UN CONSULAT AMÉRICAIN À SHERBROOKE...
Par M. Hist - Musée d'histoire de Sherbrooke

M. Hist,
On m’a mentionné qu’il y a déjà eu un consulat américain à Sherbrooke. Est-ce vrai?
Annick L.
Chère lectrice,
Dans le contexte des relations avec nos voisins du Sud, votre question arrive à point. Et vous répondre par l’affirmative sans vous donner plus de détails vous laisserait sûrement sur votre faim.
Laissez-moi d’abord clarifier une chose: un consulat ce n’est pas une ambassade. Nous pouvons donc oublier le grand corps diplomatique américain défilant sur la rue Wellington. En fait, le consulat offre principalement une assistance administrative aux ressortissants étrangers venus s’établir ou travailler dans un autre pays.
Bien sûr, la proximité de notre région est intimement liée à l’évolution de la situation dans le pays voisin. Dès la colonisation des Cantons d’Ascot et d’Orford, des loyalistes, tout comme des fils de la révolution américaine, viennent s’établir ici. Et, le flux migratoire entre les deux pays ne fera que s’accélérer durant le 19e et le 20e siècle.
C’est durant le dernier quart du 19e siècle que les États-Unis décident d’ouvrir ce bureau administratif à Sherbrooke, comme on le disait, principalement pour soutenir leurs citoyens. Henry D. Lawrence devient le premier consul sur place, poste qu’il occupe jusqu’en 1882. Une dizaine de consuls lui succèderont. Parmi eux, un seul francophone, Benjamin Lanthier, qui est nommé en 1893 et remplacé en 1894. La présence de Lanthier comme consul entraine d’ailleurs certaines réactions du côté américain.
Paul Lang, consul américain à Sherbrooke dès 1897, photo vers 1907. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)
Paul Lang, consul américain à Sherbrooke dès 1897, photo vers 1907. (Photo Collection Musée d’histoire de Sherbrooke)
Les services offerts concernent principalement les visas de travail et ceux pour se déplacer à la frontière. En 1924, la taxe d’entrée est fixée à 8$, alors qu’un visa d’immigration est disponible au coût de 10$. En plus des visas, des agents facilitent et recensent les échanges commerciaux entre les deux pays.

En 1933, des représentants de la Ville et de la Chambre de commerce de Sherbrooke se déplacent à Montréal pour rencontrer des homologues américains afin de plaider le maintien d’un consulat à Sherbrooke. L’effort est vain: W.H. Gosforth, en poste depuis six ans, est responsable de fermer le bureau. Les Américains des Cantons devront donc faire un détour à Montréal pour obtenir leur visa… pour quelque temps.
En effet, en 1940, le gouvernement américain annonce une nouvelle favorable: quatre nouveaux consulats ouvriront, dont un à Sherbrooke. Hedley V. Cooke, le nouveau consul annonce même que durant le premier mois, 433 visas sont émis, dont la plupart pour des citoyens de… Rock Island, Beebe et Stanstead. D’abord installé dans le New Sherbrooke Hotel, le bureau du consulat se déplace dans l’édifice Olivier.
Malgré le service offert, le consulat se perd bien vite dans l’histoire, et on ne trouve plus sa trace à Sherbrooke dès la fin de cette année 1940… Quelques traces demeurent cependant, dans les journaux anciens, autant d’éléments qui sont les ambassadeurs d’une époque révolue!
On retrouve pendant plusieurs années, dans les journaux locaux, les bilans annuels des exportations enregistrées au consulat de Sherbrooke. (Photo Le Progrès de l’Est, 7 juillet 1905)
On retrouve pendant plusieurs années, dans les journaux locaux, les bilans annuels des exportations enregistrées au consulat de Sherbrooke. (Photo Le Progrès de l’Est, 7 juillet 1905)
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Conception graphique La Tribune, Cynthia Beaulne