Lorianne Rouleau - La Plume Étudiante de l'Outaouais
École secondaire Des-Lacs 

La Phase était de retour

Ça faisait deux ans maintenant qu’ils n’étaient pas venus en ville. Ce cirque maléfique remplaçait le désespoir en rire inextinguible et emportait avec lui toutes les âmes perdues. 

La Phase lui avait déjà pris ce qu’Edalyne aimait le plus dans ce monde. Elle aurait dû être terrifiée de cet endroit. Alors pourquoi ses pas guidaient-ils la jeune fille vers la Grande-Entrée du chapiteau? 

La jeune fille n’était pas seule. Autour d’elle, une trentaine de personnes avançaient vers les grandes portes. Ils avaient tous deux choses en commun: la peur sur leurs visages et la tristesse dans leurs âmes. À l’entrée, un grand homme blanc comme la chaux et doté d’un sourire fendu les accueillait dans ce chapiteau infernal. 

Il fixa Edalyne un bon moment avant de détourner le regard. Derrière lui, la salle de spectacle était plongée dans le noir complet, mais étrangement la jeune fille n’eut pas besoin de lumière pour trouver sa place. Une minute passa, puis deux, puis trois et finalement au bout de quinze minutes, un projecteur s’alluma, éclairant le centre de la place. 

Edalyne était assise au premier rang. Non loin devant elle, au milieu de l’arène, posé sur un piédestal, se trouvait un chapeau haut de forme en velours violet. Plus un bruit ne résonnait dans la salle lorsqu’un lapin blanc entra dans le halo de lumière. Celui-ci sauta sur le socle, balaya la foule de ses yeux rouge vif, puis sauta à nouveau pour atterrir à l’intérieur du couvre-chef. Au moment où l’animal disparut, un grand POMP résonna dans la salle et un flash de lumière aveuglant éclaira les spectateurs.

«Bonjour à tous et bienvenue dans la Phase! s’écria une voix stridente. Soyez rassurés, car, en ce jour, votre chagrin se transformera en bonheur et vos pleurs en rire!»

Devant la foule se tenait maintenant une créature inconnue des hommes. Un hybride parfait entre une Madame Loyale et un lapin. Ses vêtements mauve et jaune contrastaient énormément avec sa chevelure et sa peau blanches. 

« Je me présente! Je m’appelle Bounce et vous vous trouvez dans mon antre. N’ayez crainte, mes pauvres âmes apeurées, car si la plupart d’entre vous ne sortent jamais d’ici, certains se verront offrir un cadeau, dit-elle avec un air mesquin sur le visage. Le bonheur de faire partie de la Phase pour toujours! Mais bon, assez de bla-bla comme ça, dit-elle. Nous, ce que nous voulons, c’est nous amuser. Alors, ouvrez grand vos yeux, car le spectacle commence. »