
JEAN-SIMON GAGNÉ
jsgagne@lesoleil.com
LES COOPS EN CORÉE DU SUD (2 DE 2)
Du haut des airs, la «zone démilitarisée» qui sépare les deux Corées ressemble à un parc. Une longue bande de forêts de quatre kilomètres de largeur entre le «Nord» et le «Sud». Mais ne vous y trompez pas. Il s’agit de l’endroit le plus dangereux du monde, avec des millions de mines et de pièges explosifs. À la veille du 75e anniversaire de la Guerre de Corée, le journaliste Jean-Simon Gagné s’est rendu aux abords du lieu maudit. Récit d’un voyage au cœur de la folie guerrière.

Ce matin, le bruit est assourdissant. Impossible d’y échapper. Il ressemble à la clameur d’une foule immense. Sauf qu’il n’y a pas de rassemblement à proximité. Ni stade. Ni spectacle. Le son provient de haut-parleurs géants situés en Corée du Nord, le pays «ennemi». À plusieurs kilomètres de distance…
Avec le temps, une épaisse forêt a recouvert la zone démilitarisée. Gare à quiconque s’y aventure. La zone est un no man’s land truffé de millions de mines et de pièges explosifs. De chaque côté, les deux pays sont retranchés derrière des ouvrages fortifiés. (AP)
Avec le temps, une épaisse forêt a recouvert la zone démilitarisée. Gare à quiconque s’y aventure. La zone est un no man’s land truffé de millions de mines et de pièges explosifs. De chaque côté, les deux pays sont retranchés derrière des ouvrages fortifiés. (AP)
Bienvenue le long de la «zone démilitarisée» entre les deux Corées. La «DMZ» pour les intimes. Ici, le temps s’est arrêté. Il y a plus de 70 ans. Tout s’est figé le 27 juillet 1953, avec la signature de l’armistice. Depuis, les ennemis n’ont jamais cessé de s’observer, de s’insulter, de se menacer.
Ces jours-ci, le long de la frontière, les Corées se font la «guerre des haut-parleurs». De chaque côté, des enceintes crachent du bruit à plein volume. À défaut de pouvoir déstabiliser l’ennemi, on lui empoisonne à coup sûr l’existence!
Les analystes appellent cela un «bombardement sonore». Un petit frère attardé de la guerre psychologique!

Ce matin, le bruit est assourdissant. Impossible d’y échapper. Il ressemble à la clameur d’une foule immense. Sauf qu’il n’y a pas de rassemblement à proximité. Ni stade. Ni spectacle. Le son provient de haut-parleurs géants situés en Corée du Nord, le pays «ennemi». À plusieurs kilomètres de distance…
Avec le temps, une épaisse forêt a recouvert la zone démilitarisée. Gare à quiconque s’y aventure. La zone est un no man’s land truffé de millions de mines et de pièges explosifs. De chaque côté, les deux pays sont retranchés derrière des ouvrages fortifiés. (AP)
Avec le temps, une épaisse forêt a recouvert la zone démilitarisée. Gare à quiconque s’y aventure. La zone est un no man’s land truffé de millions de mines et de pièges explosifs. De chaque côté, les deux pays sont retranchés derrière des ouvrages fortifiés. (AP)
Bienvenue le long de la «zone démilitarisée» entre les deux Corées. La «DMZ» pour les intimes. Ici, le temps s’est arrêté. Il y a plus de 70 ans. Tout s’est figé le 27 juillet 1953, avec la signature de l’armistice. Depuis, les ennemis n’ont jamais cessé de s’observer, de s’insulter, de se menacer.
Ces jours-ci, le long de la frontière, les Corées se font la «guerre des haut-parleurs». De chaque côté, des enceintes crachent du bruit à plein volume. À défaut de pouvoir déstabiliser l’ennemi, on lui empoisonne à coup sûr l’existence!
Les analystes appellent cela un «bombardement sonore». Un petit frère attardé de la guerre psychologique!
À la fin de la guerre de Corée, la DMZ devait faciliter l’application du cessez-le-feu. On la décrivait comme une «zone tampon» pour éviter les combats. Une mesure temporaire, le temps de signer une paix durable.
Seulement voilà. Soixante-quinze ans plus tard, rien n’a changé. La paix n’a pas été signée. En théorie, les deux Corées restent en guerre. Encore et toujours séparées par une bande de territoire de quatre kilomètres de largeur.
Avec le temps, une épaisse forêt a recouvert la DMZ. Gare à quiconque s’y aventure. La zone démilitarisée est un no man’s land interdit d’accès par des rangées de fils barbelés. Truffé de millions de mines et de pièges explosifs. Surveillé en permanence par des caméras et des drones.
Sans oublier les milliers de soldats perchés sur des miradors. Ou retranchés derrière des ouvrages fortifiés. De chaque côté. (3)
Mirador situé sur le bord de la rivière Han, tout près de la zone démilitarisée. On aperçoit un champ cultivé le long de la barrière métallique. (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)
Mirador situé sur le bord de la rivière Han, tout près de la zone démilitarisée. On aperçoit un champ cultivé le long de la barrière métallique. (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)
À défaut de pouvoir traverser la DMZ, l’armée nord-coréenne voulait passer en dessous, en cas de guerre. Au moins quatre tunnels ont été découverts, au fil des ans. Le plus remarquable mesure plusieurs kilomètres. Il aurait permis à 30 000 soldats du Nord de s’infiltrer au Sud en l’espace d’une heure.
Ça ne fait rien. De temps à autre, une patrouille militaire se risque dans la zone maudite. À ses risques et périls. L’an dernier, des Nord-Coréens sont brièvement venus y réparer des pièges anti-tanks. En somme, de pauvres diables contraints d’effectuer des travaux d’entretien en enfer! (4)
De chaque côté de la zone démilitarisée, les deux pays ennemis maintiennent des forces armées impressionnantes. On estime que 750 000 soldats sud-coréens sont stationnés à moins de 100 kilomètres de la zone. À ne pas confondre avec les 450 000 militaires sud-coréens, déployés de l’autre côté. (AP)
De chaque côté de la zone démilitarisée, les deux pays ennemis maintiennent des forces armées impressionnantes. On estime que 750 000 soldats sud-coréens sont stationnés à moins de 100 kilomètres de la zone. À ne pas confondre avec les 450 000 militaires sud-coréens, déployés de l’autre côté. (AP)
Pauvres soldats nord-coréens! Au début, ils s’avançaient un peu trop. Leurs vis-à-vis sud-coréens ont ouvert le feu. Puis, lorsqu’ils ont voulu se retirer, quelques-uns ont été pulvérisés par une mine Claymore. Le genre d’engin guerrier qui ne pardonne pas.
Pour ceux qui veulent tout savoir, précisons qu’une mine Claymore «standard» projette 700 billes d’acier sur une distance de 100 mètres, à une vitesse supérieure à celle d’une balle de fusil…
Depuis 1953, on estime que très peu de gens ont survécu à un séjour prolongé dans la DMZ. Reste qu’une poignée de fugitifs ont réussi à s’y faufiler. En 2021, un Nord-Coréen a circulé durant trois heures dans la zone interdite avant d’être capturé.(5)
On dit que l’armée sud-coréenne cherche encore à comprendre comment le brave a pu déjouer les pièges et les caméras de surveillance. En attendant, elle ne compare plus les probabilités de survivre à la DMZ à celles de faire passer un chameau par le trou d’une serrure...
Le pont de la libération, à l’entrée de la zone démilitarisée, près du village sud-coréen de Imjingak. À la fin de la guerre, il servait aux échanges de prisonniers. Plus tard, on permettait aux touristes de s’y aventurer. Aujourd’hui, le pont est fermé. La structure de bois aurait besoin de réparations urgentes (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)
Le pont de la libération, à l’entrée de la zone démilitarisée, près du village sud-coréen de Imjingak. À la fin de la guerre, il servait aux échanges de prisonniers. Plus tard, on permettait aux touristes de s’y aventurer. Aujourd’hui, le pont est fermé. La structure de bois aurait besoin de réparations urgentes (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)

Au milieu de la zone démilitarisée, il existe un endroit à part. Un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies. Un lieu où les frères ennemis peuvent se parler au besoin: la Joint Security Area. Impossible de passer à côté.
L’endroit ne manque pas d’histoire. C’est là que l’armistice entre les deux Corées a été signé en juillet 1953, après 575 rencontres de négociation étalées sur deux ans! (6) Plus récemment, en 2019, Donald Trump et Kim Jong-un y ont échangé une poignée de main célèbre.
Le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump se donnent la main au-dessus de la frontière officielle entre les deux Corées, dans la zone démilitarisée, le 30 juin 2019. (Wikimedia Commons)
Le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump se donnent la main au-dessus de la frontière officielle entre les deux Corées, dans la zone démilitarisée, le 30 juin 2019. (Wikimedia Commons)
Au début, on raconte que la Joint Security Area était peu réglementée. Les ennemis s’y côtoyaient. Mais en 1979, après le meurtre de deux soldats américains, une ligne a été tracée sur le sol. Pour indiquer précisément la frontière entre les deux Corées. (7)
Depuis, chacun doit se tenir de son côté. Une ligne a été tracée jusque dans les édifices pour éviter de se retrouver du mauvais bord! La sacro-sainte ligne divise même les tables de conférence! Bref, on ne rigole plus avec la frontière! (8)
De l’enfantillage, tout ça? Peut-être. Dites-vous bien que la situation a déjà été pire!
Un aperçu des deux drapeaux géants qui continuent à se défier, de part et d’autre de la zone démilitarisée. (Wikimedia Commons)
Un aperçu des deux drapeaux géants qui continuent à se défier, de part et d’autre de la zone démilitarisée. (Wikimedia Commons)
Durant les années 1980, le Sud veut frapper un grand coup. Il déploie près de la Joint Security Area un drapeau géant tout en haut d’un mât de 100 mètres. Ha-ha. L’ennemi va le voir en permanence! Ça lui apprendra!
Pfff. En un rien de temps, le Nord fait mieux. Il installe juste en face un drapeau encore plus grand, au sommet d’un mât de 160 mètres. Soixante de plus que son rival! Pendant un certain temps, le drapeau s’impose comme le plus haut du monde! (9)
Il n’empêche. À proximité de la DMZ, il n’y a pas que le bruit, les drapeaux, les mines et les tirs occasionnels. Depuis des mois, les Corées ennemies se livrent aussi la guerre des... ballons. Un affrontement à l’ancienne, qui consiste à utiliser des «aéronefs» pour expédier des choses de l’autre côté.
La Corée du Sud lance les hostilités en 2023. Grâce à l’utilisation de drones et de ballons téléguidés, des militants envoient toutes sortes d’objets en direction du Nord. Des bibles. Des clés USB contenant de la musique ou des téléséries. Même des tracts qui traitent le leader Kim Jong-un de «porc». (10)
La riposte ne tarde pas. Pyongyang lance en direction sud des milliers de ballons contenant des mégots de cigarettes, des ordures ménagères ou du compost. (11) Au début, les autorités sanitaires de la Corée du Sud paniquent un peu. Elles croient que les ballons transportent des excréments humains!
À l’été 2024, un ballon de déchets venu du Nord se pose même à proximité du complexe présidentiel, à Séoul! Un exploit digne de mention!
Au plus fort de la crise, on se croirait revenu au début des années 1990. Une époque étrange au cours de laquelle les deux pays se défiaient avec des tracts transportés par des ballons.
La Corée du Sud expédiait au nord des publicités montrant des femmes en bikini. Apparemment, cela démontrait la supériorité du système capitaliste! Pas grave. Le Nord répliquait avec des tracts vantant le «paradis socialiste»! (12)




Depuis 70 ans, les relations entre les deux Corées ont connu des hauts et des bas. À certains moment, les deux pays ont semblé irréconciliables. À d’autres ils ont brièvement envisagé d’abolir la zone démilitarisée. (14)
Le 3 juin, en Corée du Sud, l’élection du président Lee Jae-myung a laissé entrevoir le début d’une période de réchauffement. Il faut dire que les espoirs de réconciliation ne disparaissent jamais totalement. Aux abords de la DMZ, du côté Sud, des milliers de visiteurs continuent d'accrocher des rubans sur les barbelés. La plupart portent des messages de paix. Ou de bons mots en direction du nord.
Clôture de barbelés du côté sud-coréen de la ligne de démarcation. Des visiteurs viennent y accrocher des rubans prônant la paix et la réconciliation. (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)
Clôture de barbelés du côté sud-coréen de la ligne de démarcation. Des visiteurs viennent y accrocher des rubans prônant la paix et la réconciliation. (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)
Pas très loin de là, des apiculteurs produisent un miel réputé. À la blague, ils disent que leurs abeilles sont les premières coréennes à voyager librement dans la zone démilitarisée. Même au-delà, chez le Nord ennemi. (15)
Le miel fabriqué à proximité de la zone démilitarisée, du côté sud. On dit que les abeilles sont les seules Coréennes qui peuvent circuler librement, des deux côtés de la frontière. (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)
Le miel fabriqué à proximité de la zone démilitarisée, du côté sud. On dit que les abeilles sont les seules Coréennes qui peuvent circuler librement, des deux côtés de la frontière. (Jean-Simon Gagné/Le Soleil)
C’est vrai. Pour l’instant, la DMZ reste hostile à toute vie humaine. Signe des temps, de nombreux jeux vidéos guerriers s’en inspirent! (16) Ils invitent les joueurs à tenter d’y survivre! De manière virtuelle, il va sans dire.
Reste que sur le terrain, la DMZ produit des résultats étonnants. Profitant de l’absence d’humains, la nature y reprend ses droits. (17) Plusieurs espèces menacées y effectuent un retour spectaculaire, incluant la grue de Mandchourie, l’un des plus grands oiseaux du monde.
Il n’en faut pas plus pour que des optimistes entrevoient des jours meilleurs. Ceux-là assurent que tôt ou tard, les Corées seront réunifiées. Ou réconciliées. Et lorsque tout sera fini, leurs descendants hériteront d’une forêt magnifique. Un parc extraordinaire, d’une largeur de quatre kilomètres, qui s’étendra d’un bout à l’autre du pays.
Vous connaissez la chanson. Les soldats seront enfin troubadours. Espérons seulement que nous ne serons pas morts mon frère...
Grue de Mandchourie (slowmotiongli/123rf)
Grue de Mandchourie (slowmotiongli/123rf)

Aujourd’hui, une guerre entre les Corées apparaît très improbable. Ce qui n’empêche pas les deux pays de s’armer jusqu’aux dents. Juste au cas où...
Du côté nord, le régime communiste a accumulé plus de 6000 pièces d’artillerie, à proximité de la ligne de démarcation. Le centre de la capitale sud-coréenne est situé à seulement 60 kilomètres. À portée de tir.
Des soldats nord-coréens patrouillant la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Remarquez que les militaires se tiennent tous du côté nord de la ligne (ici faite de pierre) qui sépare les deux Corées. (Wikimedia Commons)
Des soldats nord-coréens patrouillant la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Remarquez que les militaires se tiennent tous du côté nord de la ligne (ici faite de pierre) qui sépare les deux Corées. (Wikimedia Commons)
En cas de conflit, un déluge de feu s’abattrait sur la métropole de 25 millions d’habitants. Dans le pire des scénarios, on compterait 10 000 morts et 130 000 blessés en l’espace d’une heure! (18)
N’allez pas croire que la Corée du Sud ne riposterait pas. Dans les heures suivant une attaque massive, Pyongyang, la capitale du nord, serait rayée de la carte. Une répétition de la guerre de Corée, au cours de laquelle pas moins de 400 000 bombes avaient été balancées sur la ville. Environ une pour chaque habitant!
Un officier américain et deux militaires sud-coréens surveillant la zone démilitarisée. (Wikimedia Commons)
Un officier américain et deux militaires sud-coréens surveillant la zone démilitarisée. (Wikimedia Commons)
Soixante dix plus tard, il est difficile d’imaginer à quel point les deux camps se détestaient, à la fin de la guerre, en 1953. Au Nord, la capitale Pyongyang était rasée à 80%. Au Sud, Séoul était détruite à 65%. Le conflit avait fait au moins trois millions de morts, incluant deux millions de civils.
Dans ces conditions, la négociation d’un armistice tenait du miracle. Le général Nam Il, le négociateur en chef de la Corée du Nord, détestait tellement les Américains qu’il refusait souvent de leur adresser la parole. Un jour, il les avait regardés avec mépris durant deux heures et 11 minutes. En leur soufflant la fumée de ses cigarettes dans le visage. Sans dire un mot!
Le général Nam Il n’avait qu’un point faible. Sa petite taille. Pour ménager son orgueil, ses collègues avaient scié en cachette les pattes de la chaise de son vis-à-vis américain. Juste pour que le général paraisse plus grand! (19)
Un aperçu la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Les frères ennemis peuvent s'y parler au besoin. (Wikimedia Commons)
Un aperçu la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Les frères ennemis peuvent s'y parler au besoin. (Wikimedia Commons)

Aujourd’hui, une guerre entre les Corées apparaît très improbable. Ce qui n’empêche pas les deux pays de s’armer jusqu’aux dents. Juste au cas où...
Du côté nord, le régime communiste a accumulé plus de 6000 pièces d’artillerie, à proximité de la ligne de démarcation. Le centre de la capitale sud-coréenne est situé à seulement 60 kilomètres. À portée de tir.
Des soldats nord-coréens patrouillant la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Remarquez que les militaires se tiennent tous du côté nord de la ligne (ici faite de pierre) qui sépare les deux Corées. (Wikimedia Commons)
Des soldats nord-coréens patrouillant la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Remarquez que les militaires se tiennent tous du côté nord de la ligne (ici faite de pierre) qui sépare les deux Corées. (Wikimedia Commons)
En cas de conflit, un déluge de feu s’abattrait sur la métropole de 25 millions d’habitants. Dans le pire des scénarios, on compterait 10 000 morts et 130 000 blessés en l’espace d’une heure! (18)
N’allez pas croire que la Corée du Sud ne riposterait pas. Dans les heures suivant une attaque massive, Pyongyang, la capitale du nord, serait rayée de la carte. Une répétition de la guerre de Corée, au cours de laquelle pas moins de 400 000 bombes avaient été balancées sur la ville. Environ une pour chaque habitant!
Un officier américain et deux militaires sud-coréens surveillant la zone démilitarisée. (Wikimedia Commons)
Un officier américain et deux militaires sud-coréens surveillant la zone démilitarisée. (Wikimedia Commons)
Soixante dix plus tard, il est difficile d’imaginer à quel point les deux camps se détestaient, à la fin de la guerre, en 1953. Au Nord, la capitale Pyongyang était rasée à 80%. Au Sud, Séoul était détruite à 65%. Le conflit avait fait au moins trois millions de morts, incluant deux millions de civils.
Dans ces conditions, la négociation d’un armistice tenait du miracle. Le général Nam Il, le négociateur en chef de la Corée du Nord, détestait tellement les Américains qu’il refusait souvent de leur adresser la parole. Un jour, il les avait regardés avec mépris durant deux heures et 11 minutes. En leur soufflant la fumée de ses cigarettes dans le visage. Sans dire un mot!
Le général Nam Il n’avait qu’un point faible. Sa petite taille. Pour ménager son orgueil, ses collègues avaient scié en cachette les pattes de la chaise de son vis-à-vis américain. Juste pour que le général paraisse plus grand! (19)
Un aperçu la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Les frères ennemis peuvent s'y parler au besoin. (Wikimedia Commons)
Un aperçu la Joint Security Area, un petit secteur placé sous le contrôle des Nations-Unies, dans la zone démilitarisée. Les frères ennemis peuvent s'y parler au besoin. (Wikimedia Commons)









Notes
(1) Alan Weisman, Homo Disparitus, Flammarion, 2007.
(2) North Korea Deploys a New Weapon Against the South: Unbearable Noise, The New York Times, 16 novembre 2024.
(3) Life Along the Korean DMZ, 70 Years After the Fighting Ended, The New York Times, 27 juillet 2023.
(4) North Korea Has Lost «Many» Troops to Mines in DMZ, South Says, The New York Times, 18 juin 2024.
(5) North Korea Man Wandered for Hours in DMZ Amid South’s Security Blunders, BBC News, 21 février 2021.
(6) North Korea’s Trash Balloons Land on Presidential Compound, Korea Times, 24 juillet 2024.
(7) The DMZ «Gardening Job» that Almost Sparked a War, BBC News, 20 août 2019.
(8) Korean Demilitarized Zone (DMZ), EBSCO Information Services, 2025.
(9) Korea’s DMZ: «Scariest Place on Earth», cnn.com, 20 février 2002.
(10) Why North Korea Launched Another Salvo of Trash Balloons Toward the South, The New York Times, 9 juin 2024.
(11) North Korea’s Trash Balloons Land on Presidential Compound, Korea Times, 24 juillet 2024.
(12) «More to this Place than Barbed Wire»: South Korea Reimagines its DMZ as a Path Towards Peace, The Guardian, 1er novembre 2023.
(13) Kim Jong-il: Man of Implausible Talents, Al Jazeera, 19 décembre 2011.
(14) Victor D. Cha & Ramon Pachedo Pardo, Korea: A New History of South & North, Yales University Press, 2023.
(15) The DMZ Is an Unhealed Wound for Korea. It’s Also a Source of Great Honey, The New York Times, 25 août 0224.
(16) DMZ Tip Guide for «Warzone 2.0»: How to Survive and Thrive, The Washington Post, 5 décembre 2022.
(17) Entre les deux Corées en guerre, la nature a repris ses droits, Libération, 17 novembre 2024.
(18) North Korea Conventional Artillery, A Means to Retaliate, Coerce, Deter, or Terrorize Population, Rand Corporation, 2020.
(19) What It Was Like to Negotiate With North Koreans 60 Years Ago, The Atlantic, 26 juillet 2013.
Design graphique
Nathalie Fortier, Le Soleil