M. Hist,
Noël arrive déjà et je ne sais pas quoi offrir… Avez-vous des idées? Qu’offrait-on autrefois?
Anthony
Cher Anthony,
Vous vous êtes fait surprendre par le temps? Eh bien laissez-vous maintenant surprendre par l’histoire! Parce que Noël est à nos portes, et que l’étude du passé est souvent porteuse de bons conseils. Je vous propose cette semaine mon petit guide d’achat pour vous aider à trouver le cadeau parfait. Ne me remerciez pas: je suis là pour vous rendre service!
La question de la course aux cadeaux ne se pose pas avant (au moins) la fin du 19ᵉ siècle, où les célébrations de Noël se transforment en grandes fêtes avec cadeaux à profusion. À la fin des années 1890, on parle déjà de «frénésie du magasinage»!
Cet avion miniature des années 1940, qui provient d’un magasin Woolworth, ravira les pilotes les plus jeunes… comme les collectionneurs plus âgés! Le magasin Woolworth de Sherbrooke est présent sur la rue Wellington dès 1938. (Photo Fonds Henry Lyle Quilliam, Musée d’histoire de Sherbrooke)
Cet avion miniature des années 1940, qui provient d’un magasin Woolworth, ravira les pilotes les plus jeunes… comme les collectionneurs plus âgés! Le magasin Woolworth de Sherbrooke est présent sur la rue Wellington dès 1938. (Photo Fonds Henry Lyle Quilliam, Musée d’histoire de Sherbrooke)
Les magasins généraux deviennent des mini-pays des merveilles: étalages de jouets, décorations et père Noël invité à rencontrer les enfants. Même Firestone, célèbre pour ses pneus, se met à afficher des montagnes de jouets pour attirer petits et grands.
À Sherbrooke, le nom J.-L. Boulanger évoque encore de doux souvenirs pour plusieurs. Dans les années 1940, Henri Girard et Jean-Luc Boulanger vendent des jouets sur la rue King Ouest, avant d’ouvrir un département dédié en 1951, puis une seconde succursale dans les années 60. Très populaire dans les années 60 et 70, le magasin est un paradis, un lieu de rêve pour les plus jeunes. Malheureusement, la boutique située sur la rue des Grandes-Fourches disparaît au début des années 80; son bâtiment est détruit en 1993.
Ces sacs d’emballage en papier signés J.-L. Boulanger rappellent assurément des souvenirs à une génération de Sherbrookoises et Sherbrookois. (Photo Fonds Henri Z. Boisvert, Musée d’histoire de Sherbrooke)
Ces sacs d’emballage en papier signés J.-L. Boulanger rappellent assurément des souvenirs à une génération de Sherbrookoises et Sherbrookois. (Photo Fonds Henri Z. Boisvert, Musée d’histoire de Sherbrooke)
Bien que je priorise l’achat local, peut-être que les catalogues Eaton et Simpson-Sears peuvent vous inspirer pour les meilleurs choix. Attention, durant longtemps les cadeaux étaient genrés et stéréotypés. Le catalogue Eaton de Noël de 1931-1932 ne suggérait-il pas pour nos garçons un «Indian Suit» à 1,75$ ou encore pour nos jeunes filles, en 1965, un beau service de thé, 65 pièces et surtout bien rose, pour 2,98$?
Pour les enfants, le choix est vaste. Vous pouvez passer au Musée d’histoire de Sherbrooke pour découvrir en exposition, Noëls au cœur des gens, ces jouets qui faisaient le plaisir des plus jeunes durant le dernier siècle.
Quant à nous, laissons de côté les cadeaux pour les jeunots et prenons un peu d’inspiration auprès du lectorat de 1928. En fait, il n’est pas rare à l’époque de trouver dans le traditionnel Supplément de Noël de La Tribune toute une liste de conseils destinés aux retardataires, afin de trouver de quoi garnir le sapin et les assiettes.
Considérez, par exemple, ce modèle de «réfrigérant électrique» de 1928. Certes, ce n’est pas l’un de ces réfrigérateurs «tout en un» dernier cri, qui contiennent glacière, moteur, compresseur et condenseur. Et, surtout, ne vous arrêtez pas au fait qu’à cette époque, les réfrigérateurs emploient des gaz réfrigérants toxiques comme l’ammoniaque ou le dioxyde de soufre…
Comblés par l’efficacité redoutable de cet appareil moderne, vous oublierez presque la présence de l’évaporateur que vous pouvez apercevoir à son sommet. Il est fort discret, mais regardez mieux: il est pourtant là! (Photo La Tribune, 19 décembre 1928)
Comblés par l’efficacité redoutable de cet appareil moderne, vous oublierez presque la présence de l’évaporateur que vous pouvez apercevoir à son sommet. Il est fort discret, mais regardez mieux: il est pourtant là! (Photo La Tribune, 19 décembre 1928)
Une chose est sûre: «les cadeaux électriques sont les plus appréciés»! Chaufferette, grille-pain, gaufreuse, thermoplasme… Et quoi de plus «utile et agréable» à retrouver sous le sapin qu’une laveuse-essoreuse électrique à 125$? Ou ce percolateur rutilant, dont la silhouette moderne n’a rien à envier à la coupe Stanley? Si vous souhaitez inspirer une humeur plus créative, envisagez un instrument de musique: un piano de chez Arthur Blouin ou, plus simplement, un ukulélé ou un harmonica de chez H. C. Wilson & Sons!
Derrière ce vaste choix d’appareils se cache un nom illustre des commerces sherbrookois: Codère. D’abord propriétaire d’une forge (1862) puis d’une ferronnerie (1877) au centre-ville, l’enseigne de magasin Cie Codère et Fils inc. naît en 1908. En tout, cinq générations de Codère tiennent le commerce jusqu’en 1971. (Photo La Tribune, 19 décembre 1928)
Derrière ce vaste choix d’appareils se cache un nom illustre des commerces sherbrookois: Codère. D’abord propriétaire d’une forge (1862) puis d’une ferronnerie (1877) au centre-ville, l’enseigne de magasin Cie Codère et Fils inc. naît en 1908. En tout, cinq générations de Codère tiennent le commerce jusqu’en 1971. (Photo La Tribune, 19 décembre 1928)
Pour être certain, vous pouvez toujours vous tourner vers une valeur sûre: les petites douceurs, «pralines», «dates à la crème» et «sucres d’orge», surtout si elles sont faites maison! Pendant longtemps, La Tribune regorge de recettes que vous gagnez à expérimenter.
Vous n’avez désormais plus que l’embarras du choix. Je ne vous ai pas convaincu? Pourtant! Mon cher Anthony, depuis plus d’un siècle et demi, nos commerces locaux se démènent de petits et gros trésors qui sauront faire plaisir à vos proches durant le temps des Fêtes. Ne tentez pas d’épater à fort prix, allez-y avec ce qui fera plaisir! Et surtout, célébrez avec ceux que vous aimez. Joyeuses Fêtes!
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Cynthia Beaulne, La Tribune
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