JEAN CARRIER
jcarrier@lesoleil.com

C’est le 15 novembre 1980 que Jean-Yves Thériault parvient à se hisser au haut de la pyramide de son sport en remportant le titre de champion du monde de kickboxing chez les poids moyens face à Robert Biggs. Un titre qu’il conservera jusqu’à sa retraite de son sport le 1er décembre 1995. Une période de 15 ans dans laquelle son impact sur les sports de combat restera légendaire et où son surnom restera gravé à jamais dans la mémoire collective. Bienvenue dans le monde de l’homme de glace!

«Ça arrive souvent que des jeunes viennent me voir à mon école de jiu-jitsu et de kickboxing et me disent que leurs grands-pères leur ont dit de venir me voir. Je repère tout de suite ceux qui font des recherches sur moi avec Internet par la suite, ils ne me regardent plus du tout de la même façon et je trouve ça toujours drôle.»
— Jean-Yves Thériault en entrevue avec Le Soleil

Jean-Yves Thériault face à Mark Longo à Québec en 1990. (Archives Ville de Québec/Jean Vallières)

Jean-Yves Thériault face à Mark Longo à Québec en 1990. (Archives Ville de Québec/Jean Vallières)

Né à Paquetville, dans le nord du Nouveau-Brunswick c’est cependant à Ottawa que Jean-Yves Thériault grandira et trouvera la voie des arts martiaux. Bien malin celui qui à cette époque aurait pu prédire la trajectoire que Thériault allait prendre. D’une nature calme et paisible, il aimait faire du sport de façon ludique.

«Comme tout bon Canadien français à cette époque, j’ai évidemment joué au hockey. J’ai aussi fait du softball et du soccer, mais je dédaignais les sports collectifs organisés. Ce que j’aimais, c’était juste de jouer avec mes amis. Je n’étais pas intéressé à être dans une équipe.»

Son amour pour le kickboxing se développera sur le tard et c’est par un mélange de circonstances qu’il cognera à la porte de celui qui allait devenir son instructeur et son gérant.

À gauche: Jean-Yves Thériault face à Steve Wright en 1983. (Archives Ville de Québec/Jean Vallières) À droite: Jean-Yves Thériault à l'entraînement en 1990. (Archives Ville de Québec/Raynald Lavoie)

À gauche: Jean-Yves Thériault face à Steve Wright en 1983. (Archives Ville de Québec/Jean Vallières) À droite: Jean-Yves Thériault à l'entraînement en 1990. (Archives Ville de Québec/Raynald Lavoie)

Une passion grâce à Bruce Lee

Même s’il ne faisait pas de vague à son école secondaire, il arrivait que Thériault assiste à des batailles entre élèves. Il ne souhaitait vraiment pas se battre, une question lui trottait souvent dans la tête.

«Je n’étais pas une tête folle dans la cour d’école, mais si les circonstances faisaient en sorte que je sois obligé de me battre, je me demandais comment j’agirais. J’étais simplement intéressé à savoir me défendre. Il ne faut pas non plus sous-estimer la sortie du film Opération Dragon. C’est un film culte des années 1970 avec Bruce Lee. On voulait tous lui ressembler.»

C’est donc en 1972 que Jean-Yves Thériault s’inscrit à l’école de jiu-jitsu de John Therien avec son frère et un ami. Les choses ont commencé lentement avec son instructeur.

«C’était une époque différente, c’était un peu tabou comme sport et il y avait quelque chose de mystérieux avec ceux qui possédaient une ceinture noire et ils étaient très rares. De nos jours, c’est beaucoup plus commun.»
— Jean-Yves Thériault

Il participe à des compétitions de touche légère pour débuter, mais il fait savoir à son instructeur qu’il a besoin de plus. C’est à ce moment qu’il fait ses débuts au kickboxing. Il remporte son premier combat de façon serrée et il perd son second. Un moment crucial dans son développement.

«C’était un appel de réveil, mon conditionnement physique n’était pas assez bon et c’est à ce moment que j’ai décidé que ça n’arriverait plus jamais. Tous les jours, je me poussais à l’entraînement et j’essayais de devenir meilleur que la veille. C’est de cette façon que ma passion s’est forgée, ça s’est fait graduellement.»

(Archives Ville de Québec/Jean Vallières)

(Archives Ville de Québec/Jean Vallières)

Une passion grâce à Bruce Lee

Même s’il ne faisait pas de vague à son école secondaire, il arrivait que Thériault assiste à des batailles entre élèves. Il ne souhaitait vraiment pas se battre, une question lui trottait souvent dans la tête.

«Je n’étais pas une tête folle dans la cour d’école, mais si les circonstances faisaient en sorte que je sois obligé de me battre, je me demandais comment j’agirais. J’étais simplement intéressé à savoir me défendre. Il ne faut pas non plus sous-estimer la sortie du film Opération Dragon. C’est un film culte des années 1970 avec Bruce Lee. On voulait tous lui ressembler.»

C’est donc en 1972 que Jean-Yves Thériault s’inscrit à l’école de jiu-jitsu de John Therien avec son frère et un ami. Les choses ont commencé lentement avec son instructeur.

«C’était une époque différente, c’était un peu tabou comme sport et il y avait quelque chose de mystérieux avec ceux qui possédaient une ceinture noire et ils étaient très rares. De nos jours, c’est beaucoup plus commun.»
— Jean-Yves Thériault

Il participe à des compétitions de touche légère pour débuter, mais il fait savoir à son instructeur qu’il a besoin de plus. C’est à ce moment qu’il fait ses débuts au kickboxing. Il remporte son premier combat de façon serrée et il perd son second. Un moment crucial dans son développement.

«C’était un appel de réveil, mon conditionnement physique n’était pas assez bon et c’est à ce moment que j’ai décidé que ça n’arriverait plus jamais. Tous les jours, je me poussais à l’entraînement et j’essayais de devenir meilleur que la veille. C’est de cette façon que ma passion s’est forgée, ça s’est fait graduellement.»

Bien plus qu’un surnom

Malgré le handicap d’avoir débuté le kickboxing sur la tard à 17 ans, Thériault gravit les échelons rapidement. Après une dizaine de combats, il se bat pour un titre provincial qu’il remporte. C’est après avoir conquis le titre canadien qu’il réalise qu’il pourrait possiblement gagner sa vie avec ce sport.

«Les bourses commençaient à devenir plus intéressantes et tu commences à calculer qu’avec quelques combats dans une année, tu peux bien gagner ta vie», explique celui qui croit que sa concentration et son engagement sont ses plus gros atouts comme combattant.

Jean-Yves Thériault face à Mark Longo à Québec en 1990. (Archives Ville de Québec/Jean Vallières)

Jean-Yves Thériault face à Mark Longo à Québec en 1990. (Archives Ville de Québec/Jean Vallières)

De fil en aiguille, Thériault fait sa place dans les classements. Il est maintenant dans les dix premiers au monde de sa catégorie. En 1980, le champion du monde en titre prend sa retraite et les dirigeants organisent un mini-tournoi avec les quatre premiers aspirants du moment pour déterminer le nouveau champion. Thériault, qui était classé quatrième, remporte son premier combat pour finalement avoir une chance au titre le 15 novembre 1980. Après avoir gagné le Championnat du monde, il défend son titre face à Rodney Baptiste en avril 1981.

Rodney Batiste (Wikipédia)

Rodney Batiste (Wikipédia)

«Après le combat que j’ai remporté, les journalistes lui ont demandé comment c’était de m’affronter. Il a répondu que j’étais très difficile à lire. Que j’étais comme un bloc de glace et le lendemain dans les journaux, l’homme de glace (Iceman) était né.»
— Jean-Yves Thériault

Un surnom qui allait devenir un alter ego pour Thériault.

«C’était une protection pour moi. Quand je suis devenu champion du monde, j’ai appris à me détacher de mes émotions. Ce surnom était une façade qui me permettait de m’évader de ma personnalité. Je l’ai dit, mais je suis une personne très pacifiste dans la vie. L’homme de glace, lui, ça ne le dérangeait pas de mettre quelqu’un KO!»

Jean-Yves Thériault a conservé sont titre de champion durant 15 ans. (ONF)

Jean-Yves Thériault a conservé sont titre de champion durant 15 ans. (ONF)

Notoriété évidente

Pour celui qui a défendu sa ceinture avec succès à 46 reprises, prendre soin de ses partisans n’a jamais été une corvée.

«La majorité de mes combats comme champion du monde ont eu lieu à Montréal et dans la région d’Ottawa. J’en ai fait deux à Québec et quelques-uns en France et en Suisse. J’ai toujours pris soin de bien traiter mes partisans et il n’était pas rare que je signe des autographes pendant une heure immédiatement après mes combats.»

Jean-Yves Thériault a écrit deux livres sur son sport. (ONF)

Jean-Yves Thériault a écrit deux livres sur son sport. (ONF)

C’est lors d’un voyage personnel en Afrique qu’il a compris que sa popularité allait bien au-delà des frontières de l’Amérique.

«Il y a deux jeunes garçons qui se sont avancés vers moi et il y en avait un qui tenait un magazine de kickboxing avec moi sur la page centrale. L’autre garçon m’a renversé parce qu’il tenait dans sa main un billet d’entrée de mon premier championnat du monde. J’étais estomaqué, j’ai signé les autographes et je leur ai donné un gros câlin!»

Même s’il ne se fait plus aussi souvent reconnaître qu’autrefois, Jean-Yves Thériault est toujours heureux quand ça arrive.

«Je vis très bien avec le fait que je suis moins populaire qu’avant. La différence maintenant c’est que je n’ai plus de moustache. J’ai eu longtemps les lumières braquées sur moi et j’ai conservé l’intérêt des gens pendant longtemps. Je suis reconnaissant pour ce que j’ai eu», explique celui qui mentionne avoir eu un regain de sa popularité quand il a été mentionné dans le balado de Joe Rogan en 2024.

Jean-Yves Thériault a obtenu sa ceinture noire de Ju-Jitsu en 2008. (ONF)

Jean-Yves Thériault a obtenu sa ceinture noire de Ju-Jitsu en 2008. (ONF)

Il a d’ailleurs moins apprécié le langage coloré du controversé personnage américain. Thériault a également rencontré l’ancien premier ministre Jean Chrétien il n’y a pas très longtemps.

«Il m’a écrit quelques lettres du temps que je combattais et l’occasion de le rencontrer s’est présentée. J’ai vraiment éprouvé du respect envers lui lors de notre rencontre.»

Celui de qui Georges Saint-Pierre a dit s’être inspiré durant sa carrière entretient aussi un respect mutuel avec l’ancienne vedette du Ultimate Fighting Championship (UFC).

«Je l’admire vraiment. C’est tout un athlète. On ne se parle pas souvent, mais il répond toujours rapidement quand je communique avec lui. Le respect est là.»

Il croit d’ailleurs que la période de vide laissée par le kickboxing a profité aux arts martiaux mixtes pour devenir le géant qu’il est aujourd’hui.

«J’ai souvent dit à nos dirigeants qu’il fallait préparer la relève après mon départ, mais il y a eu forcément un vide. Ce vide a été comblé par le UFC qui est devenu très populaire. J’ai énormément de respect pour ces athlètes, mais c’est maintenant le kickboxing qui est devenu plus niché. Tout répond à un cycle dans la vie.»

Vocation d’une vie

Maintenant âgée de 70 ans, la légende des sports de combat n’a jamais vraiment quitté son sport. Il est encore dans une excellente condition physique et il enseigne quatre fois par semaine à son école de jiu-jitsu et de kickboxing à Ottawa. Inutile de mentionner qu’il est le doyen de l’endroit.

«La discipline qui vient avec ce que j’ai choisi de faire dans la vie n’est pas un choix. Pour moi, de mourir sur le tatami, ça ne serait pas un drame. C’est une passion qui va rester toute ma vie et tant qu’il y a des gens qui ont de l’intérêt à m’écouter, je vais être là pour l’enseigner.»

Thériault dans son dojo. (Le Droit/Simon Séguin-Bertrand)

Thériault dans son dojo. (Le Droit/Simon Séguin-Bertrand)

La famille compte également beaucoup pour le septuagénaire et il partage encore beaucoup de son temps avec ses deux filles qu’il adore.

«Une de mes filles, Chantale, est atteinte de la maladie du Parkinson. Elle ne se laisse pas abattre par cela et elle vient tout juste d’organiser une collecte de fonds pour combattre la maladie et cela a été un vif succès. Elle ne retient pas du voisin et j’ose croire que je l’ai influencé positivement», explique celui qui a fait le pari avec ses deux filles que tant qu’il sera en vie, il courrait plus vite qu’elles.

Jean-Yves Thériault a lui-même été grandement influencé par sa mère qui est encore en vie. Il assure que la femme de 97 ans le garde jeune.

«Elle est veuve depuis que j’ai cinq ans et c’est une femme admirable. Elle me fait encore rire tous les jours. C’est elle qui m’a enseigné à redonner à ceux qui en ont besoin. C’est elle qui a eu la plus grande influence sur moi avec mon gérant John Therrien avec qui j’ai traversé bien des tempêtes. On est en affaires ensemble depuis longtemps et on ne s’est jamais chicané.»

Thériault travaille également dans un centre qui aide les sans-abri, les alcooliques et les toxicomanes.

«Je veux les aider, c’est un monde que je ne connais pas. Je crois que c’est un devoir dans la vie d’aider les autres si ça va bien dans ta propre vie. Ça remet toujours mes valeurs à la bonne place et je suis toujours content de retrouver le tatami après avoir travaillé au centre.»

On peut dire qu’il a rempli la promesse qu’il s’était faite au moment qu’il avait livré son dernier combat.

«Je me suis juré de continuer à être une bonne personne. J’ai pris la lettre «n» et je l’ai placé en avant de mon surnom Iceman. Ça fait nice man
Jean-Yves Thériault

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Nathalie Fortier, Le Soleil

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