Ostéopathes,
maisons des
aînés et IA:
le budget en
10 mesures

Ostéopathes, maisons
des aînés et IA:
le budget en 10 mesures

SIMON CARMICHAEL
scarmichael@lesoleil.com
Le septième budget du ministre Eric Girard renferme des centaines de mesures. Les Coops de l’information vous en résument les 10 principales, histoire de rendre l’exercice plus digeste.
DES SOUS POUR LUTTER CONTRE LE CRIME... ET LES GANGS
Sans surprise, le contexte actuel force Québec à investir davantage qu'il avait prévu pour lutter contre la violence et la criminalité.
Le ministre des Finances prévoit verser 119,6 millions de plus sur cinq ans à son collègue de la Sécurité publique pour mettre en place la Stratégie québécoise de lutte contre la criminalité.
Québec prévoit aussi 8,6 millions de dollars supplémentaires pour la Sûreté du Québec en 2025-2026 afin de continuer à lutter spécifiquement contre la montée de la violence entre les groupes criminalisés.

FINI LES CRÉDITS POUR LA MÉDECINE DOUCE
Le gouvernement Legault exclura la grande majorité des médecines douces des soins pouvant être déduits du revenu imposable des particuliers.
Il ne sera plus possible de se faire rembourser par le gouvernement provincial les frais encourus auprès des homéopathes, des ostéopathes ou des naturopathes, par exemple.
Seules les dépenses faites chez les praticiens enregistrés dans un ordre professionnel seront reconnues, comme c'est le cas au fédéral.
Québec ne chiffre pas l’épargne espérée, soulignant qu'il s’agit «de faibles économies».
Notons que cette mesure ne touche que les déductions accordées par le gouvernement, et non pas les couvertures offertes par les assurances privées.

VERS DES MAISONS DES AÎNÉS «2.0»
Le Plan québécois des infrastructures (PQI) révèle le déploiement à court moyen terme d'une troisième phase de maisons des aînés, mais cette fois en mode «2.0».
Une enveloppe d'environ un milliard est réservée d'ici 2035 pour cette nouvelle mouture du projet phare du gouvernement, dont la mise sur pied avait dû être ralentie en raison de son coût très élevé.
Le ministre responsable des Infrastructures n'a pas voulu dire si la version «2.0» des maisons des aînés serait élaborée pour être moins coûteuse. Le ministère de la Santé devrait bientôt présenter ses plans au gouvernement, s'est contenté d'indiquer Jonatan Julien.

LE RÉSEAU BIENTÔT PRESQUE PARTOUT AU QUÉBEC
Comme il le fait depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Legault maintient son objectif de brancher pour de bon toutes les régions du Québec à Internet et au réseau cellulaire. Et le budget 2025-2026 n'y fait pas exception.
L'exercice du ministre Girard prévoit 74,1 millions de dollars sur trois ans pour ses différentes initiatives de connectivité, notamment aux Îles-de-la-Madeleine et dans le Nord-du-Québec.

QUÉBEC MISE SUR L'IA
Signe de l'époque, le gouvernement recentre son aide aux entreprises technologiques pour miser sur l'intelligence artificielle.
Québec juge que les entreprises qui bénéficient du programme en vigueur n'offrent désormais «qu'une faible valeur ajoutée». Les quelque 540 millions prévus pour celui-ci d'ici 2030 seront donc redirigés aux emplois liés à l'intelligence artificielle.
Québec allonge aussi 22 millions sur deux ans pour financer les activités de Mila, un centre de recherche spécialisé en intelligence artificielle relié aux universités de Montréal et McGill.

LES BIENS ÉTRANGERS DÉSORMAIS À DÉCLARATION OBLIGATOIRE
Comme c'est le cas depuis plusieurs années au fédéral, Québec demandera désormais aux contribuables qui possèdent des biens de plus de 100 000$ hors du Canada de les déclarer.
Jusqu'ici, Revenu Québec misait sur la collaboration de l'Agence de revenu du Canada pour savoir ce que possèdent les Québécois à l'étranger, mais souhaite désormais avoir son propre mécanisme pour obtenir ces renseignements.
Le gouvernement Legault estime que cela permettra l'application «équitable» des lois fiscales.

PLUS D'OBLIGATIONS FISCALES POUR LES ENTREPRISES
Parmi les mesures subtiles du budget Girard: la fin de l'indexation du seuil d’admissibilité aux taux réduits de la cotisation des employeurs au Fonds des services de santé.
En d'autres mots, Québec cesse d’ajuster systématiquement à la hausse le montant à partir duquel les compagnies doivent contribuer au taux maximal au système de santé québécois.
La fin de l'indexation, qui apportera passivement un revenu de 259,4 millions aux caisses publiques d'ici 2030, fera certainement grogner les milieux d'affaires, qui y verront une hausse des charges sociales des entreprises.
Déjà, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a déploré «une mauvaise nouvelle».

MOINS DE PROGRAMMES, MAIS PLUS D'ARGENT POUR L'INNOVATION
Inquiet de l'écart entre les investissements des entreprises québécoises en recherche et développement (R&D) par rapport à celles du Canada, le gouvernement Legault «optimise» son financement de l'innovation par un nouveau programme «simplifié».
Le budget 2025-2026 prévoit donc l'élimination de huit mesures qui encouragent la recherche et le développement pour en créer une nouvelle: le crédit d’impôt pour la recherche, l’innovation et la commercialisation (CRIC).
Malgré la suppression de huit mesures pour en créer une, les entreprises devraient gagner au change. Québec prévoit investir 2,4 milliards avec son nouveau programme, soit 271 millions de plus que les économies reliées à la suppression des précédents programmes.

AVANTAGES POUR LES MINÉRAUX CRITIQUES
Autre témoin de l'époque: Québec met les bouchées doubles pour encourage les investissements dans le développement des minéraux critiques qui se trouvent dans le sous-sol québécois.
Le gouvernement resserre les crédits d'impôt pour les activités minières dites traditionnelles, histoire de pouvoir en offrir davantage aux sociétés qui s'intéressent aux minéraux critiques et stratégiques.
Celles-ci pourront jouir de crédits d'impôt doublés jusqu'à la fin de l'année 2029, ce qui représente 27 millions de dollars sur quatre ans.

MÉNAGE DANS LES CRÉDITS D'IMPÔT
À l'instar de plusieurs de ses prédécesseurs, le ministre des Finances Eric Girard s'est targué d'avoir fait un ménage dans les crédits d'impôt au cours de «l’examen des dépenses fiscales» fait dans la dernière année.
Il estime que cette «optimisation» et «simplification» des aides gouvernementales, qui touchent notamment les secteurs de la santé, des assurances et des ressources naturelles, permettra d'économiser trois milliards au cours des cinq prochaines années.

Animation: Nathalie Fortier
Design graphique: Pascale Chayer et Nathalie Fortier
Photos: 123rf