MIKAËL LALANCETTE
mlalancette@lesoleil.com

ÉMILIE PELLETIER
epelletier@lesoleil.com

Il y a 30 ans jour pour jour, le 21 janvier 1995, les Nordiques de Québec entreprenaient leur dernière saison dans la Ligue nationale de hockey. Des acteurs clés du jeu de coulisses qui a mené à leur départ vers le Colorado sont demeurés dans l’ombre depuis trois décennies. Le Soleil est allé à leur rencontre, dossier dans lequel l’ex-président de Comsat Video Enterprises, Charlie Lyons, y va de révélations étonnantes sur l’achat des Bleus.

Les Nordiques ont terminé leur saison avec un dossier de 30-13-5 en 1995, le deuxième meilleur de toute la LNH. (Archives Le Soleil/Jean Vallières)

Les Nordiques ont terminé leur saison avec un dossier de 30-13-5 en 1995, le deuxième meilleur de toute la LNH. (Archives Le Soleil/Jean Vallières)

Écourtée à 48 parties en raison d’un conflit de travail de 103 jours, la campagne 1994-95 commence sur une mauvaise note la veille du premier match de la troupe de l'entraîneur-chef recrue, Marc Crawford, le 21 janvier 1995.

L’avion nolisé qui amène les Nordiques à Philadelphie pour la première rencontre a des problèmes mécaniques et doit atterrir à Montréal, ce qui a comme effet d’allonger le voyage de plusieurs heures. 

«Message à Monsieur Aubut: après le nouveau Colisée, il faudrait acheter un jet», ironise un journaliste de la métropole. 

Cette anicroche est bien loin de déstabiliser l’équipe fleurdelisée qui remporte la première victoire d’une série de 12 en 13 matchs en ouverture de saison. L’optimisme est de retour à Québec, où la communauté d’affaires met la touche finale à sa candidature olympique pour l'obtention des Jeux de 2002.

Un dernier espoir 

En coulisses, se joue une partie de bras de fer bien plus féroce que la lutte olympique entre Québec et Salt Lake City. Le puissant président des Nordiques, Marcel Aubut, veut tout faire en son pouvoir pour forcer la construction d’un nouvel amphithéâtre à l'instar de Montréal, Philadelphie et Boston. La facture avoisine les 125 millions $ à Québec. 

Le premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, entretenait une relation harmonieuse avec le maire Jean-Paul L'Allier. (Archives Le Soleil/Clément Thibeault)

Le premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, entretenait une relation harmonieuse avec le maire Jean-Paul L'Allier. (Archives Le Soleil/Clément Thibeault)

Fraîchement élu, le gouvernement péquiste de Jacques Parizeau n’est pas très chaud à l’idée, pas plus que le maire Jean-Paul L’Allier, incapable de rallier ses 50 collègues de la Communauté urbaine de Québec, dont il recherche la participation au financement public d'un nouvel aréna. 

La ville non fusionnée de Québec, avec ses quelque 185 000 habitants, se retrouve au front sans fusil. «On n'a pas eu d'accusé de réception, sauf une ouverture du maire de Pintendre», rappelle Richard Lacasse, l'attaché de presse du maire L’Allier de 1989 à 1995. 

Ce qui entretient le doute par rapport à Québec, c’est que Marcel Aubut et ses alliés des plus petits marchés de la Ligue viennent de perdre une importante bataille lors du règlement du lock-out: l’instauration d’un plafond salarial pouvant contrer la flambée des salaires des joueurs qui menace tant la survie des Nordiques.

Une victoire pour l'Association des joueurs de la LNH, mais une douche froide pour le premier ministre Jacques Parizeau, un régulier du Colisée avec sa femme Lisette. L’équivalent, dira son chef de cabinet de l’époque, Jean Royer, de «passer du frigidaire au congélateur».

(Archives Le Soleil, Yvon Mongrain et Patrice Laroche)

(Archives Le Soleil, Yvon Mongrain et Patrice Laroche)

Bettman n'a jamais appelé

Ce dernier détient alors des informations voulant que le commissaire de la LNH, Gary Bettman, est à l’aise avec l’idée de quitter la capitale, où son circuit est implanté depuis 1979. «Ça ne faisait peut-être pas partie de son plan, mais il ne perdait pas le sommeil avec ça non plus, analyse Royer. Il ne nous a jamais appelés.»

Marcel Aubut vient tout juste de jouer son va-tout sur la place publique. L’homme de 47 ans a en main une proposition des actionnaires lui permettant d’aller de l’avant si jamais il est incapable d’obtenir un nouvel amphithéâtre auquel pourrait être associé un projet de casino.

Les destinations les plus souvent évoquées dans le scénario d’un déménagement sont Atlanta, Phoenix et Houston, mais le 18 février, la possibilité de voir les Bleus quitter pour le Colorado émane à la une du Denver Post.

Le consortium de télécommunications, Comsat, propriétaire du club de basketball des Nuggets dans la NBA, souhaite une deuxième équipe professionnelle pour justifier la construction d’un nouvel amphithéâtre qui remplacerait le McNichols Arena, construit en 1975. 

Le président de Comsat Video Enterprises, Charlie Lyons, a eu vent des difficultés financières des Nordiques par l’entremise de deux amis, Tim Leiweke le président des Nuggets, et Tony Tavares, à la tête des Mighty Ducks d’Anaheim quelques années avant d'être le dernier président de l'histoire des Expos de Montréal.

(Archives Le Soleil Jacques Deschênes et Adrian Dater)

(Archives Le Soleil Jacques Deschênes et Adrian Dater)

Comsat voulait aider Québec 

Charlie Lyons s’intéresse à la Ligue nationale depuis quelques années déjà et il est prêt à jouer le jeu pour aider son «bon ami», Gary Bettman. «Marcel Aubut voulait vraiment garder l’équipe à Québec, mais il savait que pour y arriver, il avait besoin d’une pression extérieure», confie Lyons au Soleil dans une rare entrevue accordée 30 ans après les événements.

L’ancien dirigeant lève le voile sur la stratégie: mettre de la pression sur les différents paliers de gouvernements québécois pour permettre aux Nordiques d’obtenir l’amphithéâtre qu'ils réclament depuis des années. 

La fuite d’une possible vente des Nordiques pour 75 millions $ américains, trois mois avant le vrai blitz de négociations, tombe donc à point, à condition de ne pas faire entrer Comsat dans une surenchère avec Oklahoma City, qui s'intéresse aussi aux Fleurdelisés.

«Si j’aidais les Nordiques à rester à Québec, je permettais à la Ligue de régler un problème et je grimpais au sommet de la liste pour la prochaine expansion, explique l’ex-président. Et si ça échouait, j’obtenais une équipe qui pouvait aspirer au championnat dès la première saison.»

Le bureau de direction de l’entreprise publique basée à Washington, au Maryland, s’inquiète du petit jeu joué par Charlie Lyons, se demandant même si Comsat n’est pas en train de servir de faire-valoir pour Québec. 

Le futur producteur de cinéma est prêt à mettre tout le «temps et l’énergie» nécessaires même si la vente peut tomber à l'eau à tout moment.

Charlie Lyons de son domicile californien (Le Soleil/Mikaël Lalancette)

Charlie Lyons de son domicile californien (Le Soleil/Mikaël Lalancette)

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En pleine préparation d'un référendum sur la souveraineté, le Parti québécois tient à garder Québec sur l’écran radar du sport professionnel, mais pas à n’importe quel prix. Surtout pas alors que la situation économique de la province est précaire avec un taux de chômage frôlant les 12%.

Un dossier qui imposait une grande délicatesse, se souvient le chef de cabinet, Jean Royer. «Dans notre agenda référendaire, il n’y avait aucun avantage politique à voir les Nordiques s’en aller, insiste-t-il. Il fallait donc faire le nécessaire pour les maintenir à Québec.»

(Archives La Presse Canadienne et fournie par Charlie Lyons)

(Archives La Presse Canadienne et fournie par Charlie Lyons)

L'Allier critiqué

Comme premier magistrat, Jean-Paul L’Allier est dépeint comme désintéressé à la cause des Nordiques, préférant une aide fédérale pour construire un centre de congrès plutôt qu'un aréna, l’objet de bien des critiques dans la presse sportive. 

«Le maire a été combatif, martèle toujours son ex-attaché, Richard Lacasse. Il a combattu dans les limites des finances de la Ville de Québec.»

Neuf ans après le décès de Jean-Paul L’Allier, sa femme Johanne Mongeau conserve un «mauvais souvenir» de cette période charnière. «Ça a été des moments extrêmement difficiles pour Jean-Paul, et donc, pour nous», se limite-t-elle à dire.

(Archives Le Soleil/Jean-Marie Villeneuve)

(Archives Le Soleil/Jean-Marie Villeneuve)

Les menaces d'Aubut

Dans les médias, Marcel Aubut affirme que si rien n’est fait, l’équipe est condamnée à quitter la ville en raison des déficits attendus, près de 10 millions $ pour l’année en cours et encore davantage pour les suivantes.

Ses demandes — un loyer gratuit et des pertes épongées par l'État pendant la construction de l’amphithéâtre — sont jugées «ahurissantes» par le gouvernement Parizeau, qui les compare à une «pompe installée sur le fonds consolidé de la province».

Le porte-parole du club, Jean Martineau, sert de «bouclier» en étant la seule personne autorisée à parler aux journalistes. «Sur une base individuelle pour garder le contrôle du message, explique-t-il, 30 ans plus tard. Quand on décidait de parler, je pouvais donner 25 entrevues dans la même journée. Je finissais brûlé mort.»

A close up of a white wall with a clock on it

Archives Le Soleil/Jean-Marie Villeneuve

Archives Le Soleil/Jean-Marie Villeneuve

Joli-Coeur en renfort 

À deux semaines de la date butoir du 1er mai 1995, Québec nomme l’avocat, André Joli-Coeur, comme négociateur du gouvernement pour trouver un terrain d'entente avec Marcel Aubut, le meneur de la société en commandite propriétaire des Nordiques. 

Certains voient toujours la nomination du fondateur du bureau Joli-Coeur-Lacasse-Lemieux-Simard-Saint-Pierre comme une tentative de diversion. «C'était pour gagner du temps», résume l'ex-adjoint d'Aubut, Luc Ouellet. 

Une théorie que réfute Jean Royer, à qui un fonctionnaire du ministère des Finances avait fait remarquer un jour que seul «le dessous des poubelles n’était pas commandité dans le Colisée», laissant croire que la structure de revenus avait atteint son maximum.  

Royer confie qu'il a lui-même demandé au premier ministre de nommer une personne neutre chargée de négocier. «Je me suis retrouvé au cœur de la négociation et avec l’agenda qu’on avait, je ne pouvais pas passer mes journées sur un seul dossier», justifie-t-il.

Lorsqu’on questionne André Joli-Coeur sur ce qui s’est passé dans l’antichambre du pouvoir, le péquiste de longue date s’en remet au «secret professionnel» pour justifier son silence.

«On était là pour que ça marche, on voulait garder les Nordiques et les raisons étaient évidentes pour le faire»
André Joli-Coeur

L'homme de 81 ans est toutefois bien au fait que son arrivée comme intermédiaire a pu déplaire à Marcel Aubut. «J’ai vite compris qu’il ne me voulait pas dans cette affaire, lance-t-il. Me Aubut voulait un accès direct aux plus grandes autorités et je n’étais pas de son rang. Je ne lui en tiens pas rigueur, mais il n’a montré aucune ouverture. Zéro ouverture.»

L’avocat André Joli-Coeur de passage dans les bureaux du Soleil dans les derniers jours. (Le Soleil/Frédéric Matte)

L’avocat André Joli-Coeur de passage dans les bureaux du Soleil dans les derniers jours. (Le Soleil/Frédéric Matte)

Le point de rupture

Charlie Lyons revoit encore Aubut, attablé au China Village, un petit restaurant chinois de Bethesda, en banlieue de Washington, en train de discuter d’une possible transaction en raison de l’impasse des négociations. 

Les Nordiques, un «trésor national», sont défendus bec et oncle par le Kid de la Grande Allée. «Il pouvait commencer un dîner en parlant de la possibilité de vendre l’équipe puis il passait le reste du repas à me dire à quel point il l’aimait et pourquoi il ne la vendrait jamais», se souvient le grand patron de Comsat.

Le «plan Parizeau» 

Quelques jours après sa nomination, le négociateur du gouvernement dépose une offre finale aux actionnaires des Bleus. Québec propose d’acheter 17,5 millions $ des actions des partenaires non institutionnels du club, celles de Marcel Dutil et Marcel Aubut, et d’éponger jusqu’à 70% des pertes financières pendant trois ans, jusqu’à concurrence de 21 M$.

Le gouvernement se donne un an et demi, jusqu’au 31 décembre 1996, pour évaluer la pertinence d’un nouveau Colisée et impose sept conditions à sa construction. 

Le plan de sauvetage, qui permettrait à Québec de rembourser son investissement si l’équipe venait à être vendue, est tout de suite refusé par Marcel Aubut et ses acolytes.

Les pourparlers avec Comsat s’intensifient après ce que les actionnaires considèrent comme un refus de négocier. La vie des Nordiques, qui génèrent 600 emplois et près de 50 millions $ de retombées économiques dans la capitale, ne tient plus qu’à un fil.

Chris Simon des Nordiques marque un but dans le cinquième match de la série contre les Rangers de New York, le soir du 14 mai 1995, le dernier de l'histoire des Bleus à Québec. (Archives Le Soleil/Patrice Laroche)

Chris Simon des Nordiques marque un but dans le cinquième match de la série contre les Rangers de New York, le soir du 14 mai 1995, le dernier de l'histoire des Bleus à Québec. (Archives Le Soleil/Patrice Laroche)

Le matin du 14 mai 1995, à quelques heures du cinquième match de la série de premier tour contre les Rangers de New York, le capitaine des Nordiques depuis 1992, Joe Sakic, est convoqué par le directeur général, Pierre Lacroix.

Joe Sakic en novembre dernier (Le Soleil/Mikaël Lalancette)

Joe Sakic en novembre dernier (Le Soleil/Mikaël Lalancette)

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Dix jours plus tard, après que le club québécois ait été éliminé dans la métropole américaine, Marcel Aubut rend finalement les armes à Bethesda au Maryland. Le grand manitou de Comsat signe les documents officialisant la vente puis il laisse le président des Nordiques seul dans son bureau.

Incapable d’apposer sa signature au bas des papiers, le natif de Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup marche en rond pendant deux heures à hésiter.

(Archives Le Soleil/Gilles Lafond et archives Le Soleil)

(Archives Le Soleil/Gilles Lafond et archives Le Soleil)

L'épisode était clos

Lorsqu’il tente une dernière fois de parler directement au premier ministre Jacques Parizeau, qui affirme depuis des jours que l'épisode est «clos», celui-ci demeure incommunicado.

Du bunker, Jean Royer ne montre aucune ouverture à organiser une rencontre de la dernière chance le lendemain. «Il n’avait rien de nouveau à dire», remarque l’ex-chef de cabinet en confiant qu'un autre actionnaire de la formation fleurdelisée lui avait dévoilé le pot aux roses quelques jours avant l’appel d'Aubut.

Aux alentours de 18 h 30, le 24 mai 1995, l'ex-dauphin de Jean Lesage se résigne à signer à son tour. Le club québécois acheté 14,8 millions $ canadiens en 1988 est vendu pour 75 millions $ américains. 

Charlie Lyons, bien avant de devenir producteur télé et associé de l’ex-boxeur Mike Tyson aux États-Unis, voit un homme au «cœur brisé» devant lui.

Dans ses nombreuses discussions avec son vis-à-vis des Nordiques, le président de Comsat s'est fait à l’idée que Pierre Lacroix, qui n’a qu’un an d’expérience comme directeur général, est l’homme tout désigné pour prendre les rênes du département hockey des «nouveaux» Nordiques à Denver. L'ancien agent de joueurs lui a aussi été vanté par René Angélil, l'imprésario et mari de la chanteuse Céline Dion.

Le dirigeant ne regrettera jamais son choix: Lacroix et lui se lieront d’amitié et deviendront voisins à Littleton, en banlieue de Denver. Le DG et sa femme, Colombe Lacroix, seront même nommés parrain et marraine de Charlie Marie, la fille de Lyons.

(Le Soleil/Mikaël Lalancette)

(Le Soleil/Mikaël Lalancette)

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Le 25 mai 1995, moins de 24 heures après la poignée de main officielle, la presse de Québec est convoquée à l'hôtel Loews Le Concorde. Près de 30 ans plus tard, la marche entre le centre commercial Place Québec et la salle de conférence de l’hôtel situé sur Grande-Allée apparaît encore interminable dans la mémoire du porte-parole des Nordiques du temps, Jean Martineau.

«Des gens nous criaient après, ça va toujours rester gravé dans ma tête», se souvient celui à qui Pierre Lacroix avait offert de déménager avec lui à Denver, quelques jours plus tôt.

Les actionnaires, Claude Blanchet, Marcel Aubut, Jacques Labrecque, Bernard Bélair et Marcel Dutil lors de la conférence de presse organisée à l'hôtel Loews Le Concorde. (Archives Le Soleil/Jean-Marie Villeneuve)

Les actionnaires, Claude Blanchet, Marcel Aubut, Jacques Labrecque, Bernard Bélair et Marcel Dutil lors de la conférence de presse organisée à l'hôtel Loews Le Concorde. (Archives Le Soleil/Jean-Marie Villeneuve)

Le souffle court, Marcel Aubut tremble comme une feuille en lisant l’allocution de l'annonce fatidique. «La vente des Nordiques, soupire-t-il, je le comprends plus que quiconque, a de quoi rendre triste et morose…»

Une scène inoubliable pour son adjoint, Luc Ouellet, qui venait de le voir pleurer comme un enfant en privé. «Marcel était surmené et stressé, ça n'avait pas de bon sens.» 

(Fournie par Charlie Lyons et archives Le Soleil/Jocelyn Bernier)

(Fournie par Charlie Lyons et archives Le Soleil/Jocelyn Bernier)

Une avalanche de larmes

Assis à la même table, le grand patron du Fonds de solidarité de la FTQ, Claude Blanchet, reconnaît la «valeur symbolique» des Nordiques pour la région, mais il défend la décision de son groupe d’actionnaires. «Quels que soient nos sentiments, nous n’avions plus que deux choix: manger notre chemise ou vendre», résume alors le mari de la présidente du Conseil du trésor de l'époque, Pauline Marois.

Plusieurs gens pleurent à chaudes larmes dans la pièce, de la coordonnatrice aux communications des Nordiques, Nicole Bouchard, au vétéran chroniqueur du Soleil, Claude Larochelle.

Le capitaine Joe Sakic, qui habite Saint-Augustin-de-Desmaures durant les saisons de hockey, regarde l’annonce en direct à la télévision de son domicile de Vancouver. Le 15e choix au total du repêchage de 1987 encaisse durement le «choc» de voir l’aventure du hockey professionnel à Québec prendre fin.

(Le Soleil/Mikaël Lalancette)

(Le Soleil/Mikaël Lalancette)

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Si Québec vient de perdre son seul club de sport professionnel, c'est la faute de Jean-Paul L'Allier, le «maire séparatiste» de la ville de Québec, peste alors le premier ministre canadien, Jean Chrétien.

«La nature a horreur du vide et les Nordiques vont être remplacés par autre chose»
Jean-Paul L'Allier, en 1995

Si ce dernier a gardé «la tête froide» du début à la fin dans ce dossier, c’est tout simplement parce qu'il avait réalisé que les finances du gouvernement ne permettaient pas d’investir dans la construction d’un nouvel amphithéâtre, selon le conseiller municipal Claude Cantin, le maire suppléant et responsable du budget au comité exécutif de la Ville de Québec.

Jacques Parizeau était tout de même «très peiné» au souvenir de l’ex-négociateur, André Joli-Coeur.

(Archives Le Soleil, Patrice Laroche et Jean Vallières)

(Archives Le Soleil, Patrice Laroche et Jean Vallières)

La chose à faire

Trente ans plus tard, André Joli-Coeur refuse de blâmer qui que ce soit dans le camp adverse. «Des hommes d’affaires normaux auraient fait ce qu’ils ont fait, estime-t-il aujourd’hui. Ce n’était pas une œuvre de charité, les Nordiques de Québec. Je n’ai pas de reproche à faire dans ce dossier. Tout le monde s’est tenu debout.»

Quelques jours après l'annonce de la vente des Nordiques, Québec ne récolte que sept maigres votes sur 89 dans sa quête olympique. Puis, cinq mois plus tard, l’option du Non l’emporte de peu lors du référendum portant sur le projet de souveraineté du Québec.

Un amphithéâtre (le Centre Vidéotron), un plafond salarial et un casino (le Salon de jeux) plus tard, Québec est toujours orpheline d'une équipe de la LNH.

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