LA BICYCLETTE, LA «PETITE REINE» DES CANTONS-DE-L'EST

La bicyclette : une activité plébiscitée par (vraiment) toute la famille. (Photo vers 1940, Fonds Rodolphe Langis, Mhist)

La bicyclette : une activité plébiscitée par (vraiment) toute la famille. (Photo vers 1940, Fonds Rodolphe Langis, Mhist)

Cher M. Hist,

Je vois de plus en plus de monde en vélo, été comme hiver… Pourtant, avec la neige et les côtes qui font la réputation de notre ville, je suis étonné de voir que c’est un loisir qui a autant de succès à Sherbrooke. Est-ce que ce succès est récent?

Un lecteur anonyme

Cher lecteur anonyme,

Vous avez bien raison. La bicyclette à Sherbrooke, c’est plus qu’un loisir… C’est une histoire!

En plus d’un siècle, celle qu’on surnomme la «petite reine» a eu le temps de faire bien de la route, surtout dans les côtes de la «reine des Cantons-de-l’Est». Mettons-nous en selle et allons en découvrir davantage!

Jessie, Claire et Léo Langis avec des bicyclettes. (Photo vers 1920, Fonds Famille Rodolphe Langis, Mhist)

Jessie, Claire et Léo Langis avec des bicyclettes. (Photo vers 1920, Fonds Famille Rodolphe Langis, Mhist)

C’est dans les années 1890 que l’industrie de la bicyclette commence à s’établir durablement au Canada, bien que l’on chevauche déjà des vélos importés de l’étranger depuis quelques décennies. Le Montreal Bicycle Club, l’une des premières organisations cyclistes en Amérique du Nord, est fondé dès 1876 et réunit alors les enthousiastes de la première heure.

Elle est suivie en 1882 par le Canadian Wheelmen’s Association. Son siège est à Toronto, mais il est lié à un réseau de clubs locaux aux objectifs similaires : défendre les droits des cyclistes, organiser des compétitions et encourager la pratique du cyclisme.

À Sherbrooke, on s’approprie de plus en plus ce moyen de transport singulier. Et la neige n’est pas un problème!

Au tournant du 20e siècle, Le Progrès de l’Est rapporte que des jeunes gens courent, «rapides comme le vent», aux commandes des toutes nouvelles «bicyclettes d’hiver», une monture munie d’une seule roue à l’arrière et d’un patin mobile à l’avant. Le club «Le Voltigeur» organise des courses de bicyclette à l’occasion de la Fête nationale sur le terrain de l’exposition, dans l’est de la ville. Été comme hiver, le vélo prend de la vitesse!

(Illustration La Tribune, 11 mai 1973)

(Illustration La Tribune, 11 mai 1973)

Dans les années 1920, la bicyclette poursuit sa lancée et devient de plus en plus accessible grâce au soutien des marchands de la rue Wellington. En s’adressant au magasin Codère et fils, on peut acquérir une monture en échange de 50 à 75 de vos dollars durement gagnés (entre 700 et 1000 dollars actuels). Vous pouvez également vous adresser à un autre revendeur, tel P. T. Légaré, sur la rue Wellington Sud. Dans tous les cas, n’hésitez pas à requérir les services de la Sherbrooke Vulcanizing Works pour tout ce qui touche à la réparation de votre bicyclette. Attendez une petite quinzaine d’années et ce commerce en proposera même en location!

Excursion en vélo à Rock Forest organisée par l’Ordre du Bon Temps. (Photo vers 1948-1949. Fonds Marie-Jeanne Daigneau, Mhist)

Excursion en vélo à Rock Forest organisée par l’Ordre du Bon Temps. (Photo vers 1948-1949. Fonds Marie-Jeanne Daigneau, Mhist)

À partir de septembre 1935, il vous est possible de rejoindre le Club Cycliste de Sherbrooke, une association à vocation sportive et athlétique nouvellement créée.

C’est véritablement dans la décennie 1970 que la pratique collective du vélo va connaître un élan spectaculaire, au moment où Sherbrooke est portée par un nouveau souffle d’enthousiasme cycliste.

Il se forme en 1971 l’Association régionale cycliste de l’Estrie (ARCE), rejointe bien vite par plusieurs autres formations consacrées au cyclotourisme. Par exemple, le club sherbrookois Les Bécaniers organise des excursions chaque fin de semaine dans les Cantons pour sa douzaine de membres et ceux qui les accompagnent.

Courses, cliniques cyclistes, associations diverses et le Grand Tour de l’Estrie Labatt – la plus grande épreuve cycliste en Amérique du Nord… L’année 1973 est, selon La Tribune, «l’année par excellence du cyclisme dans l’Estrie». Rien de moins!

De la rivière Magog aux abords de l’Université de Sherbrooke, voici l’un des circuits proposés dans la brochure Sherbrooke à bicyclette. (Illustration Collectif L’Estrie à Bicyclette, 1984, p. 49)

De la rivière Magog aux abords de l’Université de Sherbrooke, voici l’un des circuits proposés dans la brochure Sherbrooke à bicyclette. (Illustration Collectif L’Estrie à Bicyclette, 1984, p. 49)

Plus proche de nous, le groupe L’Estrie à bicyclette émerge afin de promouvoir ce moyen de transport. On lui doit notamment plusieurs brochures présentant des circuits de cyclotourisme qui traversent les différents quartiers de la ville, pour des cyclistes de tous niveaux.

La brochure signée par le groupe en 1985 s’ouvrait sur ce vœu : «En espérant qu’un jour l’aménagement des rues à Sherbrooke soit adapté à la circulation à bicyclette»… C’était il y a quatre décennies.

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Conception graphique, Cynthia Beaulne