L'ARÉNA QUI A PRÉCÉDÉ ESTRIE AIDE SUR WELLINGTON SUD

Inondation à la hauteur du garage Webster Motors Limited, le 15 juin 1942. (Photo Collection du Musée d'histoire de Sherbrooke)

Inondation à la hauteur du garage Webster Motors Limited, le 15 juin 1942. (Photo Collection du Musée d'histoire de Sherbrooke)

Bonjour M. Hist,

J’ai entendu dire que l’édifice d’Estrie Aide (345, rue Wellington Sud) fut jadis un aréna pouvant accueillir plusieurs centaines de spectateurs. Est-ce exact? Que sait-on de cet édifice?

Alain

Cher Alain,

On peut dire que vous avez marqué un but avec votre question sur l’historique de ce bâtiment!

Si on retourne au début de la partie, c’est effectivement au coin des rues Aberdeen et Wellington qu’est érigé le Stadium Skating and Roller Rink, ouvert de 1907 à 1923. J’espère que vous êtes assis… On compte jusqu’à 500 sièges dans les estrades! Retenez que la meilleure vue sur la glace serait, d’après les journaux, au balcon de l’entrée.

Carte où apparaît le Sherbrooke Stadium Rink, en 1907. (Plan d’assurance de la Ville de Sherbrooke, Charles E. Goad, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Carte où apparaît le Sherbrooke Stadium Rink, en 1907. (Plan d’assurance de la Ville de Sherbrooke, Charles E. Goad, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Cet aréna accueille différents clubs de hockey, dont le Sherbrooke Hockey Club, où les joueurs comme les spectateurs peuvent apprécier les plaisirs d’un bon match.

Les joueurs de l’équipe du club de hockey Canadien posent en uniforme avec leurs bâtons de hockey, en 1923 ou 1924. (Photo Fonds Frederick Zakaib, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Les joueurs de l’équipe du club de hockey Canadien posent en uniforme avec leurs bâtons de hockey, en 1923 ou 1924. (Photo Fonds Frederick Zakaib, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Dans les années 1920, le lieu passe la puck à la fièvre de l’automobile. Un engouement précoce pour les voitures se développe dans la ville avec le développement du réseau routier et la proximité des États-Unis. Le Stadium Skating and Roller Rink fait place à Webster Motors, un concessionnaire Chevrolet qui, dans la foulée d’autres garages à la même époque, s’installe sur la rue Wellington Sud et le long de la route de Lennoxville. D’ailleurs, en 1921, la rue Wellington Sud devient le théâtre du premier Salon de l’auto de Sherbrooke. 

Dans les années ou décennies suivantes, ce sont d’autres concessionnaires qui se succèdent dans le bâtiment de l’ancien aréna: Foxbrooke Motors en 1955, puis Brouillard Auto Limited en 1963.

Affiche publicitaire de l’entreprise Foxbrooke, le 25 juin 1962. (Photo Sherbrooke Daily Record)

Affiche publicitaire de l’entreprise Foxbrooke, le 25 juin 1962. (Photo Sherbrooke Daily Record)

Après plus de 40 ans passés sous le signe de l’automobile, le Old stadium se reconvertit en entrepôt alimentaire. Les Épiciers Coopératifs Ltée s’y installent en 1967, suivis en 1974 par Subito, un magasin «cash and carry» qui alimente les petits commerces de la région. Au début des années 1980, on sait que plus de 350 petits épiciers viennent y faire leurs provisions régulièrement!

Après la glace, après les voitures, c’est au tour des épiciers de trouver dans l’emplacement un intérêt particulier. (Photo Fonds des Épiciers Co-Opératifs, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Après la glace, après les voitures, c’est au tour des épiciers de trouver dans l’emplacement un intérêt particulier. (Photo Fonds des Épiciers Co-Opératifs, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Après la fermeture de Subito en 1982, le bâtiment est mis en location quelques années plus tard. En 1991, il est partiellement occupé par la compagnie de pneus Good Year. Un incendie détruit une partie du bâtiment la même année.

En 1997, la Fondation Caritas investit les lieux et y organise un encan pour venir en aide aux personnes en situation de pauvreté. C'est alors le début d’une nouvelle vocation sociale et communautaire dans ces lieux, une vocation qui ne fera que grandir par la suite.

En effet, Estrie Aide prend racine au 345, Wellington Sud en 1998, transformant l’ancien aréna en un centre de récupération et de redistribution de biens usagés. Le but? Offrir une seconde vie aux objets, favoriser l’entraide et soutenir la communauté. 

Ce secteur a vu glisser des patins, vrombir des moteurs et circuler des paniers d’épicerie… L’édifice actuel est aujourd’hui un lieu d’entraide et de solidarité. Un rappel que, peu importe les époques, il a toujours été un carrefour de vie pour la communauté sherbrookoise. Alors, la prochaine fois que vous passerez devant le 345, Wellington Sud, imaginez un instant les cris des partisans de hockey, le rugissement des moteurs ou encore l’agitation d’un magasin!

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  • Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne