L'étang du Domaine-Howard, un lieu naturel ou artificiel?

Après sa conversion en parc public, le Domaine-Howard propose désormais une piste de patinage gratuite… Quand la météo le permet! Vers 1975. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

Après sa conversion en parc public, le Domaine-Howard propose désormais une piste de patinage gratuite… Quand la météo le permet! Vers 1975. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

Bonjour,

Je marche souvent dans le parc du Domaine-Howard et je me demande comment est apparu l’étang du même nom. Est-ce naturel ou fait par l’intervention humaine? Je vous remercie de votre réponse.

Salutations, Sylvain V.

Cher Sylvain,

Qui a déjà flâné dans le parc du Domaine-Howard à Sherbrooke s’est certainement interrogé sur l’origine de son étang. Est-il né des caprices de la nature ou de l’ingéniosité humaine? La réponse est sans appel: il s’agit d’un joyau entièrement façonné par la main de l’homme.

Tout commence en 1913, lorsque Benjamin Cate Howard, un homme d’affaires visionnaire, achète un vaste terrain de 613 302 pieds carrés auprès de la British American Land Company, la compagnie des terres. Cet espace, couvrant les lots 82, 83 et 84 des quartiers nord, est destiné à devenir un parc d’une beauté exceptionnelle, en plus de la résidence de M. Howard et de sa famille.

L’étang du Domaine-Howard est bien visible sur les plans de la ville au milieu du 20e siècle. (Photo Sherbrooke Insurance Plan, en 1953, Musée d’histoire de Sherbrooke)

L’étang du Domaine-Howard est bien visible sur les plans de la ville au milieu du 20e siècle. (Photo Sherbrooke Insurance Plan, en 1953, Musée d’histoire de Sherbrooke)

En réponse à votre question: lors de l’achat des terrains, l’étang n’est pas présent. Cependant, de l’autre côté de la rue Ontario, on trouve un grand réservoir appartenant à la Ville de Sherbrooke, qui est en place depuis au moins les années 1880.

On en revient donc à l’étang du domaine. Pour dessiner le domaine qui deviendra «Howardene», Benjamin Howard embauche l’un des premiers architectes-paysagers du pays, Frederick Todd. L’aménagement prévu par Todd touche à la fois la construction des voies de circulation sur le domaine et l’aménagement de l’étang, avec la construction d’un barrage (pour contrôler les volumes d’eau au cours des saisons) et le creusage d’un puits.

Dès 1913, les journaux locaux révèlent les ambitions de M. Howard: aménager un parc public avec un grand étang artificiel. Le Progrès de l’Est annonce ainsi le 4 mars que Howard souhaite investir entre 15 000 et 20 000 dollars pour l’aménagement de ce lieu. L’étang, conçu pour accueillir des poissons, devait aussi devenir un espace consacré aux amateurs de pêche. Le remplissage de l’étang nécessitait un coût annuel d’environ 200 dollars pour l’eau, ce qui témoigne de l’engagement financier de M. Howard dans ce projet.

L’étang est le cœur du parc de la résidence des Howard dans les années 1920. (Photo Fonds Clovis Roy, Mhist)

L’étang est le cœur du parc de la résidence des Howard dans les années 1920. (Photo Fonds Clovis Roy, Mhist)

L’étang est mentionné pour la première fois dans le Sherbrooke Daily Record en août 1914, presque en même temps que la serre, ce qui laisse penser qu’il s’agit de l’un des tout premiers aménagements du Domaine Howard. Benjamin Cate Howard, homme généreux, ouvre alors le parc et son étang au public. Rapidement, le lieu devient un point de rassemblement prisé. En été, l’étang attire les pêcheurs, tandis qu’en hiver, il se transforme en une patinoire idéale. Dès 1915, il est loué pour ses qualités de glace parfaite, ajoutant une touche féérique aux hivers sherbrookois.

Près de dix ans avant que les Howard n’emménagent sur le site du domaine, on parle déjà du bel étang qui s’y trouve! (Photo Sherbrooke Daily Record, 28 août 1914)

Près de dix ans avant que les Howard n’emménagent sur le site du domaine, on parle déjà du bel étang qui s’y trouve! (Photo Sherbrooke Daily Record, 28 août 1914)

La création de l’étang coïncide avec la construction des édifices du domaine. Les plans de la résidence principale sont élaborés vers 1917, et la famille Howard s’installe dans ses maisons au début des années 1920.

Au final, le domaine comprend trois élégantes demeures en pierre, nichées au cœur d’un parc soigneusement aménagé, avec l’étang en pièce maîtresse.

Dans les années 1940, la Ville de Sherbrooke achète une partie du domaine pour y installer des serres municipales. Puis, en 1962, elle acquiert finalement l’entièreté de la propriété. Depuis, le parc du Domaine-Howard continue de faire rêver les Sherbrookois et les visiteurs, grâce à son étang centenaire, sa quiétude, ses événements et ses animations.

Alors, la prochaine fois que vous passez devant cet étang enchanteur, rappelez-vous qu’il est le fruit de la vision d’un homme souhaitant offrir à Sherbrooke un lieu de détente et de plaisir, pour le bonheur de tous. L’étang est artificiel… Mais l’intérêt qu’il suscite est assurément authentique!

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