Fiby Matike
École secondaire de la Cité
Travailler ou étudier: le dilemme des ados
Chaque soir, Mateo enfile son uniforme et part travailler dans une épicerie jusqu’à 21h. Il rentre épuisé, avec à peine le temps de faire ses devoirs, et, le lendemain, il lutte pour rester éveillé en classe. Comme lui, des milliers d’élèves du secondaire jonglent entre les exigences de l’école et les responsabilités d’un emploi.
Entre apprentissages et revenu, un compromis semble inévitable. Cela soulève une question essentielle: les emplois après les cours contribuent-ils réellement à l’épanouissement des jeunes ou compromettent-ils leur réussite scolaire? Pour ma part, je n’ai aucun doute. Le travail après l’école compromet souvent la réussite des jeunes.
Le désengagement scolaire
Tout d’abord, je suis convaincu que les emplois après les cours peuvent nuire à la vie scolaire des élèves du secondaire, car ils favorisent le désengagement scolaire. Selon l’Institut de la statistique du Québec, 16,9% des élèves du secondaire présentent un risque de décrochage. Ce chiffre, jugé alarmant par le ministère de l’Éducation, mérite qu’on s’y attarde sérieusement.
Lorsqu’un élève commence à travailler, il découvre rapidement une forme d’autonomie financière. Gagner de l’argent tout de suite peut sembler plus gratifiant que de passer des heures à étudier dans l’espoir d’un avenir meilleur. L’école demande des efforts constants, sans récompense immédiate. Alors, quand on met les deux options sur une balance, il n’est pas étonnant que certains jeunes privilégient le travail au détriment de leurs études.
Une illusion de liberté
Et c’est là que le danger se cache. Cela me bouleverse de voir des élèves envisager de quitter l’école pour un emploi qui, bien souvent, ne garantit ni stabilité ni avenir solide. Ce choix, motivé par une illusion de liberté, peut compromettre leur futur. En outre, plus les heures de travail s’accumulent, moins il reste de temps pour étudier, se reposer ou simplement réfléchir.
Et quand les résultats scolaires chutent, certains élèves se sentent dépassés, perdent confiance en eux et finissent par croire qu’ils sont «nuls». Ce sentiment d’échec alimente le désengagement, et le cercle vicieux s’installe.
C’est préoccupant, franchement. Si les élèves ne travaillaient pas autant après les cours, ce scénario serait-il aussi fréquent? Je ne le pense pas. Il faut sensibiliser les jeunes du secondaire. Mon but n’est pas de convaincre les jeunes de ne jamais travailler, mais de leur rappeler qu’un emploi ne doit jamais se faire au détriment de leurs études. Travailler peut-être une belle expérience, à condition que ce soit bien encadré et équilibré. L’école est une fondation de l’avenir, pas une option. Elle mérite d’être solidement construite.
