Sophia Bensaid - La Plume Étudiante de l'Outaouais
Collège Saint-Joseph de Hull

Le fléau des enfants jetables

Au quotidien, on se débarrasse d’objets qui ne nous sont plus utiles, de nos ordures ménagères, etc. Qu’en est-il d’enfants adoptés qui sont simplement « jetés » soit parce qu’on est tannés d’eux ou que les liens sont difficiles à créer entre les nouveaux tuteurs et les enfants? C’est le cas de nombreux jeunes enfants aux États-Unis qui vivent constamment dans l’espoir, un jour, de trouver la famille idéale.

Ils sont affichés sur des sites web, comme dans un catalogue, à la vue de tous. En deux clics, leurs nouveaux tuteurs peuvent décider de les abandonner en clavardant dans des groupes sur les réseaux sociaux conçus à cette fin, à l’insu, bien évidemment, des enfants. Et les autorités? Ils y échappent sans soucis, puisqu’il n’y a pas d’agences, pas de règles pour encadrer cette pratique inusitée.

Il y a même des journées consacrées spécialement à l’adoption des enfants où ceux-ci défilent sur un tapis rouge pour démontrer qu’ils valent vraiment la peine d’être choisis. C’est leur ultime chance de faire bonne impression pour convaincre d’éventuels tuteurs de les adopter. Cependant, les personnes adoptives ont le droit à une période d’essai pour voir si l’enfant leur convient.

Plus encore, aux États-Unis, les services sociaux n’assurent pas le suivi de ces enfants adoptés. Ce processus, réalisé la plupart du temps sur le marché noir, passe inaperçu, sans enquêtes ni vérifications des antécédents judiciaires des personnes adoptives. Parfois, les enfants se ramassent dans de piètres milieux, voire exécrables. Par exemple, des excréments de chien, de l’urine ou des résidus organiques morts qui grouillent de cafards jonchent une lamentable maison, où les enfants passent par tous les calvaires possibles. Ô que c’est horrible! 

Et pour ceux qui n’arrivent pas à s’extirper de ce cauchemar, même après de nombreuses tentatives, car dans la majorité des cas, la réadoption n’est pas officielle, il y a le centre de rééducation pour les enfants adoptés. Il s’agit là d’une manière d’abandonner l’enfant adopté en le laissant dans cet endroit jusqu’à l’âge de la majorité, car le séjour dans ce centre est accessible pour une durée illimitée. Voilà les conséquences pour les enfants dont les « parents adoptifs » n’ont pas su gérer l’adoption. À cet endroit, on accueille des enfants qui ont des comportements violents à cause, notamment, de traumatismes vécus plus jeunes ou de l’exposition à l'alcool ou aux drogues avant même d’être nés.

Des rêves brisés, des enfances anéanties, un échec vécu comme une honte insurmontable que seule une réadoption saine pourrait faire disparaître. Voilà ce qui attend les enfants victimes de ce marché aussi honteux qu’inhumain! Comment croire que de telles pratiques existent encore aujourd’hui chez nos voisins de l’Amérique du Nord? Ça semble incroyable! Et nous, les jeunes, comment pouvons-nous imaginer une vie comme cela? Il serait grand temps qu’une meilleure conscientisation soit faite. Les enfants ne sont pas des colis qu’on peut livrer par la poste sur un simple coup de tête!