RETOUR AUX ORIGINES
DE L'ÉCOLE MITCHELL

Cher M. Hist,
Mon fils, Léonard, étudie dans le pavillon Mitchell, de l’école secondaire Mitchell-Montcalm. Il se demande si tu peux revenir aux origines de son école?
Samuel et Léonard
Chers Samuel et Léonard,
L’école secondaire Mitchell-Montcalm, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est le fruit d’une longue histoire qui débute bien avant son institutionnalisation en 1998. Pour comprendre ses origines, il faut remonter à l’époque où l’éducation secondaire à Sherbrooke en est encore à ses balbutiements. Prenez place à votre pupitre, c’est le temps de prendre des notes!

Rapidement après l’installation des premiers colons, l’éducation devient une préoccupation majeure pour les populations anglophones des Cantons-de-l’Est. Dès ses débuts, Sherbrooke compte parmi les rares localités du «township» d’Ascot à posséder une école primaire. L’essor de l’enseignement secondaire commence en 1827 avec la fondation de la Sherbrooke Academy, une école secondaire anglophone située sur la rue Bank. Dirigée initialement par le révérend W. Brown, l’école propose un programme ambitieux incluant le grec, le latin, le français, les mathématiques, l’histoire et la géographie. De quoi forger de futurs érudits prêts à rentrer dans le monde universitaire! Mais attention, il fallait avoir les moyens: les frais de scolarité freinent l’accès à une partie de la population.
Dans un contexte où les écoles confessionnelles sont la règle, la Sherbrooke Academy se distingue par son caractère non affilié à une église particulière. Toutefois, la majorité de ses élèves, issus de la communauté anglo-protestante, sont orientés vers un enseignement conforme aux valeurs de leur milieu.
En 1857, la Sherbrooke Academy est reconstruite sur Market Street (actuelle rue Marquette) après un incendie, marquant une réorganisation de l’enseignement secondaire anglophone. Avec l’essor de la population et la diversification des besoins éducatifs, la Commission scolaire protestante décide, en 1878, de scinder l’institution en deux entités distinctes: la Young Men’s Academy, destinée aux garçons, et la Young Ladies Academy, destinée aux filles. Bien qu’elle ne porte pas encore le nom Mitchell, on en arrive enfin à l’emplacement qui nous intéresse, car la Young Men’s Academy est érigée au coin des rues London, Portland et Queen (actuel boulevard Queen-Victoria). Cette nouvelle école bénéficie d’un gymnase et d’installations modernisées!
La Young Men’s Academy est bien située, en plein cœur du Vieux-Nord de Sherbrooke, le quartier historique de la bourgeoisie anglophone. (Plan en 1881)
La Young Men’s Academy est bien située, en plein cœur du Vieux-Nord de Sherbrooke, le quartier historique de la bourgeoisie anglophone. (Plan en 1881)
Avec la croissance de la population anglophone, l’éducation protestante s’organise autour d’établissements mieux adaptés. En 1915, un nouveau bâtiment est construit pour remplacer la Young Men’s Academy, qui prend alors le nom de Sherbrooke High School. Cependant, en 1923, l’ouverture d’un nouveau High School sur la rue Ontario (l’actuelle Sherbrooke Elementary School) entraîne une réaffectation du bâtiment qui devient la Mitchell Elementary School, une école primaire dont le nom rend hommage aux sœurs Mary Jane et Sarah Agnès Mitchell, figures importantes de l’éducation anglophone à Sherbrooke.
Façade de la Young Ladies Academy, rue Marquette, en 1960. (Photo Fonds Louis-Philippe Demers, Musée d’histoire de Sherbrooke)
Façade de la Young Ladies Academy, rue Marquette, en 1960. (Photo Fonds Louis-Philippe Demers, Musée d’histoire de Sherbrooke)

Ce n’est qu’au début des années 1960 que commence la construction de l’école secondaire Montcalm, un établissement destiné aux garçons, dans le secteur Nord de Sherbrooke. L’édifice devient un pôle majeur de l’enseignement secondaire francophone.
À partir de ce moment, la démographie scolaire évolue rapidement à Sherbrooke. Le déclin progressif de la population anglophone, combiné à une volonté de centralisation des écoles secondaires, entraîne la fermeture progressive de plusieurs établissements anglophones. L’ouverture de la Alexander Galt Regional High School à Lennoxville en 1969 accélère ce processus et conduit à la fermeture de l’école Mitchell en tant qu’institution primaire anglophone.
Dans l’escalier du Sherbrooke Young Men's Academy posent les étudiants et leurs professeurs, M. G. H. Howard et Miss M. J. Mitchell. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)
Dans l’escalier du Sherbrooke Young Men's Academy posent les étudiants et leurs professeurs, M. G. H. Howard et Miss M. J. Mitchell. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)
À la même époque, la Commission scolaire régionale de l’Estrie (CSRE) décide de faire de l’ancienne Mitchell Elementary School un lieu d’enseignement francophone. Ainsi, à partir de 1969, l’école Mitchell devient une école secondaire pour filles, tandis que Montcalm continue d’accueillir les garçons. En 1986, les deux établissements sont intégrés à la Commission scolaire catholique de Sherbrooke (CSCS). Finalement, en juillet 1998, l’école secondaire Mitchell-Montcalm est créée!
Ainsi, Léonard, en arpentant les couloirs du pavillon Mitchell, vous marchez sur les traces de générations d’élèves, d’érudits en herbe et de professeurs passionnés, qui ont contribué à faire évoluer cet établissement depuis la Sherbrooke Academy jusqu’à l’école d’aujourd’hui!
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Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne
