23e ÉDITION — FÉVRIER 2025


Gabrielle Gervais
Collège St-Joseph de Hull
L’inexorable fléau de Gatineau
Tout commence sournoisement, aux détours de commentaires hypersexualisant, d’offres monétaires alléchantes, de sentiments tangibles qui combleront les manques. Ça, c’est le modus operandi de l’exploitation sexuelle et de la prostitution juvénile.
On pense trop souvent que ce sont des histoires uniquement vécues dans les films ou par les autres, qu’à nous, cela n'arrivera jamais. Détrompez-vous. L’Outaouais est un des endroits les plus ciblés par ces réseaux déshumanisants. Nombreux sont les adolescents de la région qui se voient enjôlés par des proxénètes aux allures charmantes et qui, peu à peu, se retrouvent dans un enfer incontrôlable. Tout ça se passe sous nos yeux, mais maintenant il est temps de les ouvrir sur le sujet.
« Gatineau c’est que c’est le corridor, car on est juste entre Montréal et Toronto [...] c’est vraiment un corridor de trafic humain, pis y vont aussi beaucoup recruter dans ce coin-là parce que c’est vraiment facile de nous envoyer ailleurs à partir de là », explique la survivante gatinoise d’exploitation sexuelle, Gabbe Giroux dans le podcast Victoria en studio.
Sensibiliser, la clé de la prévention
Parler d’exploitation sexuelle et de prostitution juvénile permet d’effacer les tabous qui entourent le sujet et nous permet, à nous, les jeunes, propices à de l’enrôlement inconscient, de savoir reconnaitre des comportements alarmants chez les personnes que l’on côtoie ou qu’on peut potentiellement côtoyer sans se douter qu’elles n’ont pas de bonnes intentions. Aborder simplement le sujet avec son enfant, par exemple, peut sauver des vies. Selon plusieurs intervenant.es qui travaillent de pair avec des adolescents brisés par les traumatismes vécus dans les réseaux de trafic, les proxénètes utiliseraient 4 méthodes principales pour les recruter.
- Le « faux » chum : cette tactique est montrée dans la série télévisée Fugueuse. Le proxénète, Damien, va simuler de tomber amoureux de Fanny, en l’amadouant avec des cadeaux et des sorties coûteuses pour finalement l’embourber dans le travail du sexe forcé. Ce qui rend cette façon de faire imperceptible, c’est que le proxénète sera gentil, doux, attentionné, mais en réalité, il abuse de la confiance de la victime.
- Recruteur ou recruteuse : pour inviter un ou une jeune dans un réseau de prostitution juvénile, souvent un proxénète va envoyer une autre personne prise dans ce carcan pour en recruter une autre. La plupart du temps, le ou la recruteur.eure va également être un adolescent, va faire semblant de créer une amitié pour réussir à embobiner la victime.
- Recrutement auprès des jeunes personnes vulnérables : miser sur l’instinct de survie d’un individu dans une situation précaire, c’est une technique très souvent utilisée par les proxénètes. Par exemple, fournir de la drogue à quelqu’un pris dans une dépendance en échange de services sexuels avec des clients ou même simplement assouvir les besoins en matière de consommation pour, plus tard, le forcer à “rembourser” ces cadeaux empoisonnés avec des actes sexuels.
- Violence : si les stratégies expliquées plus haut n’ont pas été « assez efficaces », les proxénètes n’hésiteront pas à utiliser la violence pour forcer les victimes à intégrer les réseaux d’exploitation sexuelle. Viols collectifs, agression sexuelle et brutalité physique serviront souvent comme dernier recours.
Être collectivement conscient que ces réseaux de trafic humain existent dans notre ville et savoir reconnaître si une personne de notre entourage ou soi-même est pris dans ce genre d’organisations, c’est agir sur un problème présent dans notre société. Luttons ensemble pour la protection des adolescents.
Ressources :
- Info-aide violence sexuelle : 1 888-933-9007
- Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) : 1 866-532-2822
- Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) : 1 877-717-5252
- Groupe d’intervention et d’entraide pour parents de victimes d’exploitation sexuelle : 1 514-277-9860, poste 2020
- Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) :
514-750-4535 - Mobilis : 450-463-7192
- Fondation Marie-Vincent : 514-285-0505