ARIZONA
SEDONA, SURPRENANT PARADIS DU PLEIN AIR

JONATHAN CUSTEAU
Le Bourlingueur
Environ deux heures au nord de Phoenix, dans une lumière parfaite de fin d’après-midi de décembre, les premiers monticules rocheux de Sedona apparaissent à l’horizon. La mandibule tombée sur le volant du VR, je peine à rester concentré sur la route. Où suis-je? Qu’est-ce que cet inattendu spectacle? Je ne m’étais pas encore posé et Sedona comblait bien plus que mes attentes.
«Regarder vers le haut remonte le moral», me disait Andrew, directeur du tourisme à Sedona. Et il ne croyait pas si bien résumer la petite ville de quelque 9000 âmes, où tout nous pousse à lever les yeux. Les monolithes, les sommets rocheux, la ligne d’horizon inégale, souvent rougeâtres, font plus qu’accrocher l’œil.
Le trajet de mon roadtrip en Arizona et en Utah.
Le trajet de mon roadtrip en Arizona et en Utah.
Pour le passionné de plein air, Sedona, le premier arrêt de ma tournée en véhicule récréatif en Arizona, constitue un paradis d’une grande richesse. Selon une étude intégrée au Sedona Tourism Plan, ce sont les deux tiers des visiteurs qui effectuent une randonnée pendant leur séjour. Pour le touriste amoureux de spiritualité et d’ésotérisme, les vortex, des sites reconnus pour leur grande quantité d’énergie, sont particulièrement populaires pour la méditation ou le yoga.



RANDONNÉE
Sedona, c’est un terrain de jeu qui compte donc près de 200 sentiers de randonnée, pour un total de 650 kilomètres à parcourir à pied ou à vélo, si on veut les voir tous. Pas besoin de préciser qu’on n’en fait pas le tour en une journée. Mais chaque sentier s’étend en moyenne sur trois kilomètres et tout le réseau est bâti comme une toile d’araignée. Autrement dit, pour peu qu’on étudie un peu le territoire, on peut se déplacer jusqu’à pratiquement n’importe où par l’entremise des sentiers.
On remarquera d’ailleurs, dès notre arrivée par Oak Creek, le village voisin connu entre autres pour ses restaurants, que des pistes cyclables et des trottoirs ont été aménagés partout pour la mobilité durable.
Dès l'arrivée à Sedona, on remarque les efforts pour favoriser le transport actif.
Dès l'arrivée à Sedona, on remarque les efforts pour favoriser le transport actif.
Les randonnées populaires incluent les sites d’Airport Mesa, Cathedral Rock, Bell Rock et Boynton Canyon. Qui dit popularité dit foules plus imposantes. À Cathedral Rock, par exemple, où la vue sur la vallée au coucher de soleil risque de provoquer de petits torrents chez les plus émotifs, le stationnement est fermé du jeudi au dimanche. On prendra plutôt une navette (la Sedona Trailhead Shuttle) d’un stationnement désigné vers l’entrée du sentier. Portez une attention aux horaires pour éviter de rentrer à pied.
Cathedral Rock m’a fait regretter de ne pas avoir prévu de plus longs moments en nature. Il faut accepter de grimper un brin, mais le trajet est loin d’être aussi difficile que ce qu’on laisse croire sur l’application AllTrails. On peut faire l'aller-retour en moins de deux heures. Tout en haut, j’ai eu des flashbacks du Tigré, en Éthiopie, où on a aménagé l’église Abuna Yemata Guh à flanc de falaise. Sauf que l’Arizona, c’est moins loin que l’Éthiopie.
Mise en garde: la vue pourrait vous inciter à vous attarder. En fin de journée, c’est le charme du panorama qui pose le plus grand risque de rater le rendez-vous avec la dernière navette.
Sedona
Sedona
Sedona
Sedona
La randonnée de Cathedral Rock
La randonnée de Cathedral Rock
TOUR DE JEEP
Pas mûr pour une rando? Si vous avez le cœur bien accroché, vous pouvez plutôt opter pour un tour en Jeep qui vous entraînera sur des chemins cahoteux à la découverte de points de vue magnifiques. Si on ne s’essouffle pas en s’usant les rotules ou en se musclant les mollets, certains risquent de perdre la voix en poussant des petits cris. C’est que les Jeep se permettent des ascensions et des descentes dans des angles qu’on croyait impossibles, presque verticaux.
Pour dire vrai, il est un peu difficile de se retrouver parmi toutes les compagnies et tous les tours offerts. Le prix (généralement plus de 100$US), la durée de l’expérience et le niveau de confort doivent être pris en compte. Il faut prévoir qu’on sera probablement exposé à la poussière aussi.
En ce qui me concerne, j’ai passé deux heures environ sur le sentier Broken Arrow avec Pink Jeep Tours. D’emblée, le rose éclatant du véhicule se démarque dans un décor terreux. Avec un guide expérimenté et un tantinet humoriste, on a rapidement compris pourquoi la région était propice au tournage de films westerns. Le nom du sentier est d’ailleurs inspiré du film Broken Arrow, sorti en 1950.
On aime les anecdotes, comme celle à propos de Chicken Point, ce point de vue qui doit son nom au défi que se lançaient des conducteurs téméraires de faire le tour d’une borne surélevée, dans un espace très étroit, au risque de tomber d’une falaise. Aujourd’hui, des balises ont été ajoutées pour empêcher les voitures de s’en approcher.
Il raconte aussi qu’il est interdit de construire des bâtiments de plus de deux étages à Sedona, nous nomme les trois types de serpents à sonnette présents dans la région et nous éduque sur le pécari, un animal qu’on risque de rencontrer là, en nature, et qu’on confond souvent avec un cochon.
Au moins deux arrêts sont prévus pour se dégourdir les jambes et prendre quelques photos.
En soirée, même dans le noir, il sera encore temps de regarder vers les airs, puisque Sedona a obtenu le titre de Dark Sky Community en 2014. On peut y observer les étoiles seul ou dans un tour sur le thème de l’astronomie.



La galerie Renee Taylor est particulièrement impressionnante.
La galerie Renee Taylor est particulièrement impressionnante.
ART ET GASTRONOMIE
En ville même, on pourra obtenir une lecture de nos chakras et découvrir comment les rebalancer, magasiner des cristaux ou de l’encens, ou découvrir le village d’art Tlaquepaque. Celui-ci, un regroupement d’une quarantaine de boutiques, est inspiré d’un village mexicain près de Guadalajara. On s’y perd facilement, entre toiles, sculptures, jouets et autres chandelles. Gros coup de cœur pour le galerie Renee Taylor, un délice visuel qui propose des pièces trop chères pour mon budget.
Côté gastronomie, plusieurs visiteurs nous ont signalé préférer les restaurants d’Oak Creek. L’Ingenious Mexican Kitchen offre pourtant une excellente cuisine mexicaine, alors qu’Hudson, au menu varié, semble jouir d’une très bonne réputation. La plupart des restaurants de Sedona sont indépendants. Des chaînes, on ne trouvera que McDonald’s et Chipotle. Une trentaine de vignobles sont par ailleurs implantés dans la région.
Le centre d'arts Tlaquepaque réplique un village mexicain du même nom.
Le centre d'arts Tlaquepaque réplique un village mexicain du même nom.
Lecture de chakras, encens et ésotérisme attirent les visiteurs à Sedona.
Lecture de chakras, encens et ésotérisme attirent les visiteurs à Sedona.
Pour se déplacer, les visiteurs sont encouragés à utiliser la navette sur demande Sedona Shuttle Connect, qui, comme un taxi, peut vous transporter n’importe où en ville pour le prix fixe de 2$. L’initiative vise entre autres à désengorger les quelques routes qui traversent l’agglomération. Un bus propose aussi un transit toutes les heures vers le village de Cottonwood.
Sedona accueille sa plus grande concentration de touristes en octobre et novembre et connaît un ralentissement de décembre à mars. C’est alors un peu plus frisquet, mais une belle occasion d’éviter les foules. Si les touristes y passent en moyenne 2,7 jours, ils repartent probablement tous comme moi en jugeant que le séjour était trop court. Qu’on croie ou non que Sedona jouit d’une énergie hors du commun, on se surprend à vouloir y rester plus longtemps... ou à vouloir y retourner.
Le journaliste était l'invité de Visit Arizona et de Blacksford.
Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne
