Quand l’Estrie a-t-elle découvert le plaisir sur les verts?
Quand l’Estrie a-t-elle découvert le plaisir sur les verts?
M. Hist,
J’ai joué au golf tout l’été sur les terrains de l’Estrie, je me demandais ce que l’on connaît sur l’arrivée de ce sport dans la région?
Gilles
Cher Gilles,
Déjà rendus au mois de septembre! Après avoir passé l’été à parcourir les verts, vous entrevoyez malheureusement le temps où vous devrez remiser vos bâtons de golf?
Allons-y avec votre question sans remonter au temps de la création même de ce sport en Europe. En fait, l’histoire du golf à Sherbrooke remonte à la fin du XIXᵉ siècle, période où ce sport est déjà populaire en Écosse et en Angleterre.
D’entrée de jeu, soyons un peu chauvins, car au niveau des parcours, le golf Pen-Y-Bryn (qui signifie sommet de la colline, en gallois) à Bury est vraisemblablement le plus vieux terrain d’Amérique du Nord. Rien de moins! Conçu par la famille Pope, on y frappe les premières balles dès 1868. Le terrain demeure privé et sur invitation de la famille pendant plusieurs années. Il faut donc regarder ailleurs pour voir un premier club «public».
C’est donc en 1897 que l’on retrouve les premières traces du golf organisé au niveau local. À Lennoxville, un groupe de professeurs de l’Université Bishop’s et du Bishop’s College se mettent à pratiquer ce sport dans un pâturage situé à proximité du campus universitaire. Rapidement, le groupe s’organise et le terrain prend le nom de St. Francis Golf Club, puis devient le Lennoxville Golf Club.
Parallèlement au club masculin, le Ladies Golf Club de Sherbrooke est actif dès 1897. Les dames invitent justement les joueuses à un tournoi le 24 mai 1897! (Photo Sherbrooke Daily Record, 19 mai 1897)
Parallèlement au club masculin, le Ladies Golf Club de Sherbrooke est actif dès 1897. Les dames invitent justement les joueuses à un tournoi le 24 mai 1897! (Photo Sherbrooke Daily Record, 19 mai 1897)
Toujours en 1897, à Sherbrooke, une quinzaine de notables se réunissent à l’Hôtel Magog afin de créer un club de golf devant utiliser des terrains près de la rue Wellington, au bas de l’usine de gaz, dans le quartier sud. Pour vous situer, nous serions aujourd’hui le long de la rue Wellington Sud, face à Estrie Aide.
Lors de la réunion de fondation, les règles sont adoptées et on y permet également la présence ses femmes sur le terrain. Comme son voisin à quelques kilomètres au sud, ce club prend lui aussi le nom de St. Francis Club… De quoi mêler les historiens!
Au début du 20e siècle, la popularité du golf est en croissance dans les Townships, et plusieurs terrains et clubs voient le jour. Ce sport est tellement en vogue que dans les années 1920, le Sherbrooke Daily Record offre à ses lecteurs une chronique quotidienne de conseils de golf intitulée Golf as Champions Play It. De quoi devenir un pro!
En 1924, le St. Francis Golf Club (de Sherbrooke) accueille le premier tournoi régional, prélude à la création de l’Eastern Townships Golf Association. Dans la foulée de ce grand rendez-vous annuel, un tournant majeur survient, en 1927: la fondation du Sherbrooke Country Club. Situé dans un secteur boisé au nord de la ville, aux limites de la ville à l’époque en fait, ce parcours est le premier de 18 trous dans la région et deviendra l’actuel Club de golf de Sherbrooke. Ses fondateurs incluent David J. Salls, F. A. Briggs ainsi que les docteurs Hume et Lynch. La section féminine est dirigée par les dames Mitchell et Worthington. Le club devient rapidement un lieu mondain, sportif et une fierté pour la ville!
Quoi qu’il en soit, le golf s’est largement démocratisé. Ce sport attire désormais des amateurs issus de divers horizons, loin de l’image élitiste et anglophone qui l’a longtemps marqué au niveau régional.
Ainsi, du pâturage improvisé de Lennoxville aux clubs modernes d’aujourd’hui, le golf à Sherbrooke illustre à la fois l’évolution sociale, culturelle et sportive de la région. Sport de prestige devenu pratique populaire, il s’inscrit désormais pleinement dans le patrimoine des Cantons-de-l’Est.
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Cynthia Beaulne, La Tribune
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