POMPIERS OU POLICIERS, QUI S'EST ÉTABLI EN PREMIER SUR LA RUE MARQUETTE?

Incendie dans le magasin Codère sur la rue Wellington Nord en 1915. (Photo Fonds Famille Rodolphe Langis, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Incendie dans le magasin Codère sur la rue Wellington Nord en 1915. (Photo Fonds Famille Rodolphe Langis, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Mon beau-frère me dit qu’un commissariat se trouvait sur la rue Marquette à l’époque, mais je pensais que c’était plutôt une caserne de pompiers. Peux-tu nous éclairer, M. Hist?

Philippe

Cher Philippe,

Il semble que votre mémoire soit en feu! Votre beau-frère a raison, et vous aussi: à une époque, un commissariat se trouvait bien sur la rue Marquette, mais avant cela, il s’agissait bien d’une caserne de pompiers. Ce n’est donc pas un malentendu, mais plutôt une question de chronologie. Et encore… penchons-nous sur les frontières floues de ces professions.

Vue sur la caserne de pompiers-policiers de la rue Marquette en 1898. (Photo Fonds Gérard Auray, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Vue sur la caserne de pompiers-policiers de la rue Marquette en 1898. (Photo Fonds Gérard Auray, Musée d’histoire de Sherbrooke)

En 1877, Sherbrooke se dote d’une nouvelle caserne de pompiers sur la rue Marquette, à proximité du Séminaire Saint-Charles-Borromée. L’ancienne remise pour la pompe est devenue obsolète et il faut loger convenablement les courageux volontaires qui, tuyaux à la main, luttent contre des incendies ravageurs.

À cette époque, les pompiers volontaires affrontent des brasiers nourris par des maisons en bois et une absence criante d’eau courante.

En 1872, la ville a bien investi dans une pompe à vapeur hippomobile, baptisée Merryweather Fire Engine, mais il faut bien plus qu’une machine pour dompter les flammes récurrentes qui menacent malheureusement la majorité des bâtiments du centre-ville. Imaginez ces hommes, accourant au son de l’alarme électrique qui, dès 1875, permet d’alerter plus efficacement les brigades!

La lampe a servi pour la pompe à vapeur Merryweather acquise par la Magog Steam Fire Company en 1873. (Photo Collection Jacques Darche, Musée d’histoire de Sherbrooke)

La lampe a servi pour la pompe à vapeur Merryweather acquise par la Magog Steam Fire Company en 1873. (Photo Collection Jacques Darche, Musée d’histoire de Sherbrooke)

En 1882, on fusionne les métiers de policier et de pompier.

Ces hommes sont tout autant des gardiens de la loi que des protecteurs des bâtiments, et ils se retrouvent parfois à secourir des familles en difficulté en plein hiver en leur apportant du bois de chauffage.

On est loin des fonctions bien déterminées que l’on associe aujourd’hui à chacun de ces corps de métier.

Voiture de pompiers transportant la pompe, attelée à deux chevaux, devant le poste de la rue Marquette en 1918. (Photo Fonds Gérard Auray, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Voiture de pompiers transportant la pompe, attelée à deux chevaux, devant le poste de la rue Marquette en 1918. (Photo Fonds Gérard Auray, Musée d’histoire de Sherbrooke)

La situation s’enflamme! L’entre-deux-guerres est marqué par des contestations et des réformes de la part de la population et de la ville. En 1929, une enquête de la ville met en lumière des relâchements dans la discipline ainsi que la désuétude des équipements. Puis, en 1939, un profond remaniement du Service de sûreté municipale fait souffler un vent de rigueur dans l’organisation du service et dans la formation des candidats. Il faut attendre 1944 pour que les services des policiers et des pompiers soient définitivement séparés en deux entités distinctes, mettant fin à une époque où une personne en service à la caserne de la rue Marquette pouvait à la fois arrêter un contrevenant et éteindre un incendie dans la même journée.

Une nouvelle caserne est construite en 1925 entre ce qui est aujourd’hui occupé par la bibliothèque Éva-Senécal et le 400 rue Marquette. Cet édifice est, d’ailleurs, érigé en 1974 pour loger le Service de police.

Alors, qui avait raison entre votre beau-frère et vous? En vérité, tous les deux! La rue Marquette a bel et bien accueilli une caserne de pompiers… mais aussi un poste de police, tant les deux fonctions furent longtemps imbriquées à Sherbrooke.

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  • Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne