Vivre
avec des éoliennes
MATTHIEU MAX-GESSLER
LE NOUVELLISTE
GILLES GAGNÉ
LE SOLEIL, COLLABORATION SPÉCIALE
L’aventure de l’énergie éolienne a beau avoir commencé il y a presque 30 ans, au Québec, elle continue à faire couler de l’encre aujourd’hui. Les éoliennes soulèvent toujours des questions et des inquiétudes, surtout lorsque l’on projette de les construire dans des milieux habités. Les Coops de l’information ont voulu voir si les craintes d’antan se sont concrétisées dans différents parcs éoliens qui sont en fonction depuis plusieurs années. Et surtout, demander: c’est comment, vivre avec des éoliennes?
> PARC ÉOLIEN DE L'ÉRABLE
La grande division de Saint-Ferdinand
PAR MATTHIEU MAX-GESSLER
Le paysage de Saint-Ferdinand, qui s’étire entre les sommets des Appalaches, a de quoi séduire. Mais depuis plus de 10 ans, ce paysage a subi une transformation, avec l’arrivée de 50 éoliennes réparties entre le village et les deux voisins, Sainte-Sophie-d’Halifax et Saint-Pierre-Baptiste. Ces tours d’une centaine de mètres de haut fournissent une puissance combinée de 100 mégawatts.
À l’époque, l’annonce du projet avait soulevé son lot d’inquiétudes et plusieurs citoyens se sont mobilisés contre le projet de l’entreprise espagnole Enerfin (filiale d’Elecnor). Même si cette bataille est aujourd’hui terminée, la division qui s’est créée au sein d’une partie de la population demeure.
Le maire de Saint-Ferdinand, Yves Charlebois, ne regrette aucunement l’arrivée des éoliennes.
Il faut dire que grâce à elles, la Municipalité reçoit autour de 120 000 $ par année en redevances, soit environ 2% de son budget annuel.
«Ils (Enerfin) sont aussi généreux pour toutes sortes de petites choses. On fait des spectacles l’été et cette année, ils ont donné 5000$ pour une scène. Le dimanche, on organise aussi des spectacles et ils ont donné 5000$ pour ça. On a un carnaval d’hiver et ils donnent aussi des sous. Juste pour nos loisirs, c’est beaucoup», estime-t-il.
À titre de citoyen, M. Charlebois ne se dit pas incommodé par les éoliennes situées à proximité de chez lui. Il fait d’ailleurs partie des nombreuses personnes qui demeurent dans un rayon de 1,8 km d’une éolienne ou plus et reçoivent une redevance de la part d’Enerfin, même si elles n’ont pas d’éolienne sur leur terrain. L’entreprise indique, sur le site web du parc éolien, leur verser un total de 60 000$ par année.
Notons également que M. Charlebois a été impliqué auprès du promoteur pendant le développement du projet, donc avant de devenir maire. Il s'occupait alors des communications.
Quant à l’opposition aux éoliennes, le maire estime qu’elle est limitée à «un petit groupe».
«On est 3500 de population, les trois villages ensemble, et il y a 25 ou 30 personnes qui se sont mises à parler de ça, à faire du grabuge. Ça a divisé, tous les soirs à la télévision, quasiment, ils parlaient de nos opposants», affirme-t-il.
Nuisances visuelles et auditives
Claude Charron fait partie de ces «opposants». Encore aujourd’hui, il s’implique dans de nombreux dossiers touchant à l’implantation d’éoliennes en milieu habité, ailleurs au Québec.
«Je ne suis pas contre les éoliennes, mais je suis contre le fait qu’elles soient en milieu habité. Ou alors, il faut qu’elles soient à une distance acceptable», précise M. Charron.
Ce dernier vit assez mal avec la présence de ses voisines géantes, qu’il considère comme des nuisances visuelles et auditives. «C'est surtout l'été que c'est fatiguant. Quand on est dans le jardin, c'est dérangeant. Et le soir, c'est pire, parce que les autres sons ambiants diminuent. Trois à quatre fois par été, il faut fermer les fenêtres pour réussir à dormir», explique-t-il.
Chicanes et menaces
À l’époque, Pierre Séguin avait agi comme porte-parole du Regroupement pour le développement durable des Appalaches, mouvement opposé au parc éolien. Selon lui, la plus grande conséquence de cette saga est la division sociale.
M. Séguin et son épouse, qui sont propriétaires de l’entreprise Les jardins de vos rêves, sur le 4e Rang, se sont d’ailleurs brouillés avec leurs voisins favorables au projet.
«Il y a des gens qui sont débarqués chez nous un soir, en gang, des gens que je connais depuis 40 ans, pour me dire: “si jamais tu fais déraper le projet, tu ne pourras plus vivre ici”», raconte-t-il.
Avis partagés
Dans le reste de la municipalité, les avis sont partagés. Certains, comme Nathalie Boucher, dans le secteur de Vianney, vivent très bien avec les éoliennes.
«Le bruit, ça ne me dérange pas. J’ai les fenêtres ouvertes la nuit. Et visuellement, j’aime ça: c’est plus beau que des poteaux ou des pylônes», dit-elle.
Quelques portes plus loin, Alain Ruel abonde dans le même sens. «Je trouve ça beau quand le soleil couchant se reflète dessus. Ça fait de belles photos», dit-il.
Toujours à Vianney, Hélène Mercier et Paul-Émile Brais ont un avis différent. Le couple regrette le paysage d’avant. Le bruit n’est pas insupportable, conviennent-ils, mais il est présent.
«On n’habitait pas ici de manière permanente à l’époque, alors on ne s’est pas impliqué. Mais je trouve qu’il a manqué de démocratie dans le processus. Je trouve que ça s’est très mal fait», affirme M. Brais.
Quelques kilomètres plus loin, sur le 3e Rang, Donald Daigle s’affaire sur la ferme familiale. Il ne voit que du positif à la construction des éoliennes.
«Ils (Enerfin) ont refait la route, ils ont creusé des fossés parce qu’ils avaient besoin de terre pour faire des remblais. Et je trouve que depuis qu’on a les éoliennes, ça a amélioré le courant, ici», soutient-il.
Daniel Gagnon, copropriétaire de la ferme Andrenel, avait signifié son appui au projet de parc éolien. Même si son souhait d’avoir une éolienne sur ses terres ne s’est pas concrétisé, il ne regrette pas cet appui. «Jamais on ne les entend. On vient qu’on ne les voit plus, ou alors si je les regarde, c’est pour savoir de quel bord souffle le vent», affirme M. Gagnon.
Seulement deux personnes parmi toutes celles rencontrées dans le parc éolien ont souhaité garder l’anonymat. C’est le cas d’un homme qui demeure à proximité non seulement d’éoliennes, mais aussi du poste électrique auquel sont reliées les éoliennes. Il dit être fortement incommodé par le bruit.
S’il préfère que l’on taise son nom, c’est que parmi ses voisins, certains ont des éoliennes sur leurs terres, ce qui leur garantit un supplément de revenu annuel de 8000$ par éolienne. «La chicane a été forte. Elle l’est encore», confirme-t-il.
C’est la même raison qui incite une dame qui demeure à proximité de deux éoliennes, à Sainte-Sophie-d’Halifax, à taire son identité. «Je suis contre, j’ai participé à des manifestations à l’époque, mais aujourd’hui... j’évite de faire des vagues», dit-elle.
Les éoliennes sont cependant relativement discrètes... et la compensation financière est bienvenue, ajoute-t-elle.
Recours collectif perdu
Après la construction du parc éolien de l’Érable, plusieurs opposants se sont mobilisés pour mener un recours collectif. Leurs réclamations concernaient les dérangements subis pendant la période de construction, ainsi que pour toute la période d’opération des éoliennes, soit 20 ans. Leur demande a toutefois été déboutée en 2020.
La cause a été portée en appel, jusqu’à la Cour suprême. Cette dernière a mis un terme à l’affaire l’an dernier, en rejetant la demande d’appel.
Les deux citoyens porteurs du recours collectif sont à présent visés par une réclamation d’un million de dollars d’Éoliennes de l’Érable, l’entreprise qui gère le parc, pour rembourser les frais d’expertise.
Le recours collectif visait jusqu’à 500 personnes demeurant à proximité des éoliennes.
> PARC ÉOLIEN LE NORDAIS
«Personne ne s'est mis riche avec ça»
PAR GILLES GAGNÉ
Vingt-cinq ans après son inauguration, le parc éolien Le Nordais, propriété de la firme TransAlta, le premier parc commercial au Québec, produit toujours de l’électricité pour le réseau d’Hydro-Québec, à raison de 130 turbines toujours actives sur les 133 aménagées à l’origine, en 1998 et 1999.
Si ce parc d’une capacité de 100 mégawatts marque l’imaginaire en raison de ses tours bien visibles, surtout dans le cas des 76 éoliennes du secteur ouest de Cap-Chat en raison de leur proximité de la mer et de la route 132, il est loin de s’être distingué par ses retombées économiques pour les municipalités espérant des redevances.
Peu de temps après l’inauguration du parc éolien en 1999, l’ex-maire de Cap-Chat, Judes Landry, exprimait sa déception devant les 12 000 $ de redevances reçues annuellement par son administration municipale.
Un quart de siècle plus tard, le directeur général de la Ville de Cap-Chat, Yves Roy, précise que la situation des redevances reste loin du pactole.
«Ça n’a pas beaucoup changé. Ça varie entre 13 880 $ en 2009, 18 377 $ en 2018 et 20 906 en 2023. L’entente donne à la Ville de Cap-Chat 0,25 % sur les ventes d’électricité. Personne ne s’est mis riche avec ça. L’excuse à l’époque, c’est que c’était un projet pilote, une première expérience au Québec. Ils naviguaient au radar», dit M. Roy, en désignant les autorités gouvernementales et les premiers propriétaires, la firme Axor.
Si on regarde les 14 dernières années, qui suivaient un réinvestissement nécessaire dans Le Nordais entre 2008 et 2010, les plus basses redevances annuelles reçues par Cap-Chat ont été payées en 2010 avec 12 294 $, et les plus élevées en 2020, avec 20 911 $, soit 5 $ de plus qu’en 2023. «C’est le butin de guerre», résume Yves Roy.
Le secteur de Matane a accueilli 56 éoliennes, dont 12 à Matane même, une demi-douzaine à Saint-Léandre et les autres à Saint-Ulric.
À Matane non plus, les redevances ne constituent pas un élément déterminant de la planification financière de la ville de 14 000 habitants. Les 12 tours ont contribué pour 3813,13 $ au budget municipal, une ligne comptable représentant un tout petit peu plus d’un dix millième de ses revenus annuels.
À Saint-Léandre, un village de 375 personnes situé dans l’arrière-pays, le directeur général, André Marcil, note que les éoliennes de TransAlta rapportent «quelques centaines de dollars par mois selon la production. Je vois le montant passer parce qu’il est déposé dans le compte de la municipalité. On négociera sans doute mieux que ça quand l’entente sera à renouveler. C’est en 2033».
Un second parc éolien aménagé une dizaine d’années plus tard par Northland Power rapporte davantage à la municipalité et aux propriétaires fonciers, dit-il.
Pour les citoyens accueillant les tours sur leurs terrains privés, la norme sans exception dans le cas du Nordais, le degré de satisfaction est plus difficile à évaluer, tout comme le montant en dollars. La firme TransAlta n’a répondu à aucune question du Soleil, quelles qu’elles soient, et les propriétaires de terrains dépositaires de tours n’ont pas retourné les appels.
En fait, pour toute réponse, TransAlta, dont le siège social est situé en Alberta, a référé Le Soleil à un site internet fort peu garni.
Le contexte a changé, 25 ans plus tard
Même si le bilan du premier quart de siècle du parc éolien Le Nordais apparaît mitigé, le maire de Sainte-Anne-des-Monts et président de la Régie intermunicipale de l’énergie de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, Simon Deschênes, refuse de critiquer les façons de faire de la fin du dernier millénaire.
«Premièrement je crois qu’il est important de souligner que le parc Le Nordais a été précurseur du déploiement éolien, en tant que premier parc éolien commercial. C’est positif. Presque 30 plus tard, il faut comprendre que la technologie était moindre, que l’acceptabilité sociale et l’adhésion des communautés n’étaient pas perçues comme aujourd’hui. C’est un passage obligé maintenant. On a tiré des leçons, des leçons importantes, que ce soit sur le plan environnemental, sur les redevances territoriales et sur la participation communautaire. Aujourd’hui, les retombées économiques sont établies et légiférées», aborde M. Deschênes.
La Régie intermunicipale de l’énergie de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine a été créée par la presque totalité des municipalités de cette région afin d’investir dans l’actionnariat des parcs éoliens s’étant déployés depuis le début des années 2010, avec des promoteurs privés. Une initiative semblable a vu le jour au Bas-Saint-Laurent et les deux régies ont par la suite choisi d’investir de façon commune dans les nouveaux parcs éoliens des deux régions en créant l’Alliance de l’Est.
«Avec notre mouvement, l’Alliance de l’Est, ce sont 12, 13, 14 millions redistribués dans les communautés. De plus, cette union, cette association-là, joue un rôle incontournable dans l’implantation des projets en prenant en considération les besoins de ses populations. On a appris parce qu’on adopte nos schémas d’aménagement en conséquence des endroits propices à recevoir les projets, donc on implante des projets là où c’est socialement acceptable, de là les schémas d’aménagement», ajoute Simon Deschênes.
Le maintien d’un lien avec les citoyens constitue une partie importante du mandat que se s’est fixé les administrateurs de l’Alliance de l’Est.
«Notre rôle consiste également à créer des comités de liaison avec les citoyens et des groupes représentant les populations locales et les promoteurs de projets, ce qui fait que tout le monde doit trouver consensus et de là, la force de notre mouvement», glisse M. Deschênes.
Il cite en exemple l’implantation du parc éolien de la dune du Nord, aux Îles-de-la-Madeleine, un projet caractérisé par la consultation des communautés locales, sensibles au paysage de l’archipel.
«Dès l’an un, 7 millions de litres de carburant n’ont pas été brûlés (à la centrale thermique des Îles, grâce aux deux éoliennes). Les émissions de milliers de tonnes de gaz à effet de serre ont pu être évitées. Pour protéger le corème de Conrad, une plante unique au Québec qui se trouve seulement aux Îles, on a acheté une parcelle de terre 10 fois plus grande que le terrain des éoliennes; cette parcelle a été remise à la Société de conservation des Îles. On a levé un projet avant la construction du parc éolien, et transplanté le corème sur la terre de conservation. Les éoliennes sont situées près de la mine de sel. On n’aurait pas mis les éoliennes ailleurs, pour respecter la volonté locale. Ça (cette consultation) n’existait pas il y a 25-30 ans», conclut M. Deschênes.
> PARC ÉOLIEN PIERRE-DE-SAUREL
La «bibitte un peu différente des autres»
PAR MATTHIEU MAX-GESSLER
À Yamaska, impossible de camoufler le parc éolien Pierre-de-Saurel parmi des montagnes. Le relief très plat du secteur fait en sorte que les 12 éoliennes d’une centaine de mètres de haut se voient de loin.
Les éoliennes sont réparties entre trois municipalités: cinq à Yamaska, quatre à Saint-Aimé et trois à Saint-Robert. S’il s’agit d’un petit parc éolien comparé à d’autres projets, il a une caractéristique unique: il s’agit du seul opérant avec un modèle d’affaires entièrement communautaire. La MRC de Pierre-de-Saurel est le seul actionnaire de la société en commandite qui gère le parc.
«On est reconnus pour ça, on est une bibitte un peu différente des autres», convient Yannick Léveillé, directeur général du parc éolien.
En service depuis 2016, les 12 éoliennes fournissent une puissance de 24,6 mégawatts à Hydro-Québec. Une exigence qui a toujours été remplie, même si le secteur n’a pas un immense potentiel éolien au Québec, ce qui était d’ailleurs une inquiétude à l’époque.
Notons cependant que les retombées pourraient être moins élevées que celles promises. À l’origine, la MRC prévoyait un retour direct de 53 millions de dollars sur 20 ans. Cet objectif a été revu à la baisse en raison de quelques années plus creuses. Si la tendance se maintient, les retombées seront plutôt de l’ordre de 40 ou 45 millions, indique M. Léveillé.
«Mais il suffit de deux années avec de très bons vents pour que ça remonte. C’est difficile de dire exactement combien ça aura rapporté, puisqu’il reste 13 ans à notre contrat», ajoute-t-il.
Manne pour agriculteurs et municipalités
Chaque année, les agriculteurs et les municipalités chez qui les éoliennes ont été installées se partagent des redevances qui vont de 500 000 à 600 000 $. Les surplus sont ensuite envoyés à la MRC. Jusqu’à présent, ceux-ci ont principalement été redistribués aux municipalités, au prorata de la richesse foncière, explique Patrick Péloquin, qui porte les chapeaux de maire de Sorel-Tracy, préfet de la MRC de Pierre-de-Saurel et président du conseil d’administration du parc éolien.
«Du côté de Sorel-Tracy, on est dans une effervescence d’implantation industrielle. On a créé un organisme de développement économique et on a doublé son budget avec l’aide directe provenant du parc éolien. Le vent sert à nous donner du vent dans les voiles pour notre développement économique», s’amuse-t-il.
Le maire de Sorel-Tracy a d’ailleurs récemment annoncé plus de 500 millions de dollars en investissements industriels à venir.
«C’est un effet de levier incroyable», souligne M. Péloquin.
«Ça équivaut à 100 nouvelles constructions»
La mairesse de Yamaska, Diane De Tonnancourt évalue elle aussi de façon très positive les retombées du parc éolien. À commencer par les redevances de 110 000 à 125 000$ que la municipalité reçoit chaque année.
«Selon le dernier rôle d’évaluation, la valeur d’une maison moyenne est rendue à 275 000$. Avec notre taux de taxes foncières, ça équivaut à 100 nouvelles constructions, annuellement, les retombées du parc éolien. C’est quand même considérable. Ça nous permet de maintenir un taux de taxes bas», illustre-t-elle.
Comme le maire de Saint-Ferdinand, Mme De Tonnancourt estime qu’il n’y a guère eu d’opposition au projet lors qu’il a été présenté au public. Elle reconnaît que plusieurs citoyens avaient toutefois des inquiétudes, notamment par rapport au faible potentiel éolien de la région.
À l’époque, le Sorel-Tracy Express rapportait l’implication active d’une dizaine de personnes opposées au projet de parc éolien. Cette opposition se constate également dans plusieurs mémoires soumis au BAPE, mené en 2014.
L’ancien maire de Yamaska, Louis Joyal, a également été pris en défaut à deux reprises par le ministère des Affaires municipales. Le journal Les 2 Rives rapportait en 2016 que deux plaintes portées contre lui dans le dossier du parc éolien ont été jugées fondées, sans qu’il y ait toutefois de sanctions. On reprochait notamment à M. Joyal, qui possède des terrains sur lesquels se trouvent quatre éoliennes, de ne pas s’être retiré des discussions sur le sujet avant d’être rappelé à l’ordre par la Direction régionale du ministère.
Et aujourd’hui?
C’est sur le rang du Bord-de-l’Eau Ouest que l’on retrouve les résidences les plus près des éoliennes. Michel Millette dit demeurer à 700 mètres de l’une d’elles. «Le bruit ne me dérange pas et je trouve ça beau», résume-t-il.
A-t-il eu des inquiétudes à l’époque, de savoir que sa résidence se retrouverait aussi près d’une éolienne? «J’ai une formation scientifique, je savais dans quoi je m’embarquais», assure-t-il.
Plus près du village, Jacqueline Salvas dit elle aussi ne pas être dérangée. «Je ne les entends pas.» Et visuellement? «Ça ne me dérange pas», assure la dame, davantage préoccupée par des problèmes de voisinage que par les éoliennes.
Son ami Ulysse Méthot, qui demeure un peu plus loin, mais tout de même à portée des éoliennes, partage le même avis. «J’habite ici depuis cinq ans, ça ne me dérange pas pantoute. Je les entends un peu, mais quasiment pas pour en parler», assure-t-il.
Gilles Joyal, quelques maisons plus loin, tient un discours similaire. Le bruit des éoliennes ne le dérange pas plus que leur présence dans le paysage. «On s’habitue. La première fois, c’était beau à voir. Mais à un moment donné, on ne les voit plus», dit-il.
M. Joyal confie avoir déjà vécu entouré de bien plus d’éoliennes qu’à Yamaska. «J’ai habité à Carleton, il y en a 72 là-bas ! Alors je savais ce que c’était», assure-t-il.
Le seul avis discordant dans le lot est celui de Simon Antaya, qui demeure sur le rang St-Thomas, à Saint-Robert. «Si j’avais le choix, c’est sûr que j’aimerais mieux qu’il n’y en ait pas», mentionne-t-il. «Mais ça ne me dérange plus maintenant.»
M. Antaya se dit cependant déçu que le projet ait été mené malgré les protestations des citoyens. «J’ai assisté à la première assemblée, au début, et la majorité des gens qui étaient là étaient contre. Je ne comprends pas qu’ils l’aient fait quand même», critique-t-il.
Notons que le BAPE avait en effet recommandé la tenue d’un référendum avant d’aller de l’avant avec le projet, ce qui n’a pas été fait.