
MATTHEW VACHON
matthew.vachon@lenouvelliste.qc.ca
Choix de premier tour des Devils du New Jersey en 1997, la fierté de Saint-Alexis-des-Monts, Jean-François Damphousse, a atteint la Ligue nationale de hockey (LNH) à l’âge de 22 ans, disputant les six premières et dernières parties de sa carrière comme adjoint de Martin Brodeur. Trois saisons plus tard, Damphousse accrochait ses jambières à la recherche de nouveaux défis.
Ne pas parler du passage de Damphousse chez les Wildcats de Moncton ne brosserait pas un portrait juste du cheminement du Mauricien. Sélectionné au 5e rang du repêchage 1996 de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) par l’organisation qui portait encore le nom des Alpines, le produit des Gouverneurs de Sainte-Foy a fait le saut dans le junior dès l’automne suivant.
Âgé de 17 ans, le portier s’était alors retrouvé au sein d’une formation en pleine reconstruction. Envoyé dans la mêlée à 39 occasions, il n’avait que signé six victoires. Malgré les difficultés collectives par la troupe de l’entraîneur-chef Bill Riley, Damphousse avait su attirer l’attention des équipes de la LNH grâce à ses prouesses. À un point tel où les Devils ont décidé de le sélectionner au 24e rang de l’encan 1997 du Circuit Bettman.
«C’était un sentiment de fierté immense pour le petit gars de Saint-Alexis-des-Monts qui a appris à patiner sur une patinoire extérieure au complexe municipal, un endroit où il n’y avait pas vraiment de système de réfrigération et un tracteur comme zamboni. J’étais fier d’avoir grandi dans ce milieu avec de belles valeurs familiales qui m’ont amené à devenir compétitif, désireux de me surpasser. Je voyais que dans les années à venir, il y aurait une opportunité de jouer dans la meilleure ligue au monde. C’était touchant de vivre ça avec mes proches.»
À cette époque, la formation du New Jersey comptait sur un Martin Brodeur âgé de 24 ans, déjà gagnant de sa première Coupe Stanley au printemps 1995. La sélection de Damphousse pouvait donc apparaître, à juste titre, quelque peu étonnante.
«C’était une surprise. J’avais rencontré une vingtaine d’organisations dans les journées précédentes. Je n’avais pas vraiment une idée par rapport à l’endroit où j’allais me retrouver. Il y avait certaines équipes qui avaient signifié beaucoup d’intérêt, dont les Stars de Dallas. Je pensais que ça allait peut-être aller dans cette direction, mais c’est le New Jersey qui m’a choisi. Que Martin soit là ou non, c’était une fierté.»
De ce fait, avec Brodeur bien installé devant les buts, les Devils ont pu prendre leur temps avec Damphousse et celui-ci a pu retourner se développer tranquillement pendant deux années de plus avec la troupe de Moncton.
En plus d’avoir vu sa carrière y décoller, le natif de Saint-Alexis-des-Monts a aussi trouvé l’amour alors qu’il y a connu celle qui allait devenir sa femme et la mère de ses enfants.
«Je l’ai rencontrée à ma première année à Moncton. Nous avons eu deux enfants ensemble. Nous nous sommes installés ici même pendant que je jouais professionnellement. Nous passions nos étés à cet endroit. […] Moncton a vraiment une place spéciale. Je garde un lien précieux avec Saint-Alexis-des-Monts où ma famille est toujours. J’y retourne quelques fois par année pour voir mon père. Le grand Moncton est toutefois devenu un deuxième chez moi.»
Photo 1: Avant de faire le saut dans les rangs professionnels, Jean-François Damphousse a pris son envol chez les Wildcats de Moncton. Signe des liens puissants qu’il a développés au Nouveau-Brunswick, Damphousse est encore un résident de cette province. (Photo Ligue canadienne de hockey).
Photo 2: À l’époque où Damphousse a été repêché par le New Jersey, Martin Brodeur en était à ses premières dans la LNH et il était déjà un gardien de premier plan.
Photo 1: Avant de faire le saut dans les rangs professionnels, Jean-François Damphousse a pris son envol chez les Wildcats de Moncton. Signe des liens puissants qu’il a développés au Nouveau-Brunswick, Damphousse est encore un résident de cette province. (Photo Ligue canadienne de hockey). - Photo 2: À l’époque où Damphousse a été repêché par le New Jersey, Martin Brodeur en était à ses premières dans la LNH et il était déjà un gardien de premier plan.
Photo 1: Avant de faire le saut dans les rangs professionnels, Jean-François Damphousse a pris son envol chez les Wildcats de Moncton. Signe des liens puissants qu’il a développés au Nouveau-Brunswick, Damphousse est encore un résident de cette province. (Photo Ligue canadienne de hockey). - Photo 2: À l’époque où Damphousse a été repêché par le New Jersey, Martin Brodeur en était à ses premières dans la LNH et il était déjà un gardien de premier plan.
Ne pas parler du passage de Damphousse chez les Wildcats de Moncton ne brosserait pas un portrait juste du cheminement du Mauricien. Sélectionné au 5e rang du repêchage 1996 de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) par l’organisation qui portait encore le nom des Alpines, le produit des Gouverneurs de Sainte-Foy a fait le saut dans le junior dès l’automne suivant.
Âgé de 17 ans, le portier s’était alors retrouvé au sein d’une formation en pleine reconstruction. Envoyé dans la mêlée à 39 occasions, il n’avait que signé six victoires. Malgré les difficultés collectives par la troupe de l’entraîneur-chef Bill Riley, Damphousse avait su attirer l’attention des équipes de la LNH grâce à ses prouesses. À un point tel où les Devils ont décidé de le sélectionner au 24e rang de l’encan 1997 du Circuit Bettman.
«C’était un sentiment de fierté immense pour le petit gars de Saint-Alexis-des-Monts qui a appris à patiner sur une patinoire extérieure au complexe municipal, un endroit où il n’y avait pas vraiment de système de réfrigération et un tracteur comme zamboni. J’étais fier d’avoir grandi dans ce milieu avec de belles valeurs familiales qui m’ont amené à devenir compétitif, désireux de me surpasser. Je voyais que dans les années à venir, il y aurait une opportunité de jouer dans la meilleure ligue au monde. C’était touchant de vivre ça avec mes proches.»
À cette époque, la formation du New Jersey comptait sur un Martin Brodeur âgé de 24 ans, déjà gagnant de sa première Coupe Stanley au printemps 1995. La sélection de Damphousse pouvait donc apparaître, à juste titre, quelque peu étonnante.
«C’était une surprise. J’avais rencontré une vingtaine d’organisations dans les journées précédentes. Je n’avais pas vraiment une idée par rapport à l’endroit où j’allais me retrouver. Il y avait certaines équipes qui avaient signifié beaucoup d’intérêt, dont les Stars de Dallas. Je pensais que ça allait peut-être aller dans cette direction, mais c’est le New Jersey qui m’a choisi. Que Martin soit là ou non, c’était une fierté.»
De ce fait, avec Brodeur bien installé devant les buts, les Devils ont pu prendre leur temps avec Damphousse et celui-ci a pu retourner se développer tranquillement pendant deux années de plus avec la troupe de Moncton.
En plus d’avoir vu sa carrière y décoller, le natif de Saint-Alexis-des-Monts a aussi trouvé l’amour alors qu’il y a connu celle qui allait devenir sa femme et la mère de ses enfants.
«Je l’ai rencontrée à ma première année à Moncton. Nous avons eu deux enfants ensemble. Nous nous sommes installés ici même pendant que je jouais professionnellement. Nous passions nos étés à cet endroit. […] Moncton a vraiment une place spéciale. Je garde un lien précieux avec Saint-Alexis-des-Monts où ma famille est toujours. J’y retourne quelques fois par année pour voir mon père. Le grand Moncton est toutefois devenu un deuxième chez moi.»

Dans la LNH
à 22 ans
Après trois années et 138 parties avec les Wildcats, Damphousse a pu effectuer ses débuts professionnels en 1999, se retrouvant à partager son temps avec les River Rats d’Albany dans la Ligue américaine de hockey (LAH) pour 26 matchs et les Lynx d’Augusta dans la Ligue ECHL pour 14 rencontres. Avec un pourcentage d’arrêts de 92% à Albany, le portier de 20 ans était parvenu à bien tirer son épingle du jeu.
«En tant que jeune gardien de 20 ans, je souhaitais me prouver le plus rapidement possible. J’étais cependant réaliste en me disant que ça allait me prendre quelques années dans la LAH. Le rôle de gardien, tu ne peux pas sauter d’étapes. Je voulais m’améliorer et saisir mes opportunités pour faire ma carapace. Avec Martin comme numéro un, ça peut être impressionnant également. Si j’avais eu à être le second de Martin pendant des années, je l’aurais fait. Je désirais donc me donner confiance et espérer faire une longue carrière.»
Pour sa seconde saison professionnelle, le Mauricien d’origine a d’abord été cédé dans la LAH pour commencer la campagne 2001-2002. Après quelques semaines, le club du New Jersey a cependant fait appel aux services de Damphousse afin de seconder Brodeur. Durant ce séjour avec le grand club, le gardien a été envoyé dans la mêlée à six reprises, profitant de l’occasion pour signer son unique victoire dans la LNH face aux Flames de Calgary dans la journée du 9 janvier 2002.
«J’ai adoré ça, notamment la façon dont les joueurs sont traités. Tu côtoies aussi des gars au talent exceptionnel, ce qui te fait prendre conscience à quel point la ligue est forte. Même les moins bons ont des talents assez exceptionnels. J’ai réalisé que je pouvais évoluer à ce niveau. Peut-être que si j’avais pu gagner les matchs plus serrés, j’aurais pu rester un peu plus longtemps. Il y a des choses qu’on ne contrôle pas. Je demeure fier de mes performances.»
Lou Lamoriello était le directeur général des Devils à l’époque où Damphousse était dans l’organisation du New Jersey. (Photo Associated Press)
Lou Lamoriello était le directeur général des Devils à l’époque où Damphousse était dans l’organisation du New Jersey. (Photo Associated Press)
Préférant miser sur un portier d’expérience pour épauler leur étoile, les Devils ont pris la décision de sortir le vétéran John Vanbiesbrouck de la retraite. Avec l’arrivée de celui-ci, le directeur général Lou Lamoriello a retourné Damphouse dans la LAH pour terminer la campagne. Aux yeux du principal intéressé, ce fut le début de la fin pour lui chez les Devils. Quelques mois plus tard, il était échangé aux Mighty Ducks d’Anaheim.
«J’ai passé une demi-saison avec leur club-école à Cincinnati. À ce moment, je me sentais un peu comme un gardien des mineures alors qu’ils comptaient déjà sur Jean-Sébastien Giguère, Martin Gerber et un jeune Ilya Bryzgalov. Dans les mois qui ont suivi, peut-être que ma valeur avait monté un peu, j’ai été de nouveau transigé. Je me suis retrouvé avec les Flames de Calgary à la date limite des échanges et j’ai terminé l’année avec les Flames de Saint John dans la LAH.»
Quand Jean-François Damphousse est arrivé chez les Mighty Ducks, ceux-ci étaient déjà bien armés devant le filet. Jean-Sébastien Giguère allait d’ailleurs mener Anaheim à la finale de la Coupe Stanley quelques mois plus tard, ce qui allait lui valoir le trophée Conn-Smythe malgré la défaite des siens. (Photo Reuters)
Quand Jean-François Damphousse est arrivé chez les Mighty Ducks, ceux-ci étaient déjà bien armés devant le filet. Jean-Sébastien Giguère allait d’ailleurs mener Anaheim à la finale de la Coupe Stanley quelques mois plus tard, ce qui allait lui valoir le trophée Conn-Smythe malgré la défaite des siens. (Photo Reuters)
À cette époque, les Flames étaient menés par le directeur général Craig Button, l’ancien recruteur en chef des Stars de Dallas qui, en 1997, avait démontré un vif intérêt à le sélectionner. Avec lui, Damphousse aurait peut-être eu la chance de prouver sa valeur. Malheureusement, Button a été limogé quelques mois seulement après en avoir fait son acquisition. Le successeur de Button, Darryl Sutter, n’avait pas le même intérêt et il a préféré laisser partir le Mauricien, qui allait souffler ses 24 bougies à l’été, sans lui offrir le moindre contrat.
Avant de devenir analyste pour le réseau TSN, Craig Button était un dirigeant dans la LNH et il croyait beaucoup au potentiel de Damphousse. (Photo TSN)
Avant de devenir analyste pour le réseau TSN, Craig Button était un dirigeant dans la LNH et il croyait beaucoup au potentiel de Damphousse. (Photo TSN)
«Je sentais que mon développement allait dans la bonne direction pourtant. J’avais donc choisi de signer une entente dans l’organisation du Canadien de Montréal et j’ai joué avec les Bulldogs de Hamilton cette année-là (2003-2004).»
Auteur d’une intéressante campagne avec une moyenne de buts accordés de 2,30, un pourcentage d’arrêts 91,2% et 19 victoires en 35 rencontres, Damphousse aurait pu croire qu’il y avait quelque chose à développer pour lui au sein de la grande famille du Canadien. Cependant, le fameux lock-out de 2004-2005 est venu couper cet élan.
«C’est un peu comme ça que ça s’est terminé. J’étais allé disputer une année dans le senior (RadioX de Québec) et j’ai perdu l’intérêt dans le processus. J’avais l’option d’aller en Europe ou dans le senior, mais l’aspect business a eu le dessus sur la passion de jouer. On aurait dit que la chandelle était éteinte à partir de là.»
C’est donc ainsi que, à l’âge de 25 ans, le hockey professionnel s’est arrêté pour le choix de premier tour des Devils en 1997. Questionné à savoir s’il avait des regrets quand il reconsidère cette décision prise il y a 20 ans, Damphousse juge que non.
Après cinq saisons dans les rangs professionnels, Damphousse a pris la décision qu’il était temps pour lui de passer à un nouveau défi dans sa carrière. (Photo Ligue canadienne de hockey)
Après cinq saisons dans les rangs professionnels, Damphousse a pris la décision qu’il était temps pour lui de passer à un nouveau défi dans sa carrière. (Photo Ligue canadienne de hockey)
«Je ne pense pas en avoir. Est-ce que j’aurais pu recommencer en bas dans la ECHL pour ensuite remonter dans la LAH? Probablement. Cependant, dans ma tête, je voulais être un joueur de la LNH. Être un gars des circuits mineurs, je l’avais déjà fait pendant quelques années. Est-ce que je désirais m’embarquer dans ça pour cinq ou six ans encore? Ce n’est pas toujours facile cet univers. J’avais aussi le sentiment que mes chances de retourner dans la LNH étaient minces…»
Non, il n’a pas connu la carrière de rêve qui s’est terminée avec une intronisation parmi les immortels du sport. Il a cependant réussi à toucher le niveau le plus élevé du monde et même à y remporter un match.
«Parfois, ce que tu veux, c’est atteindre ton plein potentiel. Je pense que je l’ai fait. Ça varie d’un jeune à l’autre et chaque parcours est différent. Pour moi, un joueur qui passe quatre ans dans les rangs universitaires a une aussi belle carrière que celui qui fait quatre ans dans les circuits professionnels mineurs.»
Après son bref échantillon dans la LNH, Damphousse a été envoyé dans l’organisation des Mighty Ducks en vue de la saison 2002-2003. (Photo Ligue canadienne de hockey)
Après son bref échantillon dans la LNH, Damphousse a été envoyé dans l’organisation des Mighty Ducks en vue de la saison 2002-2003. (Photo Ligue canadienne de hockey)

Les mains toujours dans le hockey
Désormais résident de Cap-Pelé au Nouveau-Brunswick, Damphousse a toujours les mains dans le hockey. Il a d’abord été pendant neuf ans chez Commandos de Dieppe (devenus le Blizzard d’Edmundston), une équipe de hockey de la Ligue de hockey junior A des Maritimes, portant tous les chapeaux imaginables allant de recruteur à propriétaire en passant par entraîneur et directeur général.
«Je me suis impliqué dans différentes facettes du sport dans la région ici. J’ai acquis beaucoup d’expérience grâce à ça. Parfois, dans le junior A, les ressources sont minces et tu dois te mettre les mains dedans.»
Par la suite, quand il a pris la décision de vendre l’organisation, Damphousse s’est amené chez les Aigles bleus de l’Université de Moncton afin d’occuper le poste de directeur général des opérations de hockey, poste qu’il a campé entre 2017 et 2019.
Dans sa deuxième carrière dans le monde du hockey, Damphousse a travaillé pour les Aigles bleus en temps que directeur général des opérations. (Photo Aigles bleus de l’Université de Moncton)
Dans sa deuxième carrière dans le monde du hockey, Damphousse a travaillé pour les Aigles bleus en temps que directeur général des opérations. (Photo Aigles bleus de l’Université de Moncton)
Depuis ce temps, c’est un nouvel emploi dans le hockey qui meuble le plus clair de son temps, soit celui de recruteur pour la Centrale de recrutement de la LNH. Comme il est basé dans les Maritimes, Damphousse sillonne les routes des provinces atlantiques ainsi que du Québec. Il se promène ensuite à la grandeur de l’Amérique du Nord pour analyser ce que les sept autres chercheurs de talent de la Centrale de recrutement ont sous les yeux dans leur territoire respectif.
Design graphique
NATHALIE FORTIER