UN PEU
DE NORVÈGE
AU MONT-BELLEVUE

Par M. Hist - Musée d'histoire de Sherbrooke

Pour la saison 1969-1970, c’est plus de 36 000 skieurs qui profiteront des pentes du Mont-Bellevue. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

Pour la saison 1969-1970, c’est plus de 36 000 skieurs qui profiteront des pentes du Mont-Bellevue. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

Bonjour M. Hist,

Plusieurs articles sont parus dans La Tribune ces dernières semaines sur la station de ski du Mont-Bellevue. Avez-vous des informations sur l’histoire du ski sur cette montagne?

Loïc

Cher Loïc,

Prenons de la hauteur et glissons ensemble vers cette belle aventure qu’est le ski à Sherbrooke, et plus particulièrement au Mont-Bellevue…

La première mention de la «raquette norvégienne» à Sherbrooke remonte au dernier quart du 19e siècle. Le fils d’un mécanicien d’usine, Amoret Arkley, aurait emprunté des outils à son père pour se bricoler une paire de skis. Il est documenté que le jeune Arkley aurait utilisé ses skis pendants plusieurs années à Sherbrooke et autour de la ville. À cette époque, le Mont-Bellevue est en «campagne», voir hors du territoire municipal, et il n’y a aucune mention de la présence du skieur dans ce secteur.

Fort populaire, l’école de ski du Mont-Bellevue nécessite pas moins de 20 instructeurs en 1970. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

Fort populaire, l’école de ski du Mont-Bellevue nécessite pas moins de 20 instructeurs en 1970. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

Au début du 20e siècle, les amateurs de glisse se tournent plutôt vers la ferme Brault (qui deviendra la ferme Fabi), sur le chemin de Brompton. Des années 1920 jusqu’à la fin des années 1950, c’est là, l’endroit pour faire du ski à Sherbrooke. On y organise jusqu’à 18 pistes, deux remonte-pentes et on va jusqu’à illuminer les pistes.

Pour revenir au Mont-Bellevue plus précisément, c’est en 1939 que la Ville de Sherbrooke fait appel à l’athlète norvégien Herman Jackrabbit Smith-Johanssen pour analyser le potentiel local et des endroits propices pour le ski. Il faut dire que Smith-Johanssen est un expert en la matière ayant notamment tracé des pistes en Europe centrale, à Lake Placid (NY) et au Mont-Tremblant! À la fin de son mandat à Sherbrooke, il suggère la création de deux bonnes pistes et le développement du Mont-Bellevue.

Lors de son inauguration en janvier 1970, la station de ski du Mont-Bellevue compte trois pistes et un poma-lift. (Photo Fonds Louis-Philippe Demers, Mhist)

Lors de son inauguration en janvier 1970, la station de ski du Mont-Bellevue compte trois pistes et un poma-lift. (Photo Fonds Louis-Philippe Demers, Mhist)

Parfois, l’aboutissement d’un projet peut prendre un bon moment… dans ce cas-ci, il faut attendre 20 ans, soit en 1959 pour que l’étude du Norvégien soit mise en place. Ainsi pour l’hiver 1959-1960, le conseil municipal débloque un budget de 85 000$ pour procéder au déboisement, au nivellement, au tracé de trois pistes et à l’installation d’un poma-lift. Les tarifs en semaine sont fixés à 0,50$ par jour pour les enfants et les étudiants, à 0,75$ pour les adultes, et à 1$ par jour durant la fin de semaine pour les plus jeunes et à 1,50$ pour les adultes. Les études projettent des revenus de 7000$ à 16 000$ par saison. Donc, un projet rentable sur moins d’une décennie!

À la fin de années 1970, la Ville de Sherbrooke dévoile la maquette pour l’aménagement de la base de plein air du Mont-Bellevue, améliorant ainsi les espaces de glisse. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

À la fin de années 1970, la Ville de Sherbrooke dévoile la maquette pour l’aménagement de la base de plein air du Mont-Bellevue, améliorant ainsi les espaces de glisse. (Photo Fonds Ville de Sherbrooke, Mhist)

L’inauguration de la station du Mont-Bellevue a lieu le 17 janvier 1960.

Les études disaient vraies et le succès est bel et bien au rendez-vous: 700 skieurs arpentent les pistes dans les cinq premiers jours! En fait, l’achalandage est tel qu’il nécessite la construction d’un chalet en 1963 et l’ajout de pistes en 1965.

En 1976, la Ville reçoit de l’aide financière du gouvernement du Québec pour transformer le site du Mont-Bellevue en base de plein air. Une entente conclue avec l’Université de Sherbrooke permet l’utilisation maximale du mont à des fins récréatives. Du côté hivernal, des pistes de ski de fond et de raquette sont tracées et les pistes de ski alpin sont améliorées.

Ce sport poursuit sa lancée. Des investissements sont effectués dans les années 1980 avec l’ajout d’un télésiège double et l’agrandissement du chalet, le tout pour répondre aux besoins toujours croissants. La montagne comprend depuis dix belles pistes et plusieurs sports de glisse.

La station du Mont-Bellevue est toujours d’actualité, alors que les installations sont encore prisées par les Sherbrookoises et Sherbrookois, et avec raison: notre Ville demeure l’une des seules au Québec à avoir une station de ski en plein cœur de son territoire urbain. Bonne saison de glisse!

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