Evelyne Carbonneau
École secondaire du Versant

Évolution de la vie de quartier à Gatineau

J’ai longtemps fait partie de cette catégorie de gens qui croient que la vie de quartier appartient à une époque révolue et, pourtant, Halloween est venue faire chavirer mes certitudes cette année, avec la complicité de certains voisins et de la vitesse à laquelle certaines nouvelles avaient voyagé. J’en suis alors venue à me poser la question suivante: la vie de quartier est-elle réellement morte? 

Avant de continuer, je vais établir que, lorsque je parle de vie de quartier, je parle de l’ensemble des activités d’un quartier. Ce qui fait qu’un quartier travaille ensemble pour répondre à ses besoins, s’assurer un bon avenir et qui fait de lui une partie à part entière d’une ville.

Des avis partagés

Pour avoir le point de vue d’autres jeunes de notre âge, je me suis rendue à la Commission Jeunesse de Gatineau. Étonnamment, les avis étaient très partagés. Alors que la plupart reconnaissaient que l’époque des quartiers vivants et chargés d’entraide était bien bel et bien chose du passé, deux des représentants m’ont surprise. 

Selon eux, la communication dans les quartiers était excellente et il leur arrivait souvent de voir les voisins se réunir pour participer à des activités, telles que des barbecues et des tâches de ramassage. Pourtant, leur définition de la vie de quartier ne différait pas selon leur point de vue. 

J’ai beaucoup entendu au cours de cette période de questions la phrase: « ça dépend vraiment du quartier», et je dois admettre que la Commission Jeunesse avait raison. Un quartier, c’est un petit milieu qui est en constante évolution démographique. Les gens vieillissent et les enfants quittent pour aller étudier dans d’autres villes. 

C’est inévitable, c’est le cours de la vie. Pourtant, avant, un ancien du quartier serait venu accueillir les nouveaux afin de cultiver la collectivité. Selon les membres de la CJ, ces anciens ne semblaient plus exister. Que s’était-il passé?

Plus à l’échelle humaine

C’est à ce moment que j’ai fait appel à Alicia Lacasse-Brunet, la conseillère municipale du district de Bellevue. Selon elle, il y avait deux phénomènes qui, une fois mis ensemble, auraient pu contribuer à cet éloignement que l’on ressent. La population ne vit plus dans un même quartier pour toutes les sphères de sa vie. Ils vont travailler au centre-ville et ont des amis rencontrés lors d’activités regroupant des gens des quatre coins de Gatineau. 

Nos quartiers ne sont plus organisés pour favoriser la proximité. Ils ne sont plus à échelle humaine. À cette nouvelle façon d’organiser nos villes vient s’ajouter un nouveau type de rapprochement : le virtuel. 

Des groupes de bon voisinage sur Facebook ou encore Buy Nothing semblent même contribuer au fonctionnement de ces nouveaux «quartiers virtuels» en plus de faciliter l’accès à des spécialistes pour des tâches du quotidien. Finie l’époque où il y avait un patenteux pour tout le monde dans le quartier! Selon les dires de Mme Lacasse-Brunet, cette nouvelle configuration élargissait même ce sentiment d’appartenance qu’on associait à la vie en petit quartier. 

S’il y a une certitude face à la vie de quartier à Gatineau, ce n’est pas qu’elle est chose du passé, mais plutôt qu’elle a énormément évolué. Le quartier se transformera toujours pour répondre aux besoins de ceux qui y habitent, et on peut dire que, dans la société dans laquelle on vit, ça change vite. La vie de quartier est une responsabilité citoyenne. Et vous, qu’allez-vous faire pour avoir un quartier, des activités et des relations de voisinage à votre image?