André Pronovost
Souvenirs de la première grande dynastie du Canadien

À 88 ans, le Shawiniganais André Pronovost a encore le regard vif et la mémoire très bien aiguisée.
Lorsqu’il raconte ses souvenirs avec une pléiade de détails de son passé glorieux avec le Canadien de Montréal aux côtés de ces monuments qui ont marqué des générations, c’est l’équivalent de vivre un voyage dans le temps où il nous amène au cœur de la première grande dynastie du Tricolore.
Né en juillet 1936 dans une famille de neuf enfants à la Baie-de-Shawinigan, ce n’est qu’à l’âge de 10 ans que Pronovost a enfilé ses premiers patins. Don de son oncle, ces patins étaient des pointures 9. Ainsi, pendant ses cinq premières années sur la glace, Pronovost a dû mettre du papier journal au bout de ceux-ci alors qu’il passait des heures et des heures à patiner avec son frère cadet.
Conscient de son potentiel, son père a jugé qu’il serait judicieux d’effectuer quelques économies afin d’acheter une paire de patins neufs. Âgé de 15 ans, le jeune Pronovost tentait alors sa chance dans le but de faire l’équipe juvénile (16 ans et plus) et, sans le savoir, c’était son avenir dans le hockey qui se jouait.
«Ça a fait une différence. Quand j’avais commencé le camp, mon entraîneur était venu me voir pour me dire que j’avais de la misère avec mon patin. Il m’en manquait un peu. Nous n’avions pas beaucoup d’argent, mais lorsque j’ai mentionné ça à mon père, il s’est décidé à m’acheter une nouvelle paire. Je suis retourné sur la glace ensuite, ce n’était plus la même histoire.»
Cette décision de son père, elle s’est avérée déterminante. Gravissant les échelons un à un grâce à la qualité de son jeu, il s’est fait remarquer lorsque son club et lui sont allés disputer la finale de leur ligue en 1953 à Montréal. Battu par l’équipe de Notre-Dame-de-Grâce d’un certain Sam Pollock, Pronovost n’a certes pas tout perdu.
Quelque temps plus tard, Pollock s’était présenté au domicile familial pour inviter Pronovost (et quatre autres joueurs de Shawinigan) au camp du Canadien junior l’automne suivant. À 17 ans, c’était le début de son aventure sous la houlette de l’organisation montréalaise.
Après deux années passées avec le Canadien junior, étant nommé au passage la recrue par excellence de la saison 1953-1954 (77 points en 54 duels), Pronovost est revenu s’aligner en Mauricie avec les Cataractes de Shawinigan Falls pour la campagne 1955-1956, endroit où il s’est retrouvé sous les ordres de l’entraîneur-chef Roger Léger, un homme qui avait été considéré pour prendre la relève de Dick Irving derrière le banc du Canadien quelques années auparavant.
Après sa première année avec les Cataractes, Pronovost, maintenant âgé de 20 ans, est retourné à Shawinigan pour amorcer le calendrier 1956-1957, mais ce ne fut que pour un bref séjour. Après sept rencontres seulement, le directeur général du Canadien Frank J. Selke faisait appel à ses services.
«J’ai su un vendredi que j’allais jouer mon premier match dans la Ligue nationale de hockey (LNH) le lendemain. J’avais trois parties d’essai. À cette époque, j’avais trois habits pour aller aux matchs et j’avais demandé à Roger si je devais en amener un ou deux étant donné que ce n’était que trois joutes. Il m’a répondu que je devais tout amener et qu’il ne voulait plus me revoir ici», s’est souvenu Pronovost en riant.

Quatre conquêtes en quatre ans

C’est finalement ce qui s’est passé alors que le Shawiniganais n’est jamais revenu chez les Cataractes.
Après son premier match au mythique Forum contre les Rangers de New York, Pronovost a eu besoin d’attendre neuf autres parties avant d’enfin marquer son premier but dans la LNH. Ce fait, il l’a accompli face à ces mêmes Rangers, mais du côté du célèbre Madison Square Garden.
«J’ai compté ce but contre un gardien de Shawinigan en plus, Marcel Paillé. Un an plus tard, Paillé était venu me voir en me mentionnant à la blague que ça l’avait fait retourner dans les mineures à Providence! […] Lorsque nous sommes revenus de New York, Selke m’a indiqué dans le train que c’était le temps de signer mon premier contrat avec le Canadien. À cette époque, nous avions 1000$ pour signer notre contrat de la LNH. Comme j’avais eu 350$ quand j’avais signé avec les Cataractes, Selke ne m’a donné que 650$. Je ne voulais pas accepter, mais Selke m’a dit qu’on ne commencerait pas les argumentations à mon âge. Je m’en suis souvenu…»
D'abord réunis avec les Canadiens juniors de Montréal, Claude Provost, Phil Goyette et André Pronovost ont ensuite été réunis avec le grand club, célébrant quatre des cinq conquêtes du CH ensemble alors qu'ils formaient la troisième unité en attaque. (Photo Sport Revue)
D'abord réunis avec les Canadiens juniors de Montréal, Claude Provost, Phil Goyette et André Pronovost ont ensuite été réunis avec le grand club, célébrant quatre des cinq conquêtes du CH ensemble alors qu'ils formaient la troisième unité en attaque. (Photo Sport Revue)
En tant que petit nouveau, Pronovost s’est également vu attribuer un cochambreur pour les périples à l’étranger de l’équipe. Il a d’abord été réuni avec Jacky Leclerc pendant un temps, mais lorsque celui-ci a été renvoyé dans les mineures, ce n’est nul autre que Maurice Richard qui est devenu son compagnon de voyage.
«À cette époque, Maurice n’avait pas de cochambreur. Toe Blake lui avait alors demandé s’il acceptait de prendre le kid que j’étais avec lui. Maurice a répondu que oui. Ça a donc été mon cochambreur pendant ma première année. L’année suivante, il y a eu des changements. Maurice voulait demeurer avec moi, mais finalement la direction a décidé de réunir les deux gars de Shawinigan. Je me suis retrouvé avec Jacques Plante à partir de là. Nous avons passé trois ans ensemble.»
Personnage fascinant, Plante, né à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, avait certes acquis une réputation qui le précédait avec ses habitudes. Certains avaient même averti Pronovost qu’il allait se faire réveiller au milieu de la nuit par les prises de notes nocturnes du gardien.
«Une bonne nuit, j’ai vu Jacques allumer les lumières afin de griffonner trois ou quatre notes. Le lendemain, il s’était excusé et il m’avait demandé si ça m’avait dérangé. Je lui avais dit que non. Je l’ai vu faire souvent. Parfois, il allait s’enfermer dans les toilettes pour ne pas me déranger. En se levant, il lisait ce qu’il avait écrit. J’ai été chanceux d’être réuni avec le Rocket et Jacques pendant ces années.»
Quatre saisons avec le CH et autant de titres

Dès sa première année avec le Tricolore, Pronovost a eu la chance de vivre à son tour l’ivresse d’un championnat ce printemps-là puisque le Canadien s’est imposé en cinq matchs lors de la finale face aux Bruins de Boston. C’était le deuxième titre de la dynastie.
André Pronovost (en haut à droite) pose en compagnie de la Coupe Stanley et de ses coéquipiers Jean-Guy Talbot (en bas à gauche), Dollard St-Laurent (en haut à gauche), Marcel Bonin (centre) et Phil Goyette (en bas à droite). (Photo La Presse, archives)
André Pronovost (en haut à droite) pose en compagnie de la Coupe Stanley et de ses coéquipiers Jean-Guy Talbot (en bas à gauche), Dollard St-Laurent (en haut à gauche), Marcel Bonin (centre) et Phil Goyette (en bas à droite). (Photo La Presse, archives)
«Nous avions remporté la dernière partie à Montréal. Dans ce temps-là, je ne buvais pas plus que ça. Dans les jours qui ont suivi, je peux dire que j’ai servi de chauffeur à plusieurs gars! Ça a été bon! Nous avons ensuite gagné une autre fois contre Boston puis deux fois contre Toronto.»
En 1959, le Canadien a vaincu les Maple Leafs de Toronto en cinq matchs pour remporter sa quatrième Coupe Stanley de suite. Troisième à partir de la gauche sur la dernière rangée, Pronovost célèbre aux côtés de ses fidèles compagnons de trio, Claude Provost et Phil Goyette. (Photo Hockey Gods)
En 1959, le Canadien a vaincu les Maple Leafs de Toronto en cinq matchs pour remporter sa quatrième Coupe Stanley de suite. Troisième à partir de la gauche sur la dernière rangée, Pronovost célèbre aux côtés de ses fidèles compagnons de trio, Claude Provost et Phil Goyette. (Photo Hockey Gods)
Bien qu’il ait toujours une bague au doigt qui lui rappelle ces précieux souvenirs de cette dynastie, Pronovost se questionne à l’occasion afin de savoir si tous ces grands moments vécus dans l’uniforme du CH n’étaient qu’un rêve.
«Nous étions sur un nuage. Encore aujourd’hui, je me demande si j’étais vraiment là. Je partais de Shawinigan et là, en arrivant, je gagne quatre fois de suite la Coupe Stanley, cinq pour l’équipe.»
Au cours de ces quatre premières campagnes, Pronovost a pu contribuer avec des récoltes de 21, 28, 23 et 31 points. En incluant les séries, il a disputé 327 parties avec Montréal.
Direction Boston

Ce qui semblait se dessiner comme une belle et longue carrière avec le Canadien réservait cependant une surprise de taille pour le Shawiniganais.
La campagne 1960-1961 n’était vieille que d’une vingtaine de matchs lorsqu’il a été convoqué au bureau de Selke pour se faire annoncer qu’il passait aux Bruins de Boston en retour de Jean-Guy Gendron.
«À cette époque, Montréal cherchait un ailier gauche pour évoluer avec Béliveau et Bernard Geoffrion. Auparavant, c’était Bert Olmstead, mais il avait été échangé aux Maple Leafs. L’équipe avait essayé différents ailiers et j’avais eu la chance de pratiquer avec eux au début de la saison. J’avais surtout joué avec Claude Provost et Phil Goyette. Cependant, un mois après, la direction avait fait cette transaction. Toe Blake souhaitait m’utiliser là (sur le trio de Béliveau), mais Selke ne voulait pas que ce soit ça…»
André Pronovost a récemment reçu ce boitier de la part de l'organisation des Bruins de Boston. Ceux-ci l'ont d'ailleurs invité afin qu'il soit des célébrations entourant le centenaire de l'équipe. (Photo Le Nouvelliste, Matthew Vachon)
André Pronovost a récemment reçu ce boitier de la part de l'organisation des Bruins de Boston. Ceux-ci l'ont d'ailleurs invité afin qu'il soit des célébrations entourant le centenaire de l'équipe. (Photo Le Nouvelliste, Matthew Vachon)
Laissant derrière lui la dynastie montréalaise, où il n’avait rien connu d’autre que de boire dans la Coupe Stanley le printemps venu, Pronovost a certainement vécu un changement drastique lorsqu’il s’est retrouvé avec les Bruins, une organisation qui était au tout début d’une séquence de misère sans séries qui allait s’étendre sur huit années.
Malgré les difficultés rencontrées sur le plan collectif, le Shawiniganais garde de bons souvenirs de son passage de 138 matchs avec les représentants du Massachusetts. Il évoluait sur une unité complétée par Don McKenney et Léo Labine.
«Quand je jouais avec le Canadien, je m’étais battu cinq ou six fois avec Léo. Nous ne nous aimions pas. À mon arrivée avec Boston, j’ai retrouvé l’équipe lorsqu’elle était en voyage à Chicago. En me pointant à l’hôtel, j’ai croisé l’entraîneur Milt Schmidt. Je lui ai demandé avec qui j’étais dans ma chambre, il m’a dit d’aller m’informer à l’accueil. C’est là qu’on m’a mentionné que j’étais avec Léo. Je me suis retourné et Milt faisait semblant de se cacher derrière son journal!»
La première rencontre entre les deux rivaux s’est d’ailleurs avérée mémorable. De retour à la chambre avant le couvre-feu de 23h, Pronovost a eu la surprise de la trouver encore déserte.
«Il était passé 23h lorsque je l’ai entendu frapper à la porte. Une fois entré, je lui ai serré la main et il a commencé à jaser. Quand j’ai regardé l’heure, il était rendu 3h du matin! Il n’avait pas arrêté. Je lui ai dit que s’il ne cessait pas, je le mettais dehors! Le lendemain matin, nous sommes allés déjeuner et certains gars étaient déjà là. Ils nous ont assis entre eux et ils nous ont inspectés afin de voir si nous nous étions battus!»
Nouveau départ avec les Red Wings

Échangé à nouveau au mois de décembre 1963, Pronovost a dû faire ses valises pour le Michigan afin de s’aligner pour les Red Wings de Détroit.
À cette époque, les Bruins souhaitaient faire l’acquisition de l’attaquant Forbes Kennedy et le hockeyeur que les Wings voulaient en retour, c’était le Shawiniganais et rien d’autre.
«À Boston, ça se passait bien mes affaires. Je jouais régulièrement et je tuais des punitions. Je jouais aussi sur l’avantage numérique occasionnellement. J’avais même été sélectionné par les journalistes comme étant le meilleur joueur sur la route. Le directeur général Lynn Patrick m’avait fait venir dans son bureau et il m’avait annoncé qu’il n’avait pas le choix de me laisser aller. Le propriétaire de Boston voulait Kennedy et il devait lui faire plaisir.»
À Détroit, André Pronovost est passé bien près d'ajouter deux autres conquêtes de la Coupe Stanley à son palmarès, mais les Red Wings ont échoué deux fois de suite en finale contre les Maple Leafs. (Photo AJ Authentics)
À Détroit, André Pronovost est passé bien près d'ajouter deux autres conquêtes de la Coupe Stanley à son palmarès, mais les Red Wings ont échoué deux fois de suite en finale contre les Maple Leafs. (Photo AJ Authentics)
Tout n’était pas que mauvais dans ce nouveau départ puisque Pronovost passait d’une équipe de fond de peloton à celle qui était au sommet du classement. Dans le vestiaire des Red Wings, il était possible de compter sept futurs membres du Temple de la renommée, soit Gordie Howe, Alex Delvecchio, Norm Ullman, Bill Gadsby, Terry Sawchuck, le Shawiniganais Marcel Pronovost, son cousin éloigné, et l’entraîneur-chef Sid Abel.
Aux côtés de cette pléiade de grands noms, Pronovost est passé bien près d’ajouter un cinquième titre de la Coupe Stanley et un magnifique bonus aux printemps 1963 et 1964. Les Red Wings ont cependant été vaincus chaque fois par les Maple Leafs de Toronto au cours de la finale. L’échec de 1964 est probablement le plus douloureux étant donné que Détroit avait la chance de fermer les livres à la maison lors du sixième match, mais ils se sont inclinés en prolongation par la marque de 4 à 3. Toronto s’était ensuite sauvé avec les honneurs du septième duel pour empocher le dixième championnat de son histoire.
«À Boston, j’avais un bonus de 10 000$ si nous gagnions la Coupe Stanley. Quand je suis arrivé à Détroit, les Red Wings ne connaissaient pas mon contrat. J’avais signé pour 16 500$ avec Boston. […] À Détroit, j’ai joué avec Ullman et Floyd Smith. C’était pour évoluer avec eux que j’avais été acquis. Ça avait bien marché avec eux dès le départ.»
Malheureusement pour Pronovost, cette expérience aux côtés d’Ullman n’a pas duré alors que l’entraîneur-chef a remanié ses trios peu de temps après son arrivée. Se retrouvant sur la troisième unité des Red Wings, Pronovost considère que c’est ce point qui a marqué le début de la fin de son parcours comme régulier dans la LNH.
«Sid m’avait dit que j’aurais quand même mes bonus en jouant sur ce trio, mais j’aurais dû dire non… Deux ans plus tard, Ted Lindsay avait effectué un retour au jeu et il y avait deux jeunes ailiers gauches qui faisaient mon salaire combiné. À cette époque, on ne savait pas comment le retour de Lindsay allait se passer, donc on m’avait dit de ne pas déménager ma famille. J’allais revenir, mais finalement, j’ai été dans les mineures.»
Fin amère au Minnesota

Après son départ de Détroit au début de la saison 1964-1965, Pronovost a passé trois années à partager son temps entre Pittsburgh et Memphis.
Il s’est ensuite vu offrir une ultime chance dans la LNH lors de la première vague d’expansion en 1967.
Sélectionné par les North Stars du Minnesota, le Mauricien a disputé seulement huit matchs avec ceux-ci au cours de la campagne 1967-1968, en ajoutant huit autres lors des séries. Ces parties se sont avérées les dernières de sa carrière dans la meilleure ligue au monde.
La fin de l'aventure dans la LNH s'est avérée frustrante pour André Pronovost. Sélectionné par les North Stars à l'expansion de 1967, Pronovost (quatrième à partir de la droite sur la deuxième rangée) n'avait que très peu d'estime pour l'entraîneur-chef Wren Blair (première rangée, quatrième à partir de la droite). (Photo North Stars du Minnesota)
La fin de l'aventure dans la LNH s'est avérée frustrante pour André Pronovost. Sélectionné par les North Stars à l'expansion de 1967, Pronovost (quatrième à partir de la droite sur la deuxième rangée) n'avait que très peu d'estime pour l'entraîneur-chef Wren Blair (première rangée, quatrième à partir de la droite). (Photo North Stars du Minnesota)
Bien que les faits se soient passés il y a de cela plus de 50 ans, Pronovost a encore le feu dans les yeux lorsqu’il revient sur ce passage dans l’organisation du Minnesota. Le tout s’était d’ailleurs bien mal amorcé avec une proposition qui était loin de ses attentes.
«Initialement, j’avais reçu une offre de contrat de 15 000$ lorsque le Minnesota m’avait sélectionné à l’expansion. Quand j’avais quitté Détroit en 1965, je faisais 16 500$. Ils avaient pourtant offert 20 000$ à André Boudrias. Moi, j’avais huit années d’expérience et quatre titres de la Coupe Stanley. Donc, j’avais retourné la lettre avec leur offre en disant que nous étions très loin de nous comprendre. J’avais ajouté Just f… you. J’avais envoyé ça comme ça.»
Cette mésentente contractuelle, qui s’était finalement résolue avec un montant de 20 000$ s’il jouait dans la LNH, était cependant bien loin d’équivaloir à ce qui allait survenir entre Pronovost et l’entraîneur-chef des North Stars, Wren Blair. D’abord cédé aux South Stars de Memphis dans la Ligue centrale professionnelle de hockey (LCPH), Pronovost a eu droit à quelques séjours avec la formation du Minnesota. De croire que ça s’est mal passé est un euphémisme…
«J’ai été rappelé avec Léo Thiffault lors des séries. Quand nous étions arrivés à l’aréna pour aller pratiquer, la porte du vestiaire était barrée. Nous avions donc dû aller chercher la clé au bureau de Blair pour la débarrer afin d’y accéder. Sa secrétaire m’a dit qu’il était en réunion avec deux hommes, mais je ne voulais pas attendre. J’avais cogné pour la lui demander. Blair nous avait alors présenté en passant une remarque raciste à notre endroit. J’avais regardé les deux hommes en leur disant qu’ils étaient malchanceux de le connaître.»
Cette année-là, les North Stars étaient à une petite victoire d’atteindre la finale de la Coupe Stanley. Ils avaient d’abord éliminé les Kings de Los Angeles au premier tour des séries, mais ils avaient ensuite été évincés en sept affrontements par les Blues de Saint-Louis. Ceux-ci comptaient alors sur Jacques Plante et un jeune Scotty Bowman derrière le banc.
Habillé pour seulement huit des 14 parties du Minnesota, il estime qu’il aurait pu faire une différence pour aider les siens à atteindre l’ultime étape.
«J’avais dit à Blair que s’il avait quelque chose contre moi, que c’était correct. Par contre, si ça interférait dans les succès de l’équipe, je ne pouvais pas accepter ça. Nous avions battu Los Angeles. Contre Saint-Louis, s’il avait su coacher…»
Ce fut les derniers matchs dans la LNH pour le Shawiniganais. Il a ensuite disputé cinq autres années dans différents circuits pour finalement accrocher ses patins lors de la saison 1971-1972 après un bref passage chez les Devils de Jersey dans la Ligue de hockey de l’Est.
Les plus grands dans les yeux de Pronovost

Lorsqu'André Pronovost est arrivé avec le Canadien, Maurice Richard a accepté de prendre le jeune Shawiniganais comme cochambreur. Il n'a pas hésité à lui partager quelques conseils... à condition de les mettre en pratique! (Photo La Presse canadienne, archives)
Lorsqu'André Pronovost est arrivé avec le Canadien, Maurice Richard a accepté de prendre le jeune Shawiniganais comme cochambreur. Il n'a pas hésité à lui partager quelques conseils... à condition de les mettre en pratique! (Photo La Presse canadienne, archives)
Réputé pour sa classe, son calme et son immense talent, Jean Béliveau était un meneur silencieux au sein du Canadien, assure André Pronovost. (Photo Le Soleil, archives)
Réputé pour sa classe, son calme et son immense talent, Jean Béliveau était un meneur silencieux au sein du Canadien, assure André Pronovost. (Photo Le Soleil, archives)
Gagnant à sept reprises du trophée Norris, le défenseur Doug Harvey était l'un des meneurs incontestés du Canadien dans les années 1950. Il n'a pas manqué de soulever l'admiration d'André Pronovost lorsqu'ils ont été coéquipiers. (Photo La Presse, archives)
Gagnant à sept reprises du trophée Norris, le défenseur Doug Harvey était l'un des meneurs incontestés du Canadien dans les années 1950. Il n'a pas manqué de soulever l'admiration d'André Pronovost lorsqu'ils ont été coéquipiers. (Photo La Presse, archives)
Pendant trois ans, Jacques Plante et André Pronovost ont été cochambreurs lors des périples à l'étranger du Canadien. Pronovost garde de bons souvenirs de celui qui a été le premier à porter un masque lors d'un match de la LNH. (Photo La Presse, archives)
Pendant trois ans, Jacques Plante et André Pronovost ont été cochambreurs lors des périples à l'étranger du Canadien. Pronovost garde de bons souvenirs de celui qui a été le premier à porter un masque lors d'un match de la LNH. (Photo La Presse, archives)
Gordie Howe, surnommé M. Hockey, a réservé un accueil chaleureux à André Pronovost lorsque celui-ci est arrivé chez les Red Wings de Détroit au début des années 1960. (Photo La Presse Canadienne, archives)
Gordie Howe, surnommé M. Hockey, a réservé un accueil chaleureux à André Pronovost lorsque celui-ci est arrivé chez les Red Wings de Détroit au début des années 1960. (Photo La Presse Canadienne, archives)
Maurice Richard
«Maurice était l’un des meilleurs coéquipiers que tu pouvais avoir. Tu pouvais te fier sur lui. C’était un travailleur acharné. Il était tellement agressif. Le mot perdre, il n’était pas supposé exister dans son vocabulaire. Pour moi, Maurice a toujours été mon idole. Lorsque je suis arrivé avec le Canadien, j’allais lui demander des conseils. Nous allions pratiquer plusieurs fois ce qu’il me disait après les pratiques. Maurice se retirait, mais il regardait afin de voir si tu travaillais ce qu’il t’avait dit. Une fois, Bill Hicke lui avait demandé des conseils, mais il ne les avait pas pratiqués. Quand Hicke était retourné le voir, Maurice l’avait reviré de bord. Si tu l’écoutais, Maurice aurait pris trois heures pour t’aider.»
Jean Béliveau
«Béliveau aidait tout le monde, mais il attendait qu’on le lui demande. Parfois, dans les matchs, il venait nous voir pour nous donner des conseils. Il nous disait que nous étions tout près de réussir, mais il nous disait que nous pourrions l’attaquer de telle ou telle façon pour réussir. Jean ne parlait pas souvent. Il jouait proprement, mais quand ça brassait, il revenait sur le banc et il nous disait: “Si c’est pour être comme ça, nous aussi nous allons jouer cochon!” Il n’aimait pas ça, mais il y allait. Nous le suivions.»
Doug Harvey
«Doug, c’était quelque chose. C’était tout un meneur pour nous. L’année que nous avons élu Maurice comme capitaine, après la retraite d’Émile Bouchard, il y avait eu beaucoup de votes pour Doug. À un certain point, Doug s’était levé et il avait demandé d’arrêter tout ça. Il s’était retiré de la course et il avait dit à Maurice que c’était lui le capitaine.»
Jacques Plante
«Red Fischer écrivait parfois des histoires disant que Toe Blake n’aimait pas Plante, qu’il n’aimait pas ses exigences. Ce n’est pas vrai ça. Nous avons toujours aimé Jacques. Je me souviens que dans les premiers mois où nous étions ensemble sur la route, il a tricoté pendant les premiers mois, mais après ça, il avait arrêté ça.»
Gordie Howe
«Gordie c’était un bon joueur d’équipe et un excellent meneur. Tu le suivais. Il avait tellement une belle entente avec Alex Delvecchio. Je me considère chanceux d’avoir pu jouer à ses côtés et aux côtés de Maurice, deux des plus grands joueurs du temps. […] À ma première pratique avec les Red Wings, je me suis retrouvé dans le coin de la glace avec Marcel Pronovost lors d’un match intra-équipe. Il aurait pu facilement sortir la rondelle comme il le faisait toujours, mais là, il niaisait avec elle. La première nouvelle que j’ai sue, j’ai reçu deux coups au visage de Gordie! Je lui ai dit que nous étions au sein de la même équipe et je l’ai poussé dans la bande. Il riait et tout le monde autour aussi. Il m’avait envoyé dans le coin pour ça. Après cet entraînement, c’est Gordie qui m’avait payé ma bière!»
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Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne