


Camille Audette - La Plume Étudiante de l'Outaouais
Collège Saint-Alexandre
L’ombre : une pièce lumineuse!
Lorsque les lumières se tarissent, que les rideaux se tirent et que la fantaisie de l’esprit se libère, la magie du théâtre touche à sa fin. Mais ce n’est qu’au moment où ces fantaisies volent jusqu’à la scène pour y prendre forme que la pièce embrasse vraiment ses objectifs.
Rares sont les œuvres qui y arrivent, mais une d’entre elles l’a réussi avec brio, et j’ai nommé : L’ombre. Après plusieurs années de pandémie, une génération d’artistes talentueux sort enfin de l’ombre pour nous offrir une fabuleuse incursion dans leur imaginaire ainsi que celui de la réalisatrice chevronnée avec qui ils ont travaillé main dans la main, Marie Brassard.

Photo : Centre National des Arts
Photo : Centre National des Arts
L’ombre est l’aboutissement de la mise en commun de deux forces, de deux sources d’idées intarissables: une nouvelle génération de comédiens sortant d’écoles de théâtre de partout au Québec, ainsi que Marie Brassard, réalisatrice à l’origine de nombreuses pièces reconnues. Le résultat de leur travail est une œuvre touchante, à la manière d’un recueil de poésie imagée.
Des univers éclatés
On y voit différentes scènes d’un large éventail d’univers éclatés, chacune d’elles révélant différents aspects des personnalités de ses créateurs. Le tout est raconté à l’aide de la métaphore du vent qui guide les histoires, présente tout le long de la pièce et soutenant la structure de celle-ci.
Afin de bien apprécier cette œuvre exceptionnelle, il faut savoir se laisser flotter au gré des scènes, et ne pas trop chercher à trouver un sens précis aux variations de vitesse ou d’intensité de ses vents qui peuvent passer de brises à tornades en un claquement de doigts. Le cri du cœur de ces jeunes talents qui enfin volent de leurs propres ailes nous fait voguer dans les eaux de leurs esprits qui s’expriment tout en finesse. Cependant, il peut arriver que le fil conducteur de leurs idées paraisse plutôt flou.
Des mots touchants
Lorsque vient le moment d’atterrir sur nos sièges après une heure trente minutes de gestes et de mots qui touchent, L’ombre nous offre une finale qui fait réfléchir, laissant au public le pouvoir de se rassasier, si leur imagination le leur permet. Ceux dont l’imaginaire n’a pas la dextérité nécessaire pour former le nœud final pourraient en être déçus.

Photo : Centre National des Arts
Photo : Centre National des Arts
L’ombre nous fait voyager dans l’onirisme des créateurs de la pièce, présentant à chaque comédien son histoire, et à chaque histoire, son univers. Dans les paroles et gestes, des personnages se révèlent une magnifique puissance provenant d’au-delà du rôle, reflétant parfois, à sa façon, une expérience vécue.
Enfin, par son concept exceptionnel et la puissance du ressenti qu’il provoque, L’ombre est une occasion de voir à travers les yeux de l’autre tout en gardant un pied dans notre réalité, le temps d’une excursion en terres nouvelles. Apprivoiser ces mondes nous permet de nous reconnaître en eux en tant qu’esprits ouverts, libres et sans préjugés, car seuls ceux qui portent ces traits sauront apprécier pleinement cette pièce. Seuls ceux-ci seront pourvus des ailes qui leur permettront de voler en ciels inconnus. Dans le cas contraire, il suffit d’être prêt à observer le spectacle depuis le sol, ou se convaincre de se laisser pousser des ailes…