MATTHEW VACHON
matthew.vachon@lenouvelliste.qc.ca

Ayant mis les pieds pour la première fois dans la Ligue nationale de hockey (LNH) en 1971 et étant toujours actif dans le milieu 54 ans plus tard, Gilles Meloche a vécu un parcours fascinant qui l’a mené au sein d’organisations disparues comme celles des Golden Seals de la Californie, des Barons de Cleveland ou encore des North Stars du Minnesota, mais surtout à cinq titres de la Coupe Stanley avec les Penguins de Pittsburgh.

Né à Montréal en 1950, Meloche a tout d’abord effectué ses premiers pas dans le hockey junior A à l’âge de 18 ans avec les Maple Leafs de Verdun. Après une première année réussie, Meloche a vu les Maple Leafs de Verdun se joindre à la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) dès la campagne suivante.

Se retrouvant derrière une équipe qui avait connu des difficultés au cours du calendrier régulier (seulement 20 victoires en 56 parties), le jeune cerbère avait offert une performance brillante au premier tour des éliminatoires, ce qui avait permis aux Maple Leafs de causer la surprise et de montrer la porte aux Royals de Cornwall qui comptaient alors sur les services du futur membre du Temple de la renommée, le gardien Billy Smith.

«Sans vouloir me vanter, Billy et moi étions parmi les meilleurs du circuit à ce moment. J’avais eu de bonnes séries», s’est remémoré Meloche.

Si les Maple Leafs avaient été évincés dès la ronde suivante par les Alouettes de Saint-Jérôme, la saison de Meloche avait pu se prolonger de quelques semaines quand les Remparts de Québec, champions des séries, avaient fait appel à ses services pour accéder aux séries de la Coupe Memorial. À cette époque, les équipes pouvaient choisir un gardien d’une autre équipe pour la durée de la Coupe Memorial et Québec avait opté pour Meloche.

Se retrouvant ainsi aux côtés d’un jeune Guy Lafleur, Meloche avait pris part à huit parties, amenant les Remparts jusqu’à la demi-finale canadienne. C’est cependant à cette étape que les Remparts s’étaient fait montrer la porte de sortie face à Gilbert Perreault, Réjean Houle et la puissante formation du Canadien junior de Montréal.

Le temps de quelques semaines, Gilles Meloche avait compté Guy Lafleur comme coéquipier chez les Remparts de Québec. (Photo Archives Le Soleil)

Le temps de quelques semaines, Gilles Meloche avait compté Guy Lafleur comme coéquipier chez les Remparts de Québec. (Photo Archives Le Soleil)

«Je me rappelle que j’étais embarqué devant le filet après que notre club ait perdu les deux premiers matchs contre les Islanders de Charlottetown (en quarts de finale). Nous avions finalement éliminé les Islanders pour ensuite perdre face au Canadien junior. C’était la grosse machine. L’année suivante, Lafleur et les Remparts avaient gagné la Coupe, éliminant au passage Marcel Dionne et les Black Hawks de St Catharines.»

Malgré cette fin, l’impression laissée par Meloche lui avait donné la chance d’attirer l’attention des recruteurs de la Ligue nationale de hockey (LNH). Cet été-là, les Black Hawks de Chicago en avaient fait le 70e choix de l’encan annuel du circuit, permettant ainsi à Meloche d’effectuer le saut dans la Ligue internationale de hockey (LIH) dès ses 20 ans.

Défendant les couleurs des Generals de Flint pendant 33 matchs, Meloche avait été appelé en renfort à Chicago après les Fêtes alors que l’auxiliaire de Tony Esposito, Gerry Desjardins, s’était blessé sérieusement au bras. Si Esposito avait disputé la vaste majorité des parties, Meloche avait eu droit à ses deux premiers départs dans la LNH à ce moment-là.

Le bras cassé de Gerry Desjardins qui a tout changé

À l’été 1971, la direction de Chicago a choisi d’envoyer Desjardins aux Golden Seal de la Californie, une formation de l’expansion 1967, afin de préserver la paire Esposito-Meloche. Le problème, c’est que Desjardins n’était pas suffisamment guéri et les Golden Seals avaient demandé de faire annuler la transaction. Pour les compenser, les Black Hawks avaient repris Desjardins en retour de Meloche et de Paul Shmyr.

«C’était un choc! J’avais passé une seule année dans l’organisation de Chicago. Je sortais tout juste du junior et je ne connaissais pas beaucoup de choses. Ça a cependant été une chance incroyable pour moi cette transaction. À Chicago, Esposito jouait quasiment tous les matchs. En Californie, je n’avais que 21 ans et, à cette époque, l’autre gardien le plus jeune dans la ligue avait 29 ans.»

Meloche a passé ses cinq premières campagnes complètes dans la LNH dans l’uniforme des Golden Seals, disputant annuellement entre 41 et 59 matchs. (Magazine de la LNH)

Meloche a passé ses cinq premières campagnes complètes dans la LNH dans l’uniforme des Golden Seals, disputant annuellement entre 41 et 59 matchs. (Magazine de la LNH)

Se retrouvant propulsé dans la chaise de partant, Meloche avait été utilisé à profusion, aidant même les Californiens à s’approcher à six points d’une participation aux séries lors de la saison 1971-1972.

«Nous étions très bien traités. La controverse dont tout le monde parle, c’est en lien avec le propriétaire flamboyant que nous avions (Charles Finley) qui possédait aussi les As d’Oakland. Il voulait que ses deux organisations aient un uniforme similaire. Comme les As avaient des souliers blancs, il a introduit les patins blancs au hockey. Il fallait peinturer les patins à tous les matchs. C’était l’enfer!»

Outre ce propriétaire coloré, les Golden Seals, avec la création de l’Association mondiale de hockey (AMH), avaient été durement touchés alors qu’ils avaient essuyé le départ de neuf joueurs réguliers pour ce nouveau circuit.

Incapable de se remettre d’un tel coup de poing, la formation a ensuite connu quatre saisons de misère où Meloche se faisait mitrailler de rondelles plus souvent qu’à son tour. Malgré le contexte sportif difficile dans lequel il a été plongé avec la troupe basée à Oakland, le Montréalais conserve de beaux souvenirs de son séjour là-bas.

«Quand nous étions sur la route, nous sortions dans de bons restaurants. Nous étions même la seule équipe qui voyageait en première classe dans l’avion. Il avait mis le feu aux fesses au reste de la ligue. Nous étions vraiment bien traités, mais nous n’avions pas une bonne formation. D’ailleurs, partout où j’allais dans la ligue, j’avais droit à une bonne presse. Je me comptais chanceux d’être un gardien partant si jeune. Ça m’a donné l’occasion de jouer 788 matchs dans la LNH, un total qui m’a longtemps permis d’être parmi les dix les plus utilisés en carrière (21e à ce jour).»

Photo 1: Anthony Esposito 1973. (Wikipédia).
Photo 2: Aux premières loges pour voir les Golden Seals porter des patins blancs, Meloche garde de bons souvenirs de son passage en Californie. (Magazine de la LNH)

Gerry Desjardins qui a tout changé

À l’été 1971, la direction de Chicago a choisi d’envoyer Desjardins aux Golden Seal de la Californie, une formation de l’expansion 1967, afin de préserver la paire Esposito-Meloche. Le problème, c’est que Desjardins n’était pas suffisamment guéri et les Golden Seals avaient demandé de faire annuler la transaction. Pour les compenser, les Black Hawks avaient repris Desjardins en retour de Meloche et de Paul Shmyr.

«C’était un choc! J’avais passé une seule année dans l’organisation de Chicago. Je sortais tout juste du junior et je ne connaissais pas beaucoup de choses. Ça a cependant été une chance incroyable pour moi cette transaction. À Chicago, Esposito jouait quasiment tous les matchs. En Californie, je n’avais que 21 ans et, à cette époque, l’autre gardien le plus jeune dans la ligue avait 29 ans.»

Meloche a passé ses cinq premières campagnes complètes dans la LNH dans l’uniforme des Golden Seals, disputant annuellement entre 41 et 59 matchs. (Magazine de la LNH)

Meloche a passé ses cinq premières campagnes complètes dans la LNH dans l’uniforme des Golden Seals, disputant annuellement entre 41 et 59 matchs. (Magazine de la LNH)

Se retrouvant propulsé dans la chaise de partant, Meloche avait été utilisé à profusion, aidant même les Californiens à s’approcher à six points d’une participation aux séries lors de la saison 1971-1972.

«Nous étions très bien traités. La controverse dont tout le monde parle, c’est en lien avec le propriétaire flamboyant que nous avions (Charles Finley) qui possédait aussi les As d’Oakland. Il voulait que ses deux organisations aient un uniforme similaire. Comme les As avaient des souliers blancs, il a introduit les patins blancs au hockey. Il fallait peinturer les patins à tous les matchs. C’était l’enfer!»

Outre ce propriétaire coloré, les Golden Seals, avec la création de l’Association mondiale de hockey (AMH), avaient été durement touchés alors qu’ils avaient essuyé le départ de neuf joueurs réguliers pour ce nouveau circuit.

Incapable de se remettre d’un tel coup de poing, la formation a ensuite connu quatre saisons de misère où Meloche se faisait mitrailler de rondelles plus souvent qu’à son tour. Malgré le contexte sportif difficile dans lequel il a été plongé avec la troupe basée à Oakland, le Montréalais conserve de beaux souvenirs de son séjour là-bas.

«Quand nous étions sur la route, nous sortions dans de bons restaurants. Nous étions même la seule équipe qui voyageait en première classe dans l’avion. Il avait mis le feu aux fesses au reste de la ligue. Nous étions vraiment bien traités, mais nous n’avions pas une bonne formation. D’ailleurs, partout où j’allais dans la ligue, j’avais droit à une bonne presse. Je me comptais chanceux d’être un gardien partant si jeune. Ça m’a donné l’occasion de jouer 788 matchs dans la LNH, un total qui m’a longtemps permis d’être parmi les dix les plus utilisés en carrière (21e à ce jour).»

Photo 1: Anthony Esposito 1973. (Wikipédia). Photo 2: Aux premières loges pour voir les Golden Seals porter des patins blancs, Meloche garde de bons souvenirs de son passage en Californie. (Magazine de la LNH)

Photo 1: Anthony Esposito 1973. (Wikipédia). Photo 2: Aux premières loges pour voir les Golden Seals porter des patins blancs, Meloche garde de bons souvenirs de son passage en Californie. (Magazine de la LNH)

Meloche a passé ses cinq premières campagnes complètes dans la LNH dans l’uniforme des Golden Seals, disputant annuellement entre 41 et 59 matchs. Crédit : Magasine de la LNH (...)

Meloche a passé ses cinq premières campagnes complètes dans la LNH dans l’uniforme des Golden Seals, disputant annuellement entre 41 et 59 matchs. Crédit : Magasine de la LNH (...)

La misère à Cleveland

Propriétaire des Golden Seals à compter de 1975 (la LNH avait pris le contrôle de l’organisation en 1974 après que Charles Finley ait voulu se débarrasser du club), Melvin Swig avait pour objectif d’amener l’équipe à San Francisco et d’y construire un nouvel aréna. Cependant, ayant appuyé le mauvais maire lors de l’élection municipale de San Francisco de 1976, son projet est tombé à l’eau, sonnant du même coup le glas des Golden Seals en Californie.

Déménagée en catastrophe à Cleveland pour y devenir les Barons, la situation de la franchise s’est empirée. En plus d’être toujours aussi piteuse sur la glace, l’organisation avait vu son environnement se détériorer. Accueillant de 3000 à 4000 personnes par rencontre dans le Richefield Coliseum qui pouvait en contenir 18 500, les Barons n’ont finalement duré que deux minces saisons avant d’être forcés de fusionner avec les North Stars du Minnesota après la campagne 1977-1978.

L’aventure à Cleveland a été de courte durée et mémorable pour de moins bonnes raisons. (Old Hockey Cards)

L’aventure à Cleveland a été de courte durée et mémorable pour de moins bonnes raisons. (Old Hockey Cards)

«Là, à Cleveland, c’était l’enfer. Il n’y avait pas de bonnes foules et l’aréna était environ à 40 minutes du centre-ville. C’était une erreur monumentale. C’est pour ça que ça n’a pas fonctionné. Ça n’avait pas l’air d’une franchise de la LNH… Pour les voyages, c’était difficile. Nous étions pratiquement tous à une heure de Cleveland. Nous étions sur la route tout le temps. C’était très plate.»

Les meilleurs moments au Minnesota

Lorsque les Barons et les North Stars ont fusionné en 1978, l’organisation du Minnesota était une abonnée régulière aux derniers échelons du classement général. Cependant, avec l’injection du talent qu’il y avait chez les Barons à ce qu’il y avait déjà en place dans leur vestiaire, les North Stars ont été revigorés.

«Le Minnesota a conservé les meilleurs joueurs que nous avions à Cleveland, dont Al MacAdam, Dennis Maruk et Robert Murdoch. Ce sont sept ou huit patineurs que l’équipe a conservés.»

En ajoutant à cela de bonnes sélections au repêchage et l’arrivée de joueurs de la formation nationale américaine, notamment Neal Broten, Meloche et le Minnesota ont entrepris une remontée dans les années suivantes. Utilisé souvent plus que 50 fois par année, le portier québécois a eu son mot à dire.

Il était d’ailleurs le principal homme de confiance des North Stars quand ceux-ci ont atteint la finale de la Coupe Stanley au printemps 1981. Se butant cependant à la dynastie des Islanders de New York, les North Stars avaient été contraints de s’incliner en cinq matchs.

«Ce fut de loin mes plus belles années dans la LNH. C’est là que j’ai eu du plaisir. Nous étions dans une belle ville de hockey, notre équipe était bonne et nous étions bien dirigés par Glen Sonmor. Ce fut vraiment sept superbes années.»

Après la fusion des Barons aux North Stars, Meloche a connu ses plus belles années comme gardien avec la troupe du Minnesota. (Vintage Minnesota Hockey)

Après la fusion des Barons aux North Stars, Meloche a connu ses plus belles années comme gardien avec la troupe du Minnesota. (Vintage Minnesota Hockey)

Après cinq années en Californie, les Golden Seals sont devenus les Barons de Cleveland, équipe pour laquelle Meloche a disputé les deux seules saisons de son histoire. (Temple de la renommée du hockey)

Après cinq années en Californie, les Golden Seals sont devenus les Barons de Cleveland, équipe pour laquelle Meloche a disputé les deux seules saisons de son histoire. (Temple de la renommée du hockey)

Le bronze avec Gretzky

Dans la deuxième portion de sa carrière, le portier québécois a eu l’occasion d’être de la partie pour deux Championnats du monde, soit celui de 1977 présenté à Vienne en Autriche et celui de 1982 à Helsinki en Finlande.

Dans un premier temps confiné à un rôle de spectateur derrière Tony Esposito et Jim Rutherford, Meloche avait vu le Canada terminer au 4e rang de la compétition. Il avait ensuite été rappelé de nouveau pour défendre les couleurs de l’unifolié et cette fois-là, il avait disputé cinq matchs au sein d’une équipe menée par un jeune Wayne Gretzky de 21 ans qui avait remporté la médaille de bronze.

Appelé à participer au Championnat du monde de 1982, Meloche a remporté le bronze aux côtés de Wayne Gretzky. (Classic Auctions)

Appelé à participer au Championnat du monde de 1982, Meloche a remporté le bronze aux côtés de Wayne Gretzky. (Classic Auctions)

«En jouant professionnellement, je ne pensais pas que ça allait être réalisable pour moi. J’aurais peut-être aimé mieux être encore dans les séries à ce moment-là, mais tant qu’à ne pas y être, je préférais y aller. Je prenais ça comme un compliment d’être assez reconnu pour être retenu par le Canada.»

Fin de carrière à Pittsburgh

Au terme de la campagne 1984-1985, Meloche était désormais âgé de 34 ans et malgré les bons services rendus au Minnesota, le divorce a été prononcé en raison d’une incapacité à déboucher sur une nouvelle entente contractuelle.

Ainsi échangé aux Oilers d’Edmonton à l’été 1985, le Québécois n’a finalement été que de passage dans l’organisation albertaine alors que les négociations ont également été infructueuses avec celle-ci. Il a donc été transigé de nouveau, cette fois aux Penguins.

C’est ultimement à Pittsburgh que Meloche a écoulé les trois dernières années de sa carrière aux côtés de Mario Lemieux. Bien que les Oilers gagnaient des championnats à la même période, Meloche n’entretient pas de regret par rapport à la manière dont les choses se sont placées pour lui. À Pittsburgh, il a disputé 34, 43 et 27 matchs et ce sont eux qui lui ont permis de faire une transition réussie vers sa deuxième carrière.

Lors de ses trois dernières saisons comme gardien, Gilles Meloche a pu côtoyer la jeune sensation des Penguins, Mario Lemieux. (Photo Archives La Presse)

Lors de ses trois dernières saisons comme gardien, Gilles Meloche a pu côtoyer la jeune sensation des Penguins, Mario Lemieux. (Photo Archives La Presse)

«Ce n’était qu’une question de contrat. Qu’il m’ait échangé là-bas, c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver. À Edmonton, j’aurais été derrière Grant Fuhr. J’ai même disputé une quarantaine de matchs à Pittsburgh une année. Ça m’a aussi permis de développer des connexions pour la suite afin d’avoir de l’ouvrage après ma retraite.»

Meloche se montre d’ailleurs reconnaissant d’avoir pu côtoyer une pléiade d’étoiles du hockey au cours de son parcours à un moment ou à un autre.

«J’ai joué deux parties contre Henri Richard avant sa retraite. J’ai affronté Bobby Orr. À Chicago, j’ai fait quelques camps avec Bobby Hull et Stan Mikita. J’ai disputé deux Championnats du monde avec le Canada et j’ai eu Wayne Gretzky à mes côtés. J’ai aussi pris part au dernier match des étoiles de Gordie Howe alors que c’était à Détroit et que j’étais dans son équipe. Des fois, je me pince. Est-ce que j’ai vraiment joué avec ou contre tous ces grands noms du hockey? Ça me rend très fier.»

De gauche à droite: Gordie Howe, Stan Mikita et Henri Richard. (Wikimedia Commons)

Fin de carrière à Pittsburgh

Au terme de la campagne 1984-1985, Meloche était désormais âgé de 34 ans et malgré les bons services rendus au Minnesota, le divorce a été prononcé en raison d’une incapacité à déboucher sur une nouvelle entente contractuelle.

Ainsi échangé aux Oilers d’Edmonton à l’été 1985, le Québécois n’a finalement été que de passage dans l’organisation albertaine alors que les négociations ont également été infructueuses avec celle-ci. Il a donc été transigé de nouveau, cette fois aux Penguins.

C’est ultimement à Pittsburgh que Meloche a écoulé les trois dernières années de sa carrière aux côtés de Mario Lemieux. Bien que les Oilers gagnaient des championnats à la même période, Meloche n’entretient pas de regret par rapport à la manière dont les choses se sont placées pour lui. À Pittsburgh, il a disputé 34, 43 et 27 matchs et ce sont eux qui lui ont permis de faire une transition réussie vers sa deuxième carrière.

«Ce n’était qu’une question de contrat. Qu’il m’ait échangé là-bas, c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver. À Edmonton, j’aurais été derrière Grant Fuhr. J’ai même disputé une quarantaine de matchs à Pittsburgh une année. Ça m’a aussi permis de développer des connexions pour la suite afin d’avoir de l’ouvrage après ma retraite.»

Meloche se montre d’ailleurs reconnaissant d’avoir pu côtoyer une pléiade d’étoiles du hockey au cours de son parcours à un moment ou à un autre.

«J’ai joué deux parties contre Henri Richard avant sa retraite. J’ai affronté Bobby Orr. À Chicago, j’ai fait quelques camps avec Bobby Hull et Stan Mikita. J’ai disputé deux Championnats du monde avec le Canada et j’ai eu Wayne Gretzky à mes côtés. J’ai aussi pris part au dernier match des étoiles de Gordie Howe alors que c’était à Détroit et que j’étais dans son équipe. Des fois, je me pince. Est-ce que j’ai vraiment joué avec ou contre tous ces grands noms du hockey? Ça me rend très fier.»

Stan Mikita et Henri Richard. (Wikimedia Commons)

Stan Mikita et Henri Richard. (Wikimedia Commons)

Penguins jusqu’au bout

Au moment de commencer cette entrevue, Meloche s’excuse un instant afin de sortir. Maintenant basé en Floride, le Québécois est encore à l’emploi des Penguins comme recruteur professionnel, mais en tant que semi-retraité. Il ne va voir que quelques équipes en saison, soit les Panthers de la Floride, le Lightning de Tampa Bay, les Hurricanes de la Caroline et les Stars de Dallas dans la LNH depuis cinq ans.

Après plus de 40 ans à l’emploi de l’organisation de Pittsburgh, le sympathique homme de 75 ans peut bien se permettre un peu de répit. Il note d’ailleurs que cette année 2024-2025 sera très probablement sa dernière avant de pleinement profiter de la chaleur de la Floride.

«C’est pour me maintenir occupé que je fais ça. Rendu à 75 ans, je vais me reposer par contre. Ça devrait être ma dernière.»

Meloche le concède, au moment d’accepter la fonction d’entraîneur des gardiens et de recruteur amateur basé au Québec lors de la saison 1989-1990, il n’aurait jamais osé croire que les Penguins seraient son unique employeur pour sa deuxième carrière.

«Je n’aurais jamais pensé rester là si longtemps! Souvent lorsque ça change au sommet, les nouveaux amènent leurs connaissances. J’ai été chanceux. Chaque fois qu’il y a eu du mouvement, j’ai eu des entrevues et ça s’est toujours bien déroulé. J’ai fait mon travail et les patrons semblaient satisfaits. Quand tu as de bons gardiens, c’est plus simple!»

Meloche a été de l’aventure pour l’ensemble des cinq championnats de l’organisation de Pittsburgh, dont celle de 2009 qui a été menée par Fleury devant les filets. (Reuters)

Meloche a été de l’aventure pour l’ensemble des cinq championnats de l’organisation de Pittsburgh, dont celle de 2009 qui a été menée par Fleury devant les filets. (Reuters)

Au cours de cette période, ce ne sont pas les grands noms ni les souvenirs heureux qui ont manqué. Présent pour l’ensemble des cinq conquêtes de la Coupe Stanley des Penguins (1991, 1992, 2009, 2015 et 2016), Meloche se sait privilégié d’avoir pu vivre tout ça.

«Je n’ai pas de bague de la Coupe Stanley en tant que joueur, mais j’en ai cinq comme entraîneur et recruteur des Penguins. Les récompenses sont bonnes! C’était incroyable de vivre cette première conquête en 1991. À cette époque, lorsque les séries débutaient, j’étais à temps complet avec l’équipe. J’avais eu la chance de disputer la finale en 1981 avec les North Stars et j’avais vu les Islanders se promener avec la Coupe. Là, c’était moi qui l’avais. C’était tout ce que j’avais rêvé quand j’étais jeune.»

Gilles Meloche et Brandon Sutter en 2013 (Wikimedia Commons)

Gilles Meloche et Brandon Sutter en 2013 (Wikimedia Commons)

(Photo Archives, Agence France-Presse)

(Photo Archives, Agence France-Presse)

Fleury, son protégé

Quand il est question de Gilles Meloche, il est impossible de ne pas parler de Marc-André Fleury. À son année de repêchage en 2003, Meloche était celui qui avait milité en faveur de Fleury auprès du directeur général Craig Patrick. Il estimait que les Penguins, alors dans les bas-fonds du classement, devaient miser sur un gardien de qualité pour espérer remonter la pente.

Écoutant les conseils de son recruteur, Patrick s’était même avancé au 1er rang de l’encan pour s’assurer des services de Fleury. La décision fut sans doute la bonne puisque quelques années plus tard, Fleury aidait les Penguins à soulever la Coupe Stanley au printemps 2009.

Lorsqu’il est question de son ancien protégé, Meloche parle de Fleury comme étant son enfant du hockey, fier de voir ce qu’il est devenu.

Dans sa deuxième carrière, Meloche a travaillé uniquement pour les Penguins. Il est celui à qui les Penguins doivent la sélection de Marc-André Fleury. (Archives Associated Press)

Dans sa deuxième carrière, Meloche a travaillé uniquement pour les Penguins. Il est celui à qui les Penguins doivent la sélection de Marc-André Fleury. (Archives Associated Press)

«Je l’ai connu à 17 ans et là il a 40 ans. De tout ce temps, il n’a jamais changé. On dirait qu’il a encore 17 ans. Il sourit et il est toujours de bonne humeur. Il ne jette pas le blâme à personne. Quand j’ai une chance, je regarde toutes ses parties alors que nous sommes encore en communication. Il m’a d’ailleurs rendu un honneur incroyable lorsqu’il a inscrit mon nom sur son masque l’année passée au moment où le Wild a porté son troisième chandail. Ça ne sera pas long et il sera au Temple de la renommée.»

Le fait d’avoir pu partager la conquête de 2009 avec lui demeure à ce jour l’un des souvenirs les plus marquants de la carrière de Meloche. C’était la consécration du travail de plusieurs années qu’il avait amorcé en plaçant toute sa confiance en Fleury.  

«Quand il est arrivé, notre équipe était vraiment poche. Nous l’avions même renvoyé dans le junior pour éviter qu’il prenne de mauvaises habitudes tellement l’équipe était mauvaise. Ce sont donc des moments qui restent gravés dans ta mémoire à jamais. J’avais convaincu mon gérant pour nous assurer d’avoir Marc-André. Sans un bon gardien, ça ne serait jamais arrivé. C’était un peu comme si c’était mon bébé qui avait gagné le gros lot. C’était vraiment plaisant.»

Gilles Meloche en 2011 (Wikipédia)

Gilles Meloche en 2011 (Wikipédia)

 

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