AVANT LA BRÛLERIE, IL Y AVAIT UNE QUINCAILLERIE
Par M. Hist - Musée d'histoire de Sherbrooke

Cher M.Hist,
Mon grand-père m’a dit qu’il y a déjà eu une quincaillerie à la place de l’actuelle Brûlerie Faro, sur Wellington Nord, est-ce vrai?
Dominique
Cher Dominique,
Votre grand-père possède une mémoire vive des lieux, même s’il y a des nuances à apporter. Avant que les arômes du café fraîchement torréfié ne s'installent dans l’air, cet édifice de la rue Wellington Nord fut le théâtre de multiples activités commerciales, chacune apportant sa pierre à l’édifice de l’histoire locale.
L’histoire de l’édifice commence en 1875, alors que le bijoutier, horloger et encanteur Thomas B. Odell emprunte environ 3000 dollars pour amorcer la construction de cet immeuble, une somme plus que considérable pour l’époque.

Plusieurs commerces se succèdent dans l’édifice, mais l’un des plus connus est assurément la quincaillerie de Lucke & Mitchell. On dit quincaillerie, mais c’est digne d’un vrai magasin général typique de son époque. Le commerce offre une panoplie d’articles pratiques et ingénieux: on y trouve alors des fournaises en fonte sur pied, des pièces de ferronnerie et même des accessoires inattendus, comme des bâtons de golf, qui font le bonheur d’une clientèle avisée! À la fin des années 1910, la quincaillerie devenue simplement «J. S. Mitchell» déménage dans les locaux de l’édifice voisin, et ce, jusqu’aux années 1960.
Façade du bloc Odell qui abritait alors la quincaillerie Lucke & Mitchell sur la rue Wellington à Sherbrooke, reproduction de 1890. (Photo Collection Musée d'histoire de Sherbrooke)
Façade du bloc Odell qui abritait alors la quincaillerie Lucke & Mitchell sur la rue Wellington à Sherbrooke, reproduction de 1890. (Photo Collection Musée d'histoire de Sherbrooke)
Si on en revient au bâtiment qui nous intéresse, celui d’inspiration Second Empire, il est acheté en 1920 par l’architecte J. W. Grégoire. Vous remarquerez les quatre portes commerciales en façade, celles-ci sont l’entrée de nombreux commerces qui s’y succèderont dans le temps.
En 1953, le magasin A. Bélanger Détail s’installe dans le bâtiment et se distingue par ses meubles et équipements de qualité. Sa publicité vante des rabais exceptionnels et attire une foule de curieux. En 1957, ce magasin dispose même d’un catalogue qui permettait d’acheter à distance et de se faire livrer des produits. Quelques années plus tard, le commerce laisse la place à un marché aux escomptes, puis à un magasin d’électronique, et enfin, un centre d’images et de sons vers la fin des années 1970. Vous le voyez: l’édifice est stratégiquement positionné au centre-ville, et cette place commerciale est convoitée!
Image de la publicité de Bélanger Inc.: «Vente gigantesque, rabais, etc.» (Photo La Tribune, 29 février 1956)
Image de la publicité de Bélanger Inc.: «Vente gigantesque, rabais, etc.» (Photo La Tribune, 29 février 1956)

Tout comme la rue Wellington Nord, l’édifice Odell subit fluctuations et transformations, mais le site conserve tout de même son dynamisme. Ce même lieu connaît aujourd’hui une renaissance sous les effluves du café. En effet, en 2005, il devient «la Brûlerie de café», et en 2014, il prend définitivement le nom de Brûlerie Faro, perpétuant ainsi la tradition de renouveau qui caractérise cet édifice. La décennie qui suit cette implantation appartient à l’histoire…
Affiche de la Brûlerie de café située au 180 rue Wellington Nord. On peut voir un aperçu de la vue intérieure de la brûlerie qui est partiellement cachée par la raison sociale placée dans un ovale et par une grosse tasse de café. Un message concernant la qualité des produits est écrit au bas de l’affiche, en 2005. (Photo Fonds Musée d'histoire de Sherbrooke)
Affiche de la Brûlerie de café située au 180 rue Wellington Nord. On peut voir un aperçu de la vue intérieure de la brûlerie qui est partiellement cachée par la raison sociale placée dans un ovale et par une grosse tasse de café. Un message concernant la qualité des produits est écrit au bas de l’affiche, en 2005. (Photo Fonds Musée d'histoire de Sherbrooke)
Ainsi, cher Dominique, en réponse à votre question: oui, avant de devenir le chaleureux repère que l’on connaît aujourd’hui, cet édifice a bel et bien abrité une quincaillerie, mais plus encore divers magasins qui, chacun à leur manière, témoignent d’un patrimoine commercial diversifié et résolument vivant.
Votre grand-père a raison sur le fait qu’une quincaillerie a déjà occupé les lieux. En revanche, s’il a fréquenté la quincaillerie J. S. Mitchell, la porte était tout juste dans l’édifice voisin. De vote côté, lorsque vous prendrez votre café, repensez (avec excitation!) à ces anciens Sherbrookois qui venaient autrefois sur place choisir leurs bâtons de golf ou même leur fournaise, contribuant ainsi à l’animation de cette artère commerçante!
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Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne