Heureusement, le père Noël est une personne méthodique et organisée. C’est que chaque année, il doit visiter des millions de foyers! Ses étagères doivent être aussi bien garnies que celles du club social de l’imprimerie Page-Sangster, où on le voit sur cette photo prise dans les années 1950. (Photo Fonds Frederick James Sangster, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Heureusement, le père Noël est une personne méthodique et organisée. C’est que chaque année, il doit visiter des millions de foyers! Ses étagères doivent être aussi bien garnies que celles du club social de l’imprimerie Page-Sangster, où on le voit sur cette photo prise dans les années 1950. (Photo Fonds Frederick James Sangster, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Le père Noël est une personne méthodique et organisée. C’est que chaque année, il doit visiter des millions de foyers! On le voit sur cette photo prise dans les années 1950. (Photo Fonds Frederick James Sangster, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Le père Noël est une personne méthodique et organisée. C’est que chaque année, il doit visiter des millions de foyers! On le voit sur cette photo prise dans les années 1950. (Photo Fonds Frederick James Sangster, Musée d’histoire de Sherbrooke)

M. Hist,

Nous avons beaucoup aimé la parade du père Noël cette année. Nous ne la manquons jamais! Nous nous demandions depuis quand est-ce que le père Noël vient nous visiter à Sherbrooke?

La famille Blais-Caron

Chère famille Blais-Caron,

Vous n’êtes pas les seuls, chaque année, à attendre le défilé du père Noël avec impatience. Dès que les premiers flocons hésitent à tomber, on se surprend tous à guetter un signe de son arrivée: une annonce, une rumeur, un traîneau aperçu au loin… Mais depuis quand, au juste, ce grand barbu vient-il nous rendre visite à Sherbrooke? Pour répondre à cette question, il faut d’abord remonter un peu dans le temps, à une époque où le père Noël n’était pas encore la vedette incontestée de décembre.

Commerces, clubs, hôpitaux, entreprises… Le père Noël ne ménage pas ses efforts pour visiter la population, et son agenda se remplit rapidement! En janvier 1953, le père Noël rend une chaleureuse visite à l’Hospice du Sacré-Cœur, souriant au milieu des célébrités locales. (Fonds du Club de raquettes Tuque-Rouge, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Commerces, clubs, hôpitaux, entreprises… Le père Noël ne ménage pas ses efforts pour visiter la population, et son agenda se remplit rapidement! En janvier 1953, le père Noël rend une chaleureuse visite à l’Hospice du Sacré-Cœur, souriant au milieu des célébrités locales. (Fonds du Club de raquettes Tuque-Rouge, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Pendant longtemps, c’est plutôt le petit Jésus qui était associé aux étrennes à la fin de l’année. Au 19e siècle, cependant, la situation se transforme. Les Québécois se familiarisent peu à peu avec le Santa Claus du monde anglophone grâce aux revues comme le Canadian Illustrated News, L’Opinion publique ou Le Samedi, sans compter les cartes et images de Noël venues de l’étranger. Les années 1880 marquent un véritable tournant: dans les familles bourgeoises anglophones des grandes villes, Noël commence à devenir une fête moins religieuse et plus festive.

Chez les Canadiens français, qui célèbrent plutôt la St-Sylvestre, l’adoption du père Noël se fait toutefois à leur manière. On le «catholicise», pour ainsi dire. Les marchands anglophones présentent un Santa Claus généreux, jovial et commercial; les francophones, eux, l’inscrivent dans l’univers moral du petit Jésus.

Au tournant du siècle, c’est encore le petit Jésus qui occupe la scène dans les contes des Canadiens français, jusqu’à ce que le «petit Noël», puis le «bonhomme Noël», prenne finalement le relais à la fin des années 1890.

Mais alors, qu’en est-il de Sherbrooke? Quand commence-t-on à y voir défiler le célèbre personnage? Ici, l’histoire prend une tournure résolument commerciale. Car si le «père Noël» n’était pas encore une superstar, Noël, lui, l’était déjà dans les vitrines!

À partir des années 1920, les publicités de bijoux, meubles, jouets et autres merveilles envahissent les journaux locaux. Et dès 1927, La Tribune suit au jour le jour «l’approche du père Noël», attendu… par le grand magasin H. G. Munro.

Plusieurs jours durant, on suit la saga de l’arrivée du père Noël à Sherbrooke dans La Tribune… Il espère qu’on vienne le voir en grand nombre et qu’on lui adresse de nombreuses lettres, adressées chez H. G. Munro, sur la rue Wellington. (Photo La Tribune, 9 novembre 1927)

Plusieurs jours durant, on suit la saga de l’arrivée du père Noël à Sherbrooke dans La Tribune… Il espère qu’on vienne le voir en grand nombre et qu’on lui adresse de nombreuses lettres, adressées chez H. G. Munro, sur la rue Wellington. (Photo La Tribune, 9 novembre 1927)

Blanche-Neige, le Petit Chaperon Rouge, la Mère l’Oie… Les chars allégoriques de la parade de Noël de 1962, qui mettent à l’honneur le folklore et les contes traditionnels, sont conçus par Antonio Montour. L’artiste sherbrookois est connu pour son immense travail sur les chars allégoriques, notamment ceux de Noël et de la Saint-Jean-Baptiste. (Photo Fonds Antonio Montour, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Blanche-Neige, le Petit Chaperon Rouge, la Mère l’Oie… Les chars allégoriques de la parade de Noël de 1962, qui mettent à l’honneur le folklore et les contes traditionnels, sont conçus par Antonio Montour. L’artiste sherbrookois est connu pour son immense travail sur les chars allégoriques, notamment ceux de Noël et de la Saint-Jean-Baptiste. (Photo Fonds Antonio Montour, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Dans les années 1930, c’est au tour du poète et journaliste Alfred DesRochers qui rêve en grand: un défilé féérique avec raquetteurs, flambeaux, contes et, bien sûr, l’apparition finale du père Noël. Mais ses idées ne séduisent pas les marchands, qui préfèrent finalement investir dans la publicité plutôt que dans la magie.

Le défilé du père Noël de 1937 est salué par la population et peut être aperçu au centre-ville sur le plateau Marquette et le long des rues où petits et grands sont amassés pour espérer le voir. Sa hotte était garnie de pommes, d’arachides, de biscuits et d’oranges. (Photo La Tribune, 4 janvier 1937)

Le défilé du père Noël de 1937 est salué par la population et peut être aperçu au centre-ville sur le plateau Marquette et le long des rues où petits et grands sont amassés pour espérer le voir. Sa hotte était garnie de pommes, d’arachides, de biscuits et d’oranges. (Photo La Tribune, 4 janvier 1937)

Résultat: jusque dans les années 1950, ce sont les commerces locaux qui invitent le père Noël à Sherbrooke. Il arrive en train à la gare du Canadien Pacifique, parade le long des rues Alexandre, King et Wellington, puis s’installe dans un commerce pour la durée des Fêtes.

En 1960, ce sont les pompiers qui organisent une grande parade dans le cadre de leur collecte annuelle de jouets. Mais dès 1962, la Jeune Chambre de commerce prend le relais et offre des défilés spectaculaires, avec chars allégoriques, majorettes, cadets et clowns, le tout diffusé à la télévision. L’engouement s’essouffle néanmoins après quelques années, et le père Noël se replie vers les nouveaux temples de la consommation: les centres commerciaux.

Puisqu’il est un homme moderne (ou parce qu’un lutin l’a bien conseillé), il abandonne l’arrivée en train. En 1974, il atterrit au Carrefour de l’Estrie… en hélicoptère! Face à ce genre d’entrée, même Rudolphe ne pouvait rivaliser.

Le défilé moderne renaît véritablement en 2002, dans le cadre des célébrations du bicentenaire. On annonce 75 modules pour un défilé d’une ampleur inédite. Depuis, l’événement attire année après année plus de 15 000 personnes dans nos rues, preuve que la magie opère toujours.

Alors, depuis quand le père Noël vient-il nous visiter à Sherbrooke? Depuis près d’un siècle… Et on dirait qu’il a pris goût à Sherbrooke! Si vous le croisez cette année, n’oubliez pas de lui souffler: la prochaine fois, l’hélicoptère, c’est bien… mais un traîneau stationné sur Wellington, avouez que ça aurait du style!

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    Cynthia Beaulne, La Tribune

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