L'ascension olympique de Mathias Guillemette

La première fois que le Trifluvien Mathias Guillemette a fait du cyclisme sur piste, il a chuté après une centaine de mètres. Le petit bonhomme d’environ 10 ans a alors déclaré qu’il ne referait plus jamais ça. Par chance pour lui, il a accepté d’y retourner, car il aurait raté sa chance de devenir athlète olympique une douzaine d’années plus tard.

«Quand j’étais jeune, si tu faisais de la course sur route, tu pouvais faire un camp sur piste aussi. Ça pouvait t’initier à la piste et j’imagine que j’avais quand même aimé ça. J’ai fait mes débuts comme ça. Ensuite je suis allé sur l’équipe provinciale puis nationale. J’avais 9 ans quand j’ai commencé la piste, mais j’avais commencé le vélo avant. J’ai joué un peu au soccer et fait de la natation, mais rien de très sérieux», s’est remémoré Guillemette.
Depuis ses premiers coups de pédale sur la piste au début des années 2010, de dire que Guillemette en a fait du chemin est un euphémisme. Retenu sur l’équipe canadienne de cyclisme sur piste, Guillemette sera l’un des quatre représentants de l’unifolié dans cette discipline pour les Jeux olympiques de 2024 qui seront présentés à Paris du 26 juillet au 11 août.
«C’était un gros objectif pour moi depuis deux ans. Je suis avec l’équipe nationale depuis 2021, mais c’est en 2022 que j’ai réalisé que c’était possible. En 2021, c’était les Jeux de Tokyo. C’était difficile de prédire si ceux qui étaient là allaient continuer sur l’équipe nationale. Il n’y en a qu’un qui a poursuivi (Michael Foley). Ça laissait plus de place sur la formation.»
«C’était un gros objectif pour moi depuis deux ans. Je suis avec l’équipe nationale depuis 2021, mais c’est en 2022 que j’ai réalisé que c’était possible.»
Si Guillemette indique qu’il a réalisé au courant de l’année 2022 qu’il était envisageable pour lui de se tailler une place sur l’équipe de quatre cyclistes qui serait à Paris cet été, c’est grâce aux promesses qu’il a démontrées.

Présent sur l'équipe nationale depuis 2021, Guillemette s'est mis en évidence en 2022. (Photo, Sergi Mas de Xaxars)
Présent sur l'équipe nationale depuis 2021, Guillemette s'est mis en évidence en 2022. (Photo, Sergi Mas de Xaxars)
Cette année-là, il avait eu droit à ses premières compétitions internationales. En plus de prendre part au Championnat mondial, il avait épaté la galerie à la Ligue des champions face aux meilleurs athlètes de la discipline. Il avait notamment remporté l’une des cinq courses à élimination, signé quatre podiums, mené le classement au terme de la quatrième épreuve et ultimement terminé au 5e rang final.
«Quand tu commences à courir aux Mondiaux, c’est plus facile de rouler à ce niveau. Tu amasses des points et tu peux demeurer dans ce calibre. C’est un peu un cercle vicieux qui t’empêche de courir à l’international. Plusieurs facteurs en 2022 ont fait que j’étais présent sur plus de courses internationales et j’étais ainsi plus en vue.»
Le ton était donné et à partir de ce moment, Guillemette n’a plus regardé derrière.

Une formation jeune et prometteuse
Pour en arriver à obtenir sa qualification, la formation canadienne devait d’abord être en mesure de se maintenir dans le top 10 de la poursuite par équipe de l’Union cycliste internationale (UCI) lors des courses identifiées.
«C’est un peu une compétition dans une autre compétition. Il y a les Jeux, mais avant ça, il y a les Coupes du monde et les Championnats du monde. Il faut marquer des points pour qualifier l’équipe (les dix premières nations au classement cumulatif obtiennent un quota de quatre entrées). Ça demande beaucoup de calculs de points. Quand tu as assuré la place de ton équipe, tu dois être parmi les quatre meilleurs de ton pays pour y aller», a relaté Guillemette.
C’est donc en compagnie de Michael Foley (25 ans), Carson Mattern (20 ans) et Dylan Bibic (21 ans) que Guillemette prendra part à la grande aventure olympique. Le cyclisme sur piste étant un sport où les athlètes vont atteindre leur apogée vers 26 ans, la formation canadienne détonne de par sa composition peu expérimentée.
«À 22 ans, je suis le deuxième plus vieux des quatre. Quand nous nous comparons aux Italiens qui ont tous environ 30 ans, nous sommes très jeunes. Nous sommes encore en train d’apprendre. Trois d’entre nous n’ont jamais été aux Olympiques. C’est un baptême pour nous.»
(Vidéo, Le Nouvelliste, Amélie St-Yves)
(Vidéo, Le Nouvelliste, Amélie St-Yves)
Par chance pour Mattern, Bibic et Guillemette, ils sont bien entourés par des gens qui ont déjà goûté à ce type d’aventure. Foley était de la partie à Tokyo en 2021 tandis que leur entraîneuse revendique deux participations au plus grand rendez-vous sportif ainsi qu’une médaille de bronze à la poursuite par équipe. Elle pourra donc encadrer son jeune quatuor masculin grâce à sa précieuse expérience.
«Michael va nous donner plus de conseils dans les séances d’entraînement. C’est plus lui qui sait ce qui se passe dans les sessions en prévision des Jeux. C’est un peu le néant lorsque tu arrives à un camp à deux mois des Olympiques. Ça aide d’avoir un gars comme Michael et notre entraîneuse, Laura Brown. Quand nous avons une question, l’une de ces deux personnes va nous répondre.»

Savourer chaque seconde
Au-delà du tourbillon qui entoure une participation aux Jeux olympiques, le Trifluvien espère tout simplement être en mesure de savourer ce pour quoi il a travaillé si fort dans les dernières années.
«Je veux profiter de chaque seconde de mon temps sur la piste aux Olympiques. Collectivement, j’aimerais que nous puissions être en mesure de faire les meilleurs chronos que nous pouvons. Le reste, nous ne pouvons pas contrôler ça, car nous ne savons pas dans quelle forme les autres équipes vont se pointer. Tout ce que tu peux faire, c’est aller le plus vite que tu peux et espérer. Pour le Madison, notre gros objectif, c’est de le finir, surtout aux Olympiques.»
La première fois que Guillemette sautera sur la piste du Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines, ce sera le 5 août dans le cadre de l’étape des qualifications pour la poursuite par équipe. La finale est prévue dans la journée du mercredi 7 août. Le représentant de la Mauricie aura ensuite à disputer l’épreuve du Madison le samedi 10 août. Il fera le tout devant ses parents et son frère qui seront sur place pour l’occasion.
«Je suis rapide sur mon vélo. Je crois avoir un bon punch. Je pense que c’est ce qui me donne l’avantage sur piste. J’ai un bon sprint même si je ne suis pas très gros et que je n’ai pas des jambes massives. Je peux atteindre une vitesse de pointe rapidement. C’est utile à la poursuite par équipe et au Madison.»
Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne
