des policiers fédéraux contre les manifestants pacifiques comme lui. Et il a réussi. Après plus de deux millions de vues, la vidéo est devenue virale et l’initiative de Todd a fait des petits: comme l’une des plaies d’Égypte, les batraciens sont maintenant présents en grand nombre dans toutes les manifestations anti-Trump.
Avouez, vous pensiez que c’était une fausse nouvelle vous aussi? En octobre, des «pépines» s’affairaient à démolir l’aile Est de la Maison Blanche! Mais pourtant, elle était vraie, cette image qui a brisé le cœur de bien des Américains. Le président Trump lançait ainsi, avec toute la subtilité qu’on lui connaît, les travaux de sa future salle de bal plaquée or, un projet de 250 millions $! À peu près au même moment, le président diffusait aussi sur les réseaux sociaux une vidéo fabriquée par l’intelligence artificielle qui le montrait aux commandes d’un avion déversant des étrons sur les manifestants s’opposant à son pouvoir. La grande classe, je vous dis…
PHOTOS
Photos tirées du Web, 123RF et Archives La Presse
DESIGN GRAPHIQUE
Nathalie Fortier, Le Soleil
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