McMANAMY, DE LA RUE À LA BOISSON

(Photo Fonds Clovis Roy, Mhist)

(Photo Fonds Clovis Roy, Mhist)

Daniel McManamy, homme d’affaires, politicien et acteur principal dans la municipalisation de l’hydro-électricité à Sherbrooke. (Photo collection Mhist)

Daniel McManamy, homme d’affaires, politicien et acteur principal dans la municipalisation de l’hydro-électricité à Sherbrooke. (Photo collection Mhist)

M. Hist,

Récemment, j’ai amené une bouteille de la Distillerie McManamy à un party de famille. Au-delà du goût, la réaction de mon beau-père a été «McManamy, c’est pas une rue qui s’appelle de même?» La distillerie n’est pas du tout sur cette rue. Est-ce qu’il y a un lien entre les deux?

C’est une question pleine de bon sens! Il est vrai qu’on peut s’attendre à ce qu’une voie soit baptisée à partir du nom d’un personnage illustre qui y a vécu, d’une entreprise qui y a élu domicile, ou en raison d’une particularité du paysage. Pourtant, ce n’est pas exactement le cas.

Qui était donc ce McManamy qui donne nom à une rue et à une distillerie?

Tracé de la rue McManamy, dans un secteur à développer à l’Ouest de la ville. (Photo plan d’assurance de 1917, Mhist)

Tracé de la rue McManamy, dans un secteur à développer à l’Ouest de la ville. (Photo plan d’assurance de 1917, Mhist)

Commençons par dire qu’il s’agit de la même personne : Daniel McManamy, né à Québec d’un père irlandais, et venu s’installer à Sherbrooke en 1869. Il laisse sa trace dans l’histoire de la ville en occupant plusieurs fois un siège de conseiller municipal, mais aussi en se faisant élire maire en 1893.

McManamy a certainement mérité une rue à son nom. C’est qu’on lui doit quand même quelques réalisations notables. Parmi elles, l’aménagement de parcs municipaux (les parcs Racine et Victoria), la construction de trottoirs en pierres, mais aussi la longue bataille pour la municipalisation de la production d’électricité à Sherbrooke qui aboutit en 1908, un «privilège» auparavant détenu par la Sherbrooke Power, Light and Heat et la Sherbrooke Street Railway. Lumineux!

En consultant les plans de la ville, on constate qu’il existe déjà une rue McManamy en 1913, entre les rues Belvédère et Évangéline, dans ce secteur de la ville que l’on connaît sous le nom de «Petit Canada». Pourquoi son nom, dans ce quartier? C’est que, alors qu’il était maire, McManamy est parvenu à étendre les confins de ville dans ce secteur, en rachetant un terrain qui était jusque-là la propriété de la British American Land Company.

Plus tard, la rue McManamy s’étend toujours plus vers l’ouest. Elle englobe d’abord la rue Caledonia (entre les actuelles rues Belvédère et Galt Ouest), puis, toujours plus à l’ouest, elle remplace la rue Royal (entre les rues Galt Ouest et Claire-Jolicoeur).

Cette expansion prend fin le 2 août 1991, lorsque la Commission de toponymie du Québec officialise l’adoption du nom McManamy pour cette voie.

Centrale Frontenac vers 1905. (Photo fonds Clovis Roy, Mhist)

Centrale Frontenac vers 1905. (Photo fonds Clovis Roy, Mhist)

En 1914, des employés de la Compagnie de gaz et électricité de Sherbrooke (Hydro-Sherbrooke). (Photo fonds Gilles Couture, Mhist)

En 1914, des employés de la Compagnie de gaz et électricité de Sherbrooke (Hydro-Sherbrooke). (Photo fonds Gilles Couture, Mhist)

Et la distillerie?

C’est là qu’il faut rappeler que Daniel McManamy n’était pas seulement impliqué en politique : il était un commerçant de vins et de spiritueux, et vendait à Sherbrooke des produits estampillés à son nom. Toutefois, son magasin de vente au détail, la D. McManamy & Co, n’était pas situé proche de l’actuelle rue qui porte son nom. Pour pousser la porte de son commerce, il fallait se rendre au coin des rues King Ouest et des Grandes-Fourches (anciennement nommée St Francis).

De rue en distillerie, voici un homme dont on peut dire qu’il avait de la bouteille, et quelques éclairs de génie. Levons notre verre à sa santé, et à la vôtre!

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