MIKAËL LALANCETTE
mlalancette@lesoleil.com

Un mot résume parfaitement l’édition championne de l’Avalanche en 1995-96: famille. Voici en cinq actes comment les liens étroits qui les unissaient ont permis aux anciens Nordiques de passer de la peine à l’extase dès leur première saison au Colorado.

La 16e rue Mall de Denver fourmille d’activités à quelques heures du repêchage de la Ligue nationale de hockey prévu à Edmonton. Le capitaine des anciens Nordiques, Joe Sakic, est de passage en ville avec une quinzaine d’autres coéquipiers pour une présentation officielle.

Quelques heures plus tôt, près de 8700 partisans de la capitale du Colorado ont envahi le McNichols Arena pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux voisins de la formation de basketball locale, les Nuggets. 

En soirée, après avoir été présenté à un agent d'immeuble, l’ex-numéro 19 des Bleus fait le pied de grue avec ses coéquipiers devant le Cheesecake Factory dans l’attente d’une table pour souper.

Le McNichols Sports Arena avant le déménagement au Pepsi Center en 1999. (Photo AP David Zalubowski)

Le McNichols Sports Arena avant le déménagement au Pepsi Center en 1999. (Photo AP David Zalubowski)

Après de longues minutes à faire la file devant le populaire restaurant du centre-ville, certains joueurs affamés s’impatientent, dont Mike Ricci et Adam Foote.

Let’s go, Joe, va parler au gérant, leur demandent-ils dans l’espoir que la notoriété de Sakic leur permettra de s’asseoir plus rapidement.

— Deux heures d’attente! répète sans broncher l’homme de la réception.

Près de 30 ans plus tard, la scène déride toujours le natif de la Colombie-Britannique. Le contraste était total avec Québec, où on déroulait le tapis rouge aux joueurs des Nordiques en les voyant débarquer pour boire ou manger.

(Vidéo Mikaël Lalancette)

(Vidéo Mikaël Lalancette)

Cliquez ici pour la traduction

Les Bleus formaient une famille très populaire, comme en témoignent les 12 000 personnes à s’être prévalu d’un billet de saison dès la confirmation de leur arrivée dans la ville des Broncos depuis 1960, des Nuggets (1967) et des Rockies (1993) 

La cité est en pleine ébullition, fraîchement dotée d’un aéroport de 5 milliards $ et d’un centre des congrès moderne, dont la taille a été doublée depuis.

La 16e rue Mall de Denver fourmille d’activités à quelques heures du repêchage de la Ligue nationale de hockey prévu à Edmonton. Le capitaine des anciens Nordiques, Joe Sakic, est de passage en ville avec une quinzaine d’autres coéquipiers pour une présentation officielle.

Quelques heures plus tôt, près de 8700 partisans de la capitale du Colorado ont envahi le McNichols Arena pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux voisins de la formation de basketball locale, les Nuggets. 

En soirée, après avoir été présenté à un agent d'immeuble, l’ex-numéro 19 des Bleus fait le pied de grue avec ses coéquipiers devant le Cheesecake Factory dans l’attente d’une table pour souper.

Le McNichols Sports Arena avant le déménagement au Pepsi Center en 1999. (Photo AP David Zalubowski)

Le McNichols Sports Arena avant le déménagement au Pepsi Center en 1999. (Photo AP David Zalubowski)

Après de longues minutes à faire la file devant le populaire restaurant du centre-ville, certains joueurs affamés s’impatientent, dont Mike Ricci et Adam Foote.

Let’s go, Joe, va parler au gérant, leur demandent-ils dans l’espoir que la notoriété de Sakic leur permettra de s’asseoir plus rapidement.

— Deux heures d’attente! répète sans broncher l’homme de la réception.

Près de 30 ans plus tard, la scène déride toujours le natif de la Colombie-Britannique. Le contraste était total avec Québec, où on déroulait le tapis rouge aux joueurs des Nordiques en les voyant débarquer pour boire ou manger.

(Vidéo Mikaël Lalancette)

(Vidéo Mikaël Lalancette)

Cliquez ici pour la traduction

Les Bleus formaient une famille très populaire, comme en témoignent les 12 000 personnes à s’être prévalu d’un billet de saison dès la confirmation de leur arrivée dans la ville des Broncos depuis 1960, des Nuggets (1967) et des Rockies (1993) 

La cité est en pleine ébullition, fraîchement dotée d’un aéroport de 5 milliards $ et d’un centre des congrès moderne, dont la taille a été doublée depuis.

Joe Sakic (Photo AP David Zalubowski)

Joe Sakic (Photo AP David Zalubowski)

La question qui brûle les lèvres depuis l'annonce du retour de la LNH à Denver, c’est de savoir comment la nouvelle équipe s’appellera. Le choix populaire des partisans selon un sondage, les Cougars, est écarté et une rumeur court à l’effet que l’entreprise Comsat optera pour le Rocky Mountain Extreme.

La direction arrête finalement son choix sur l’Avalanche. Créé par Daniel Price, le logo met en évidence un A en forme de montagne. Tout cela sous l’œil attentif du directeur général, Pierre Lacroix. 

«La philosophie de Pierre, c’était qu’on ne pouvait pas manquer notre coup sur le logo, se souvient l’ancien directeur des communications des Nordiques et de l’Avalanche Jean Martineau. À ses yeux, notre crédibilité passait d’abord et avant tout par le logo.»

Le grand patron du département hockey de l’Avalanche était de tout les combats. L’un de ses gros coups a été d’embaucher sa première adjointe administrative, Charlotte Grahame, la femme de l’ex-gardien des Nordiques, Ron Grahame. 

Le Québécois a recruté l’employée des Nuggets après l’avoir rencontrée presque par hasard au vétuste McNichols Arena et en fait l’une de ses piliers. «Elle a été une source incroyable d’informations pour Pierre, elle connaissait tout et elle avait le hockey dans le sang», résume Jean Martineau.

Dans les premiers mois de l’Avalanche, Martineau, Lacroix, Grahame, l’assistant directeur général, François Giguère, et quelques autres travaillent pratiquement jour et nuit. De grosses boîtes en carton leur servent de bureaux dans de minuscules locaux.

«Nos dîners se résumaient souvent à un grilled cheese au jambon dans une taverne située pas très loin du McNichols Arena, rigole Charlotte Grahame. Un moment donné, Pierre m’a dit: “Coudonc, est-ce le seul restaurant de la ville?’’ C’est après qu’il a découvert les bonnes tables!»

«Il la voyait [Charlotte] plus que moi! sourit la femme de l’ex-DG, Colombe Lacroix. Ils sont partis de rien, mais avec un objectif clair: gagner. Quand on avait été éliminé par les Rangers, quelques mois plus tôt, à Québec, j’avais dit à Pierre que je lui donne cinq ans pour gagner sa coupe et il m’avait répondu: “Parfait!’’ Quand mon mari voulait quelque chose, il s’organisait pour aller le chercher.»

Le défi est à la hauteur des talents de négociateur de Pierre Lacroix. Un «leader» et un «visionnaire» hors pair selon ses anciens collaborateurs.

La question qui brûle les lèvres depuis l'annonce du retour de la LNH à Denver, c’est de savoir comment la nouvelle équipe s’appellera. Le choix populaire des partisans selon un sondage, les Cougars, est écarté et une rumeur court à l’effet que l’entreprise Comsat optera pour le Rocky Mountain Extreme.

La direction arrête finalement son choix sur l’Avalanche. Créé par Daniel Price, le logo met en évidence un A en forme de montagne. Tout cela sous l’œil attentif du directeur général, Pierre Lacroix. 

«La philosophie de Pierre, c’était qu’on ne pouvait pas manquer notre coup sur le logo, se souvient l’ancien directeur des communications des Nordiques et de l’Avalanche Jean Martineau. À ses yeux, notre crédibilité passait d’abord et avant tout par le logo.»

Le grand patron du département hockey de l’Avalanche était de tout les combats. L’un de ses gros coups a été d’embaucher sa première adjointe administrative, Charlotte Grahame, la femme de l’ex-gardien des Nordiques, Ron Grahame. 

Le Québécois a recruté l’employée des Nuggets après l’avoir rencontrée presque par hasard au vétuste McNichols Arena et en fait l’une de ses piliers. «Elle a été une source incroyable d’informations pour Pierre, elle connaissait tout et elle avait le hockey dans le sang», résume Jean Martineau.

Dans les premiers mois de l’Avalanche, Martineau, Lacroix, Grahame, l’assistant directeur général, François Giguère, et quelques autres travaillent pratiquement jour et nuit. De grosses boîtes en carton leur servent de bureaux dans de minuscules locaux.

«Nos dîners se résumaient souvent à un grilled cheese au jambon dans une taverne située pas très loin du McNichols Arena, rigole Charlotte Grahame. Un moment donné, Pierre m’a dit: “Coudonc, est-ce le seul restaurant de la ville?’’ C’est après qu’il a découvert les bonnes tables!»

«Il la voyait [Charlotte] plus que moi! sourit la femme de l’ex-DG, Colombe Lacroix. Ils sont partis de rien, mais avec un objectif clair: gagner. Quand on avait été éliminé par les Rangers, quelques mois plus tôt, à Québec, j’avais dit à Pierre que je lui donne cinq ans pour gagner sa coupe et il m’avait répondu: “Parfait!’’ Quand mon mari voulait quelque chose, il s’organisait pour aller le chercher.»

Le défi est à la hauteur des talents de négociateur de Pierre Lacroix. Un «leader» et un «visionnaire» hors pair selon ses anciens collaborateurs.

Joe Sakic (Photo AP David Zalubowski)

Joe Sakic (Photo AP David Zalubowski)

Après avoir démissionné du poste de DG en 2006, Pierre Lacroix a été président de l'Avalanche jusqu’en 2013. (Photo AP David Zalubowski)

Après avoir démissionné du poste de DG en 2006, Pierre Lacroix a été président de l'Avalanche jusqu’en 2013. (Photo AP David Zalubowski)

Depuis son passage d’agent de joueurs à directeur général en 1994, Pierre Lacroix tente de recréer avec ses équipes ce qui a été la force des Canadiens pendant des décennies dans sa ville natale de Montréal.

À l’interne, l’architecte du club évoque tellement souvent la tradition gagnante du Bleu Blanc Rouge que cela se retourne contre lui à quelques jours du lancement de la saison locale prévu le 6 octobre 1995.

Les billets du match inaugural contre les Red Wings mettent en évidence un gardien de but aux couleurs tricolores qui correspond en tout point à Patrick Roy. 

L’Avalanche s’intéresse au gardien des Canadiens, mais le directeur général Serge Savard n’est pas encore prêt à échanger. L’impair peut-il faire dérailler une future transaction?

«Pierre était tout en sueur en voyant les billets, rigole Jean Martineau. Il y avait tellement d’argent qui avait été investi dans ça qu’on ne pouvait pas les faire refaire. À partir de ce moment, il m’a fait savoir que toute la publicité écrite devait être autorisée par moi!»

En octobre 1995, le président Ronald Corey congédie Serge Savard et Jacques Demers. Le 2 décembre 1995, les Canadiens subissent une débandade de 11 à 1 contre les Red Wings de Scotty Bowman. 

Frustré d'avoir été humilié par son entraîneur-chef, Mario Tremblay, Patrick Roy lève les bras vers le ciel. Il est échangé à l’Avalanche quatre jours plus tard en compagnie du capitaine Mike Keane, en retour de Jocelyn Thibault, Martin Ručinský et Andrei Kovalenko. 

Comme le nouveau directeur général, Réjean Houle tient à obtenir les renforts le plus vite possible, le trio de l’Avalanche quitte pour Montréal à bord de l'avion nolisé qui amènera Roy et Keane à Denver ensuite.

«Et c’est le Canadien qui a payé!» pouffe de rire Jean Martineau. 

Patrick Roy lève les bras vers le ciel... mais avec l’Avalanche! (Photo REUTERS)

Patrick Roy lève les bras vers le ciel... mais avec l’Avalanche! (Photo REUTERS)

Tous s’entendent à dire que la venue de Casseau change complètement le cours de l’histoire de l’Avalanche, aidé par deux autres ex-Canadiens, Claude Lemieux et Mike Keane.

«Leur attitude gagnante nous a fait passer à un autre niveau, témoigne Peter Forsberg. C’était l’ingrédient qu’il nous manquait pour gagner.»

«Si nous étions restés à Québec, on n’aurait jamais eu Patrick», d’ajouter Joe Sakic en rappelant la féroce rivalité Canadiens-Nordiques.

Après avoir démissionné du poste de DG en 2006, Pierre Lacroix a été président de l'Avalanche jusqu’en 2013. (Photo AP David Zalubowski)

Après avoir démissionné du poste de DG en 2006, Pierre Lacroix a été président de l'Avalanche jusqu’en 2013. (Photo AP David Zalubowski)

Depuis son passage d’agent de joueurs à directeur général en 1994, Pierre Lacroix tente de recréer avec ses équipes ce qui a été la force des Canadiens pendant des décennies dans sa ville natale de Montréal.

À l’interne, l’architecte du club évoque tellement souvent la tradition gagnante du Bleu Blanc Rouge que cela se retourne contre lui à quelques jours du lancement de la saison locale prévu le 6 octobre 1995.

Les billets du match inaugural contre les Red Wings mettent en évidence un gardien de but aux couleurs tricolores qui correspond en tout point à Patrick Roy. 

L’Avalanche s’intéresse au gardien des Canadiens, mais le directeur général Serge Savard n’est pas encore prêt à échanger. L’impair peut-il faire dérailler une future transaction?

«Pierre était tout en sueur en voyant les billets, rigole Jean Martineau. Il y avait tellement d’argent qui avait été investi dans ça qu’on ne pouvait pas les faire refaire. À partir de ce moment, il m’a fait savoir que toute la publicité écrite devait être autorisée par moi!»

En octobre 1995, le président Ronald Corey congédie Serge Savard et Jacques Demers. Le 2 décembre 1995, les Canadiens subissent une débandade de 11 à 1 contre les Red Wings de Scotty Bowman. 

Frustré d'avoir été humilié par son entraîneur-chef, Mario Tremblay, Patrick Roy lève les bras vers le ciel. Il est échangé à l’Avalanche quatre jours plus tard en compagnie du capitaine Mike Keane, en retour de Jocelyn Thibault, Martin Ručinský et Andrei Kovalenko. 

Comme le nouveau directeur général, Réjean Houle tient à obtenir les renforts le plus vite possible, le trio de l’Avalanche quitte pour Montréal à bord de l'avion nolisé qui amènera Roy et Keane à Denver ensuite.

«Et c’est le Canadien qui a payé!» pouffe de rire Jean Martineau. 

Patrick Roy lève les bras vers le ciel... mais avec l’Avalanche! (Photo REUTERS)

Patrick Roy lève les bras vers le ciel... mais avec l’Avalanche! (Photo REUTERS)

Tous s’entendent à dire que la venue de Casseau change complètement le cours de l’histoire de l’Avalanche, aidé par deux autres ex-Canadiens, Claude Lemieux et Mike Keane.

«Leur attitude gagnante nous a fait passer à un autre niveau, témoigne Peter Forsberg. C’était l’ingrédient qu’il nous manquait pour gagner.»

«Si nous étions restés à Québec, on n’aurait jamais eu Patrick», d’ajouter Joe Sakic en rappelant la féroce rivalité Canadiens-Nordiques.

Patrick Roy (Photo AP Joe Mahoney)

Patrick Roy (Photo AP Joe Mahoney)

Comme ils le font toujours lorsque la famille d’un des joueurs du club qui s’agrandit, Pierre Lacroix et sa femme Colombe passent au chevet des Lemieux lors de la naissance de leur fils Brendan, en mars 1996.

Surnommée Coco, la femme du DG insère une petite coupe Stanley miniature dans les doigts du poupon. «On va la gagner, notre coupe!» souffle-t-elle.

Éric Lacroix et sa mère Colombe, en novembre dernier. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

Éric Lacroix et sa mère Colombe, en novembre dernier. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

La proximité presque fusionnelle qu’entretenait le DG avec ses joueurs a marqué tous les membres de l’édition 1995-96 de l’Avalanche. Et des suivantes…

«Quand il arrivait quelque chose à un joueur, Pierre allait chez lui comme si c’était un membre de sa famille, relate Jean Martineau. Il était vraiment proche d’eux.»

La maison des Lacroix n’est jamais vide et des joueurs, souvent des Québécois, y élisent même domicile. C’est aussi là que se tiennent les bilans d’équipe, l’équivalent, rigole alors Lacroix, de passer à la «chaise électrique».

Colombe Lacroix conserve des souvenirs précieux des soupers de raclette qu’elle organisait pour les jeunes célibataires de l’équipe. «La maison était tout le temps pleine, nos portes étaient toujours ouvertes, ajoute-t-elle. Ça me fait tellement drôle de revoir tous les enfants que j’ai vus venir au monde il y a 30 ans. Je me demande où est passé tout ce temps…»

Les nombreuses victoires de la troupe de Marc Crawford ont un effet bœuf à Denver, où régnait une certaine tradition de hockey. 

Marc Crawford et Bob Hartley (Photo PC Paul Chiasson)

Marc Crawford et Bob Hartley (Photo PC Paul Chiasson)

La ville des anciens Rockies (1976 à 1982), des Rangers (1987 à 1989), des Grizzlies (1994-95) et des Pioneers de l’Université de Denver (depuis 1949) se met alors à vibrer au rythme de l’Avalanche. «Les gens se sont dit: “Qu’est-ce qui se passe? Mais qui sont ces gens?’’» se souvient Charlotte Grahame.

C’est le début d’une belle histoire d’amour pour le club du Colorado. Déficitaire à sa première année, la formation augmentera considérablement les prix de ses billets — trop abordables au départ — par la suite. 

L’Avalanche jouera 487 matchs de suite à guichets fermés, un record de la LNH établi sur 11 saisons. Dès 2000, le club du Colorado trônera même au sommet de la ligue en matière de revenus de billets.

Comme ils le font toujours lorsque la famille d’un des joueurs du club qui s’agrandit, Pierre Lacroix et sa femme Colombe passent au chevet des Lemieux lors de la naissance de leur fils Brendan, en mars 1996.

Surnommée Coco, la femme du DG insère une petite coupe Stanley miniature dans les doigts du poupon. «On va la gagner, notre coupe!» souffle-t-elle.

Éric Lacroix et sa mère Colombe, en novembre dernier. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

Éric Lacroix et sa mère Colombe, en novembre dernier. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

La proximité presque fusionnelle qu’entretenait le DG avec ses joueurs a marqué tous les membres de l’édition 1995-96 de l’Avalanche. Et des suivantes…

«Quand il arrivait quelque chose à un joueur, Pierre allait chez lui comme si c’était un membre de sa famille, relate Jean Martineau. Il était vraiment proche d’eux.»

La maison des Lacroix n’est jamais vide et des joueurs, souvent des Québécois, y élisent même domicile. C’est aussi là que se tiennent les bilans d’équipe, l’équivalent, rigole alors Lacroix, de passer à la «chaise électrique».

Colombe Lacroix conserve des souvenirs précieux des soupers de raclette qu’elle organisait pour les jeunes célibataires de l’équipe. «La maison était tout le temps pleine, nos portes étaient toujours ouvertes, ajoute-t-elle. Ça me fait tellement drôle de revoir tous les enfants que j’ai vus venir au monde il y a 30 ans. Je me demande où est passé tout ce temps…»

Les nombreuses victoires de la troupe de Marc Crawford ont un effet bœuf à Denver, où régnait une certaine tradition de hockey. 

Marc Crawford et Bob Hartley (Photo PC Paul Chiasson)

Marc Crawford et Bob Hartley (Photo PC Paul Chiasson)

La ville des anciens Rockies (1976 à 1982), des Rangers (1987 à 1989), des Grizzlies (1994-95) et des Pioneers de l’Université de Denver (depuis 1949) se met alors à vibrer au rythme de l’Avalanche. «Les gens se sont dit: “Qu’est-ce qui se passe? Mais qui sont ces gens?’’» se souvient Charlotte Grahame.

C’est le début d’une belle histoire d’amour pour le club du Colorado. Déficitaire à sa première année, la formation augmentera considérablement les prix de ses billets — trop abordables au départ — par la suite. 

L’Avalanche jouera 487 matchs de suite à guichets fermés, un record de la LNH établi sur 11 saisons. Dès 2000, le club du Colorado trônera même au sommet de la ligue en matière de revenus de billets.

Jeunes et prometteurs, les anciens Bleus, qui n’avaient pas gagné une seule ronde éliminatoire depuis 1987, connaissent un parcours éliminatoire presque sans faille. Le directeur général mange un muffin par jour par superstition. «Il fallait en manger nous aussi, on ne pouvait pas dire non!» blague Charlotte Grahame.

Le 10 juin 1996, Joe Sakic, Peter Forsberg, Patrick Roy, Adam Deadmarsh, Sandis Ozolinsh et les autres remportent la Coupe Stanley. Il s’agit du premier titre de Denver au sein d’un des quatre circuits majeurs (LNH, NBA, NFL et MLB).

Le capitaine de l’Avalanche, Joe Sakic, a soulevé sa première coupe Stanley le 10 mai 1996. Le défilé dans les rues a attiré 100 000 personnes dans les rues de Denver. (Photo AP Joe Mahoney)

Le capitaine de l’Avalanche, Joe Sakic, a soulevé sa première coupe Stanley le 10 mai 1996. Le défilé dans les rues a attiré 100 000 personnes dans les rues de Denver. (Photo AP Joe Mahoney)

La première de trois conquêtes (2001 et 2022) jette les bases pour des décennies de succès. «C’était presque biblique de gagner à notre première année, réfléchit l’ex-grand patron de Comsat, Charlie Lyons. C’est comme si Dieu avait décidé que le Colorado devait gagner son premier championnat!»

Trente ans après les faits, l’ancien producteur de cinéma ne s'est jamais senti coupable d'avoir tué les Fleurdelisés.

(Vidéo Mikaël Lalancette)

(Vidéo Mikaël Lalancette)

Cliquez ici pour la traduction

«Je ne me suis pas senti mal envers Québec, je suis reconnaissant envers Québec. Je considère qu'on a hérité d'un morceau important de l'histoire, qui a changé l'état et la région pour toujours. L'Avalanche est profondément enracinée dans les Rocheuses.»

L’arrivée d’un nouveau propriétaire multimilliardaire, Stan Kroenke, marié à Ann Walton Kroenke, une héritière du cofondateur de Walmart James Walton, a complètement changé la donne par la suite. Humble et humain, l’important propriétaire terrien du Montana est toujours resté loin des opérations hockey.

Comme président de ce département, Joe Sakic perpétue l’histoire des Bleus au Colorado. De sa résidence de Parker, où son garage est tapissé de photos d’équipes de toutes ses années passées chez les Nordiques et l’Avalanche, Jean Martineau a une formule pour décrire la contribution du gagnant du trophée Conn-Smythe en 1996.

L’ex-directeur des communications des Nordiques et de l’Avalanche, Jean Martineau, dans son garage de Parker en banlieue de Denver. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

L’ex-directeur des communications des Nordiques et de l’Avalanche, Jean Martineau, dans son garage de Parker en banlieue de Denver. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

«C’est le meilleur capitaine qu’on pouvait avoir, résume-t-il. Je le surnomme notre UFC pour Ultimate Franchise Captain

«Je suis fier de voir Joe toujours en poste parce qu'on voit que l'héritage de mon père ne s'en va pas», termine Éric Lacroix, l'un des deux fils du disparu en décembre 2020.

Du reste, sa place au Temple de la renommée du hockey, une bannière au plafond du Ball Arena et une photo accrochée au mur du centre d’entraînement de l’Avalanche, le Family Sports Center, sont là pour en témoigner.

La montée de la première des trois bannières de championnats qui flottent maintenant dans les hauteurs du Ball Arena. (Photo REUTERS Kathie Spaz)

La montée de la première des trois bannières de championnats qui flottent maintenant dans les hauteurs du Ball Arena. (Photo REUTERS Kathie Spaz)

(Archives Le Soleil Jacques Deschênes et Adrian Dater)

(Archives Le Soleil Jacques Deschênes et Adrian Dater)

Jeunes et prometteurs, les anciens Bleus, qui n’avaient pas gagné une seule ronde éliminatoire depuis 1987, connaissent un parcours éliminatoire presque sans faille. Le directeur général mange un muffin par jour par superstition. «Il fallait en manger nous aussi, on ne pouvait pas dire non!» blague Charlotte Grahame.

Le 10 juin 1996, Joe Sakic, Peter Forsberg, Patrick Roy, Adam Deadmarsh, Sandis Ozolinsh et les autres remportent la Coupe Stanley. Il s’agit du premier titre de Denver au sein d’un des quatre circuits majeurs (LNH, NBA, NFL et MLB).

Le capitaine de l’Avalanche, Joe Sakic, a soulevé sa première coupe Stanley le 10 mai 1996. Le défilé dans les rues a attiré 100 000 personnes dans les rues de Denver. (Photo AP Joe Mahoney)

Le capitaine de l’Avalanche, Joe Sakic, a soulevé sa première coupe Stanley le 10 mai 1996. Le défilé dans les rues a attiré 100 000 personnes dans les rues de Denver. (Photo AP Joe Mahoney)

La première de trois conquêtes (2001 et 2022) jette les bases pour des décennies de succès. «C’était presque biblique de gagner à notre première année, réfléchit l’ex-grand patron de Comsat, Charlie Lyons. C’est comme si Dieu avait décidé que le Colorado devait gagner son premier championnat!»

Trente ans après les faits, l’ancien producteur de cinéma ne s'est jamais senti coupable d'avoir tué les Fleurdelisés.

(Vidéo Mikaël Lalancette)

(Vidéo Mikaël Lalancette)

Cliquez ici pour la traduction

«Je ne me suis pas senti mal envers Québec, je suis reconnaissant envers Québec. Je considère qu'on a hérité d'un morceau important de l'histoire, qui a changé l'état et la région pour toujours. L'Avalanche est profondément enracinée dans les Rocheuses.»

L’arrivée d’un nouveau propriétaire multimilliardaire, Stan Kroenke, marié à Ann Walton Kroenke, une héritière du cofondateur de Walmart James Walton, a complètement changé la donne par la suite. Humble et humain, l’important propriétaire terrien du Montana est toujours resté loin des opérations hockey.

Comme président de ce département, Joe Sakic perpétue l’histoire des Bleus au Colorado. De sa résidence de Parker, où son garage est tapissé de photos d’équipes de toutes ses années passées chez les Nordiques et l’Avalanche, Jean Martineau a une formule pour décrire la contribution du gagnant du trophée Conn-Smythe en 1996.

L’ex-directeur des communications des Nordiques et de l’Avalanche, Jean Martineau, dans son garage de Parker en banlieue de Denver. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

L’ex-directeur des communications des Nordiques et de l’Avalanche, Jean Martineau, dans son garage de Parker en banlieue de Denver. (Photo Le Soleil, Mikaël Lalancette)

«C’est le meilleur capitaine qu’on pouvait avoir, résume-t-il. Je le surnomme notre UFC pour Ultimate Franchise Captain

«Je suis fier de voir Joe toujours en poste parce qu'on voit que l'héritage de mon père ne s'en va pas», termine Éric Lacroix, l'un des deux fils du disparu en décembre 2020.

Du reste, sa place au Temple de la renommée du hockey, une bannière au plafond du Ball Arena et une photo accrochée au mur du centre d’entraînement de l’Avalanche, le Family Sports Center, sont là pour en témoigner.

La montée de la première des trois bannières de championnats qui flottent maintenant dans les hauteurs du Ball Arena. (Photo REUTERS Kathie Spaz)

La montée de la première des trois bannières de championnats qui flottent maintenant dans les hauteurs du Ball Arena. (Photo REUTERS Kathie Spaz)

(Photo REUTERS Mike Blake)

(Photo REUTERS Mike Blake)

À lire dans la même série

La gloire, la peine et le bonheur retrouvé de Marcel Aubut

D’autres confidences sur la vente des Nordiques

Le Soleil à Denver: que reste-t-il des Nordiques?

Pèlerinage au sommet de l’Empire State Building

Le Soleil à Denver: ces Bleus que personne ne pourrait faire déménager

Designers graphiques
PASCALE CHAYER ET NATHALIE FORTIER