LES PAGES D'HISTOIRE DES BIBLIOTHÈQUES SHERBROOKOISES

Par M. Hist - Musée d'histoire de Sherbrooke

Vue à partir du pont Hyatt d’édifices de la Commercial Street, aujourd’hui rue Dufferin. En gros plan, façade latérale et principale de la Salle des Arts en 1905. (Photo Fonds Clovis Roy, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Vue à partir du pont Hyatt d’édifices de la Commercial Street, aujourd’hui rue Dufferin. En gros plan, façade latérale et principale de la Salle des Arts en 1905. (Photo Fonds Clovis Roy, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Cher M. Hist,

Il y a plusieurs bibliothèques en ville. Pouvez-vous nous donner des informations sur celles-ci? 

Monique

Chère Monique,

Les bibliothèques: havres de paix où le bruissement des pages accompagne les curieux dans de folles aventures. Sherbrooke a toute une histoire fascinante à feuilleter à ce sujet! 

Tout commence en 1868, avec l’aménagement d’une salle de lecture au bureau d’enregistrement de Sherbrooke. Attention! À l’époque, il ne s’agit pas d’une bibliothèque comme nous l’entendons aujourd’hui: on peut lire sur place, mais pas emprunter de livres. Un abonnement de 75 sous par trimestre permet d’accéder à une cinquantaine de périodiques et de journaux. Puis, en 1890, Samuel Foote Morey, banquier et philanthrope, décide d’ouvrir une salle de lecture sur la rue Belvédère, juste en face de l’usine Paton. Son but? Offrir aux ouvriers un accès gratuit aux livres, revues et journaux. Et pour trois sous, on peut même déguster un thé ou un café! 

Toujours sous l’impulsion du même monsieur Morey, une nouvelle salle de lecture, jumelée au musée, ouvre sur Commercial Street (actuelle rue Dufferin) dans l’édifice Griffith. Puis, en 1886, la construction de la Sherbrooke Library and Art Building dote la ville d’un premier édifice de la ville exclusivement consacréé à la musique, aux beaux-arts, à la science et à la culture. Le lieu compte à la fois un musée minéralogique, une galerie d’art impressionnante (la 3e en importance au Canada!), une salle de spectacle de 400 places et surtout, une bibliothèque comptant 8000 livres!

En 1928, les employés et camelots de La Tribune devant le 221 de la rue Dufferin, siège du journal. (Photo Collection du Musée d’histoire de Sherbrooke)

En 1928, les employés et camelots de La Tribune devant le 221 de la rue Dufferin, siège du journal. (Photo Collection du Musée d’histoire de Sherbrooke)

Malheureusement, dans les années 1920, l’institution périclite: les œuvres d’art sont vendues. En 1928, le Art Building devient le siège du journal La Tribune et conservera plus tard son volet de diffuseur culturel avec l’ajout de CHLT et CHLT-TV.

Revenons à nos bibliothèques. Pendant que la population anglophone mise sur son édifice culturel, la population canadienne-française est également soucieuse d’avoir sa propre bibliothèque. Une petite institution est alors créée en 1905 sur la rue Marquette sur le terrain actuel du Séminaire de Sherbrooke. Cette bibliothèque déménage plusieurs fois au fil des années avant de s’installer au Monument National, près de la cathédrale, sous le nom pompeux de Bibliothèque nationale. Ouverte trois à quatre fois par semaine, elle offre l’accès à 6000 livres gratuitement. Plus tard, elle sera transférée à l’école centrale, sur la rue King Ouest, où se trouve aujourd’hui le palais de justice.

Édifice du Monument national, situé à l’angle des rues Académie et Marquette. Celui-ci servait de salle de réunions pour les associations canadiennes-françaises et on y trouvait un gymnase, une bibliothèque et une salle publique.

Édifice du Monument national, situé à l’angle des rues Académie et Marquette. Celui-ci servait de salle de réunions pour les associations canadiennes-françaises et on y trouvait un gymnase, une bibliothèque et une salle publique.

L’école centrale abrite cette bibliothèque pendant plusieurs années, mais l’institution s’essouffle. Dans les années 1940, elle compte à peine 500 abonnés et accumule des dettes. Un débat public s’amorce alors sur la nécessité d’une véritable bibliothèque municipale.

Le député Maurice Gingues profite d’un congrès de bibliothécaires en ville pour lancer une idée lumineuse: installer une véritable bibliothèque municipale dans l’ancien édifice des postes, là où se trouve aujourd’hui le Musée d’histoire de Sherbrooke.

En 1955, la nouvelle bibliothèque ouvre finalement ses portes au 275 rue Dufferin, avec l’ambition de passer de 4500 à 50 000 livres! Ce lieu reste en service jusqu’en 1991, année de l’inauguration de la bibliothèque Éva-Senécal.

En 1985, vue sur la bibliothèque municipale située sur la rue Dufferin, à l’emplacement actuel du Musée d’histoire de Sherbrooke. Cet édifice a déjà abrité le bureau de poste. (Photo Collection du Musée d'histoire de Sherbrooke)

En 1985, vue sur la bibliothèque municipale située sur la rue Dufferin, à l’emplacement actuel du Musée d’histoire de Sherbrooke. Cet édifice a déjà abrité le bureau de poste. (Photo Collection du Musée d'histoire de Sherbrooke)

Certains se rappellent encore les bons moments passés dans la section des enfants, au deuxième étage de la bibliothèque municipale, alors située sur la rue Dufferin. Photo vers 1975. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Certains se rappellent encore les bons moments passés dans la section des enfants, au deuxième étage de la bibliothèque municipale, alors située sur la rue Dufferin. Photo vers 1975. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Mais qu’en est-il de l’accès à la culture et à la lecture pour la population des différents quartiers de la ville? Saviez-vous que Sherbrooke offrait autrefois un service de bibliobus, pour que les livres parviennent jusqu’aux gens qui ne peuvent se déplacer au centre-ville?

Quant aux bibliothèques des arrondissements, elles suivent une évolution propre. Lennoxville est la première à avoir sa bibliothèque en 1912. Depuis 1970, elle occupe l’ancienne banque à l’angle de Queen et Collège. Ensuite, Saint-Élie obtient sa bibliothèque en 1979, d’abord logée dans une maison privée avant de déménager dans le Centre communautaire. Brompton suit en 1981, avec la bibliothèque Gisèle-Bergeron, déplacée dans son emplacement actuel en 1996. Enfin, Rock Forest inaugure en 1983 la bibliothèque Bertrand-Delisle, qui s’installe sur la rue du Haut-Bois en 1998-1999.

Vue sur la bibliothèque de Lennoxville, au coin des rues Queen et Collège, en 2004. (Photo Collection du Musée d'histoire de Sherbrooke)

Vue sur la bibliothèque de Lennoxville, au coin des rues Queen et Collège, en 2004. (Photo Collection du Musée d'histoire de Sherbrooke)

Aujourd’hui, Sherbrooke abrite une véritable constellation de bibliothèques, à l’exception notable de Deauville et de Fleurimont, où le débat sur l’implantation d’une bibliothèque continue.

Et voilà, chère Monique! J’espère que cette balade au fil des pages de l’histoire sherbrookoise vous a plu. Alors, que ce soit pour feuilleter un roman, dévorer un polar ou simplement sentir l’odeur du papier, n’oubliez pas: il y a toujours une bibliothèque près de chez vous, prête à vous faire voyager sans bouger de votre fauteuil…

Bonne lecture!

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  • Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne