23e ÉDITION — FÉVRIER 2025


Judy-Ann Lafrenière
École du-Cœur-de-la-Gatineau
Mettre fin à l’intimidation commence lorsque tu décides que tu en as assez
Les écoles sont parfois accusées de ne pas agir face à l’intimidation. Mais pour moi, c’est l’intervention de mon établissement scolaire qui m’a gardée en vie. Voici mon histoire.
Il y a un an, j’ai été prisonnière d’une situation insoutenable qui m’a presque achevée. Je n’avais pas ce qu’on appelle un profil de victime : j’avais un bon rendement scolaire, j’avais ma ceinture brune au karaté, j’étais bien habillée, sans surplus de poids et bien dans ma peau. Je m’impliquais dans mon école et, en général, on m’appréciait.
Un an de silence!
C’est en travaillant dur que mon succès a vite attisé la jalousie. Les moqueries se sont vite transformées en insultes puis en agressions physiques; des objets et des déchets m’étaient lancés derrière la tête. Pendant un an, j’ai gardé le silence. Mes notes ont chuté, passant de 90% à 45%. Un jour, incapable d'en supporter davantage, j’ai supplié ma mère de ne plus m’envoyer à l’école.
Encouragée par ma famille et mon Senseï, j’ai pu enfin prendre mon courage à deux mains et je me suis confiée à une intervenante scolaire, la technicienne en travail social. L’école n’a pas tardé à réagir. Une rencontre a été organisée entre mes intimidateurs et moi, puisque j’ai pris la décision de les confronter face à face.
Certains s’excusant sincèrement, cependant, d’autres ont nié les faits et ont poursuivi leur comportement. Face à cela, la direction de l’établissement a pris une décision ferme. Des suspensions ont été prononcées.
Des menaces à mon égard
L’un des agresseurs est allé jusqu’à proférer des menaces de mort graves à mon égard devant la direction et les intervenants scolaires, déclenchant une procédure judiciaire. Durant les procédures, il est resté agressif, arrogant et frôlant à plusieurs reprises la limite de ces conditions, soit de ne pas m’approcher ni de s’adresser à moi.
Grâce au soutien de l’école et de ma famille, étant anéantie, j’ai pu me relever tranquillement. Comme de fait, au mois de novembre dernier, il a été reconnu coupable de ses actes.
Malgré les défis, la direction et le personnel scolaire ont mis en place des mesures protectrices et ont témoigné en ma faveur puisqu'ils étaient présents lors des menaces. L’établissement m’a aussi fourni un suivi psychologique pour m’aider à retrouver ma confiance peu à peu. Sans mon école, je ne serais pas ici aujourd’hui à écrire cet article.