RÉSEAUX SOCIAUX ET OCCUPATION DU TERRITOIRE
Connectivité et développement régional



Les réseaux sociaux existent depuis que les humains vivent en société. C’est la combinaison des liens que les personnes tissent entre elles. Le mot anglais network rend bien cette idée. Il s’agit d’un filet, un tissu social : c’est l’ensemble des liens sociaux que les individus entretiennent les uns avec les autres.
Le plus souvent, quand on s’intéresse à la connectivité, on s’imagine des technologies très sophistiquées qui permettent de créer des liens à l’échelle de la planète avec cette grande idée de village global.
Cependant, il y a aussi des réseaux sociaux qui se mettent en place à l’échelle locale, de manière très concrète, comme ouvrir une garderie dans un village, démarrer une entreprise, offrir des produits et services dans sa communauté ou créer des associations pour favoriser le développement régional.
Évidemment, tout ça n’est pas sans lien avec la technologie qui facilite la communication et qui modifie considérablement notre manière d’occuper le territoire québécois qui est très vaste et où la distance entre les gens d’une même communauté est parfois immense.
Mariline Lamy-Poirier, qui est coordonnatrice communication marketing territorial pour Vivre en Gaspésie en sait quelque chose. À partir de Maria, dans la Baie-des-Chaleurs, elle travaille tous les jours à créer des liens afin de mettre en valeur les atouts de la Gaspésie pour ceux et celles qui y habitent ou qui voudraient venir s’y établir.
« Vivre en Gaspésie, nous explique-t-elle, est une stratégie régionale qui vise à contribuer à la croissance démographique et à l’occupation dynamique des territoires de la Gaspésie. En valorisant la région auprès de la population, on vise à attirer de nouvelles personnes, à intégrer de nouveaux arrivants, mais aussi à favoriser la rétention des gens qui habitent en Gaspésie, pour éviter qu’ils déménagent vers les grands centres. On veut s’assurer de trouver des solutions pour qu’ils puissent rester en Gaspésie parce que chaque personne est importante. »

Cette stratégie qu’elle et ses collègues déploient avec beaucoup de succès depuis quelques années, consiste à jardiner les liens sociaux et le dynamisme culturel afin que ceux qui habitent la région n’aient pas envie de la quitter.
« C’est intéressant le mot jardinage, parce qu’on tend à utiliser beaucoup le mot enracinement. La plupart des racines des gens qui habitent ici sont en Gaspésie et on veut susciter le sentiment d’appartenance. Il y a par exemple les jeunes qui, souvent, sont obligés d’aller étudier à l’extérieur, parce qu’on n’a pas d’université physique sur place. On souhaite développer le réflexe, afin qu’une fois leurs études terminées, ils aient l’occasion de revenir en Gaspésie. Les emplois ne sont plus uniquement dans le domaine des pêcheries, ou des trucs très stéréotypés. C’est vraiment éclaté; il y a toutes sortes d’emplois disponibles. Même après plusieurs années, on voit beaucoup de personnes revenir quand ils ont leur petite famille, pour être plus près de leurs parents. »

TELUS a récemment investi plusieurs millions de dollars pour étendre ses réseaux de fibre optique et améliorer la connectivité de son réseau 5G dans les régions de la Gaspésie et de la Mauricie. Ces initiatives visent à renforcer l'infrastructure de télécommunications dans ces régions, offrant ainsi des services haut débit fiables et rapides aux résidents et aux entreprises. Grâce à ces déploiements, TELUS s'engage à soutenir le développement économique et social de ces régions en favorisant l'accès à ses technologies de pointe et en stimulant l'innovation locale.



Dans la MRC de Mékinac, en Mauricie, Catherine Groleau, directrice générale du CPE Les petits soleils de Mékinac, travaille aussi, à sa manière, à tisser des liens sociaux. En ouvrant de nouvelles places en service de garde, au sein de CPE ou de garderies en milieu familial, elle permet à de nouvelles familles de venir s’installer dans la région.
« On voit souvent que dans les plus petites municipalités, les petits villages, il y a un âge moyen qui est plus élevé que, par exemple, dans les grandes villes. C’est certain que si on n’offre pas de services aux jeunes familles, on ne pourra pas les accueillir et on ne les attirera pas non plus. C’est pour cette raison qu’avoir qu’un service de garde, c’est vraiment essentiel, encore plus en région plurale et éloignée. Dans les sondages des MRC, la connectivité et les places en garderie sont les premiers points mentionnés comme besoins pour les nouveaux arrivants. Je pense qu’un frein qu’on pouvait avoir, c’était aussi de ne pas pouvoir faire le même travail quand on est en région, mais maintenant, tout se fait en ligne et c’est pratiquement possible de faire à peu près n’importe quel métier, même à Saint-Tite ou à Notre-Dame-de-Montauban. En région, nous avons une belle qualité de vie et de grands espaces. Je passe mes fins de semaine au parc de la Mauricie… Ce n’est pas tout le monde qui a cette chance-là ! »
Cette possibilité de travailler à partir de n’importe où change considérablement la donne au Québec. Les chamboulements dus à la pandémie de COVID-19 ont sans doute servi d’accélérateur, notamment en faisant en sorte que le télétravail soit désormais complètement intégré dans nos habitudes de vie. Ceci permet d’attirer de nouvelles familles et professionnels avec beaucoup moins de contraintes reliées à leur domaine de travail. Ça donne aussi à ceux et celles qui habitent la même région la possibilité de travailler ensemble, malgré la distance. Pour Marilyn Lamy-Poirier, le télétravail, c’est ce qui rend possible une initiative comme Vivre en Gaspésie, et ce, depuis bien avant la pandémie.
« Mon directeur et certaines de mes collègues sont à Gaspé. Une autre de mes collègues est à Maria avec moi. On se rencontre, on alterne, on visite toute la Gaspésie pour faire nos rencontres de travail. Nous avons l’occasion de nous déplacer sur le territoire, tout en travaillant à distance, mais ensemble. Internet permet de faire ça. Ça fait déjà presque 10 ans que c’est comme ça, ce n’est pas juste depuis la pandémie. Le télétravail a été un élément très important, parce qu’on ne se limite plus pas à l’endroit physique de la personne, l’équipe a pu se construire en allant chercher les meilleures personnes pour combler les besoins. On a déjà eu des collègues qui habitaient à Murdochville, à Bonaventure, à Carleton, à Sainte-Anne-des-Monts… C’est vraiment ce que l’on appelle faire le tour de la Gaspésie ! »



Pour Catherine Groleau, c’est un peu la même chose. Les points de service qu’elle développe doivent être reliés entre eux, sans quoi aucune coordination ne serait possible. Plus encore, elle doit aussi être en contact avec des garderies en milieu familial qui sont éloignées les unes des autres. Cette réalité s’impose dès qu’on sort des centres urbains au Québec, c’est-à-dire à peu près partout : on peut habiter la même MRC, mais être séparés par des dizaines de kilomètres. Dans une région comme la Mauricie, simplement améliorer l’accès à la téléphonie cellulaire permet de réduire considérablement cette distance.
« Il y a quelques mois déjà, on a enfin eu une nouvelle tour cellulaire à Saint-Adelphe. Ça, je vous dirais que ça a révolutionné pas mal notre travail, parce qu’on est en développement de places en garderie. C’est sûr que ça a vraiment facilité notre travail. Je suis capable de communiquer avec mes collègues en tout temps. Il y a un an, ce n’était pas encore possible. Il fallait se mettre sur le bord de la fenêtre ou aller dehors pour essayer d’avoir du signal. J’ai aussi une de mes employées qui fait le tour de tous les milieux familiaux sur le territoire de Mékinac, et est constamment en déplacement. Alors, avoir une meilleure couverture cellulaire, c’est beaucoup plus rassurant pour faire son travail. »
En plus de rendre possible ces liens qui facilitent les opérations et la gestion du réseau de points de service dont elle a la garde, la connectivité permet aussi à Catherine Groleau d’assurer un lien constant et de qualité avec la population.
« Ça s’est fait graduellement et ça s’est accéléré dans les dernières années. Maintenant, l’ensemble des communications avec les parents se font par Internet. Quand on constate l’absence d’un enfant, par exemple, ça se fait par message texte, afin de confirmer que c’est bien normal que l’enfant ne soit pas présent. Après, durant la journée, si on a besoin de rejoindre le parent, on a aussi une application pour communiquer avec lui. À notre bureau de Saint-Adelphe, on n’a aucun serveur physique, c’est vraiment tout en ligne, sans fil. »
Depuis quelques années, les citoyens et les élus se sont mobilisés en Gaspésie, afin d’obtenir des services Internet et cellulaires de qualité. Cette mobilisation a porté fruit. Alors que d’autres formes de lien sont plus difficiles à maintenir, comme les liaisons aériennes et les services de transport en commun, le réseau Internet, lui, s’est considérablement amélioré, à telle enseigne que la Gaspésie est désormais une des régions les mieux branchées du Québec. Pour Mariline Lamy-Poirier et ses collègues de Vivre en Gaspésie, ce n’est pas simplement un atout majeur, c’est un service essentiel qui aide à briser l’isolement et à réduire la distance. Pour attirer de nouveaux arrivants et demeurer attrayante pour la population locale, une région éloignée ne doit surtout pas être une région isolée.
« C’est sûr que le fait que la région soit extrêmement bien branchée, ça aide parce que ça rapproche. C’est facile pour ceux qui viennent s’établir en Gaspésie de garder le contact avec les familles qui sont en ville ou même à l’international, parce qu’ils peuvent facilement prendre leur téléphone, leur ordinateur, appeler leur famille en vidéo. La connexion est assez bonne pour que tout le monde soit en vidéo en même temps. Ça permet à quelqu’un d’habiter dans un rang assez éloigné, et de ne pas êtreisolé tout seul dans sa maison. »
Comment ça va chez vous ?
Une production des Coops de l'information
Cet épisode a été réalisé en partenariat avec TELUS
Conception, réalisation et animation : Simon Jodoin

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