Amélie Philippe
École secondaire Des-Lacs
Interdiction des cellulaires à l’école: les conséquences déçoivent les attentes
Suite à la directive non concluante du gouvernement québécois en janvier 2024, le ministre de l’Éducation a décidé cette année de monter d’un cran avec l’interdiction du cellulaire dans les classes et sur tous les terrains scolaires.
Avec cette mesure, le ministre Bernard Drainville visait plus haut et espérait définitivement mettre fin à l’usage inadéquat de ces appareils électroniques. Ses espoirs ne sont-ils que chimères face à la dépendance implacable des adolescents? Faisons le point sur la situation à notre école.
En théorie, empêcher les élèves de consulter leur dispositif ensorcelant ne devrait apporter que du positif dans leur vie. Une étude confirme que se débarrasser de ces distractions améliore la concentration ainsi que la mémoire, menant éventuellement à un plus haut taux de réussite scolaire. Au niveau des pauses, se déconnecter permet aux élèves de découvrir de nouveaux passe-temps et de potentiellement laisser place à plus de discussions entre eux ce qui promeut une utilisation optimale du cellulaire.
Réalité est tout autre
Concrètement, le train de bienfaits annoncés par le ministre est bien loin d’arriver à destination. En réalité, cette même étude révèle aussi que même en gardant simplement son téléphone dans ses poches, on serait déconcentré.
De plus, la fédération du personnel de soutien scolaire indique qu’il est extrêmement compliqué de faire respecter cette politique chez les milliers d’individus qui flânent sur le terrain de leur polyvalente.
En fin de compte, le summum des résultats de cette directive reste encore à voir. Toutefois, plusieurs personnes parviennent aisément à la contourner soit en faisant usage de leur cellulaire dans les toilettes, les vestiaires, furtivement en classe, tapies derrière la porte de leur casier ou tout simplement, dehors. La règle qui faisait donc tant objet d’hostilité chez la jeunesse est vite devenue contournable.
Qu’en sera-t-il en hiver, lorsque la température chutera au point de geler les doigts de ceux qui oseront textoter dans l’inconfort de l’extérieur? Cela reste à déterminer. L’emprise qu’a cet appareil sur notre génération n’est pas à négliger. Pourtant, en exécutant ces consignes, nous risquons d’amplifier ce besoin compulsif de braquer ses yeux sur son écran.
Ce fléau ne se verra peut-être pas toujours à l’école. En revanche, il se fera foncièrement ressentir à la maison. Cette année, le gouvernement québécois éponge la blessure imminente d’un problème de dépendance longuement anticipé à l’aide de demi-mesures inefficaces.
