L'ÂGE D'OR DES MINES SHERBROOKOISES

Deux mineurs dans la mine d’Eustis, vers 1943. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)

Deux mineurs dans la mine d’Eustis, vers 1943. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)

Cher M. Hist,

J’adore vos textes fort intéressants sur l’histoire de Sherbrooke. On m’a raconté qu'une mine d'or existait dans le secteur Rock Forest, près de la rue de Lotbinière. Auriez-vous des informations sur ce lieu?

Nancy

Chère Nancy,

C’est une question qui mérite d’être creusée.

Certaines mines et carrières de la région sont davantage connues. Nous pouvons penser à l’exploitation de pierres calcaires à Dudswell, où la production de chaux a lieu depuis maintenant 200 ans! L’asbeste (amiante) et le granit sont également depuis longtemps associés à l’exploitation minière de l’Estrie.

Plus près de Sherbrooke, plusieurs petites mines ont meublé notre histoire dans une véritable ruée… vers le cuivre. Du côté Nord de la ville, il y a eu une exploitation dans le secteur actuel de Saint-Élie (maintenant sur le territoire de Saint-Denis-de-Brompton); vers l’Est, on retrouve la mine Aldermoc – Moulton Hill et plus au Sud, vous pouvez penser aux mines de Capelton, Albert et Eustis. En fait, le Canton d’Ascot (et ses voisins) est riche en minéraux de toutes sortes; vous vous rappelez peut-être une histoire de canal minier découvert dans le secteur de Lennoxville, il y a quelques années.

Plan tiré du rapport Propriété d’Ascot, de Jacquelin Gauthier et Jacques Landry. (Photo site du ministère de l’Énergie et des Ressources)

Plan tiré du rapport Propriété d’Ascot, de Jacquelin Gauthier et Jacques Landry. (Photo site du ministère de l’Énergie et des Ressources)

Revenons au secteur que vous mentionnez à Rock Forest. On y souligne la présence de cuivre et… d’or! Je vois vos yeux agrandir. Calmons-nous un peu!

Vers 1863, le général américain H. P. Adams met sur pied la Golconda Mining Company afin d’exploiter des placers (sables et graviers) aurifères sur les lots 2 à 3 du Rang 13 du Canton d’Ascot, soit tout au long du ruisseau Grass Island situé au Sud de la rue de Lotbinière actuelle jusqu’à la rivière Magog.

Ouvriers des mines, vers 1900, avec une perforatrice à air comprimé Jack Leg. (Photo Fonds Ingersoll-Rand, Mhist)

Ouvriers des mines, vers 1900, avec une perforatrice à air comprimé Jack Leg. (Photo Fonds Ingersoll-Rand, Mhist)

Bien que la découverte d’or et la prospection de la mine Golconda procure une grande notoriété au site, ce sont principalement de fines particules d’or qui y sont découvertes. À l’été 1865, la mine Golconda emploie 40 travailleurs. En trois semaines, ils trouvent de l’or pour une valeur entre 1000$ et 2000$. Un puits est creusé à une profondeur de 30 pieds permettant d’extraire l’or, le cuivre et le quartz. La compagnie cesse cependant ses activités en septembre 1865. La Golconda trouve très difficile d’extraire de l’or à cause du soufre qui lui est associé.

Moulin de la mine de Moulton Hill, en 1944. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)

Moulin de la mine de Moulton Hill, en 1944. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)

Deux citoyens examinent la carte de la mine Suffield. (Photo Fonds La Tribune, Mhist)

Deux citoyens examinent la carte de la mine Suffield. (Photo Fonds La Tribune, Mhist)

Vers 1880, le site est de nouveau exploité par messieurs Stewart et A. Bowen qui y trouvent à leur tour un peu d’or. Abandonné de nouveau, le site est pris en main en 1898 par le colonel Charles King de Sherbrooke. Puis, en 1905, c’est au tour de C. E. Kennedy d’y faire de la prospection.

Le rapport minier de H.-W. McGerrigle pour l’année 1935 présente un inventaire complet du site du ruisseau Grass Island, analysant sa partie inférieure à l’embouchure de la rivière Magog, sa partie supérieure ainsi que sa partie centrale (lots 2 et 3 du Rang 13) sur une longueur totale de 1700 pieds. Il trouve de l’or de qualité variable.

Au cours des décennies suivantes, dans des intervalles variables, c’est la Suffield Copper mine (Griffith mine) qui prend le relais de l’exploitation de cuivre, de zinc, d’argent et d’or du secteur. L’extraction du ruisseau Grass Island cesse à la fin des années 1950.

L’histoire de notre sol est bien plus riche qu’on ne le croit.

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  • Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne